Recycler le polystyrène : mission impossible?

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Par Catherine Paquette pour GaïaPresse

Du polystyrène recyclé. Photo : Polystyvert

L’entreprise québécoise Polystyvert s’est donnée en 2013 une mission impossible : recycler le polystyrène, que l’industrie du recyclage croyait intraitable. Or, la startup s’annonce maintenant comme la première au monde à employer un procédé efficace et unique pour la transformation et la réutilisation du fameux plastique #6.  

Le concentrateur dans lequel est inséré le polystyrène. Photo : Polystyvert

C’est grâce à une huile essentielle que Polystyvert arrive à dissoudre ce plastique que l’on trouve dans les panneaux isolants, les barquettes des supermarchés, les gobelets de café. Le résultat est si probant que Polystyvert arrive à le transformer en de nouvelles pastilles, qu’elle revend sur le marché. Polystyvert est pour l’instant en mesure de recycler 125 kg de polystyrène par heure dans son usine de démonstration située à Anjou.

« En quelques secondes, le polystyrène
expansé se dissout au contact de l’huile essentielle et le
polystyrène recyclé obtenu peut être réutilisé pour la fabrication de nouveaux
produits (panneaux d’isolation, emballage, etc.). L’huile essentielle est
également récupérée pour une nouvelle utilisation (dissolution), répondant
ainsi au principe d’économie circulaire », explique Claire Holzer, gestionnaire
de projets pour l’entreprise, qui a été fondée par la diplômée en gestion
Solenne Brouard Gaillot.

Polystyvert est présentement en
instance de brevet pour ce procédé qui a fait beaucoup parler de lui durant la
dernière année. En effet, son système de purification par l’huile essentielle
permet de retirer les les particules fines et
les contaminants en solution ou en suspension comme l’encre, les pigments, et
différents types d’additifs.

Par le passé, une compagnie
japonaise avait développé une méthode de recyclage par dissolution, mais cette
technologie avait rencontré des difficultés et l’usine avait finalement fermé.

Les nouvelles pastilles produites
au Québec sont revendues en majorité à une entreprise qui fabrique des panneaux
d’isolation. Mais Polystyvert souhaite à long terme voir la diffusion de ce
procédé via son système de licence. « Nous fournissons une technologie de
recyclage de polystyrène, reproductible à travers le monde. Nos cibles sont des
fabricants de résine de polystyrène ou de produits en polystyrène », poursuit Mme
Holzer.

La commercialisation de ce
procédé par Polystyvert pourrait avoir un grand impact pour l’industrie du
recyclage. L’entreprise a par ailleurs remporté en novembre le prix EnviroLys
du Conseil des technologies environnementales dans la catégorie Innovation et
protection de l’environnement.

Solenne Brouard Gaillot, diplômée en gestion, a fondé l’entreprise en 2011 avec une équipe qui est toujours à la recherche de nouveaux procédés, dans son usine de la rue de l’Innovation, à Anjou. Ses partenaires d’affaires sont le chimiste Roland Côté, l’ingénieur Jon Caplan et de Marianne Lépinoit, directrice des finances de l’entreprise.

Polystyvert a récemment conclu une entente de collaboration avec Total Polymer, une filiale de Total qui vise spécifiquement la dissolution et le recyclage polystyrène domestique post-consommation, afin de propulser le développement de cette technologie à grande échelle.

L’entreprise a aussi reçu du financement de Investissements Quadriam, Energy Foundry, Transition énergétique Québec, Anges Québec, Anges Québec Capital, Cycle Capital Management, Technologies du développement durable Canada et de l’Accélérateur Ecofuel.

Selon l’entreprise, le Québec génère près de 92 000 tonnes de déchet de polystyrène
par année.

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