Par Anny Schneider
Auteure, herboriste et écologiste locale
Après 30 ans de litiges entre les héritiers Miner au sujet de la vente de leur domaine de 500 acres, le boisé Miner revient enfin officiellement à la collectivité de Granby!
Après une dizaine de procès, d’offres et de contre offres, et trois conseils municipaux plus tard, le maire Goulet, un rare élu visionnaire, dépose une proposition d’achat en même temps qu’une firme Immobilière de Montréal (Colliers) qui offre le double : soit 14 millions. Le 13 octobre 2006 le juge Bellavance (qui nous fait une belle avance…), accorde à la Ville la priorité d’achat.
Un rappel des faits. Début mars 2007, un groupe de citoyens soi-disant responsables (développeurs immobiliers, propriétaire de terrain de golf, politiciens ambitieux, retraités inquiets pour les taxes) s’organisent pour remplir un registre et exiger un référendum qui va coûter 500 000 dollars à la municipalité.
Rien n’est négligé de leur côté, en matière de propagande et on se questionne sur leurs réels intérêts : capsules à la radio, pleines pages dans les journaux, pancartes devant les résidences, lettre à chaque domicile. Résultat : autour du 20 mars, les sondages prédisent 57% pour le NON.
Mi-mars 2007 : Le maire fait une tournée informative dans toutes les écoles avec un show multi-média très éloquent de deux heures avec des spécialistes, suivi de périodes de questions parfois très houleuses, montrant la force des enjeux, l’intérêt des citoyens et la virulence des antagonistes.
La candidate de Québec Solidaire, le seul parti qui se prononce pour le OUI, (à part, très timidement, les Verts… très pâles ici), lance sa campagne électorale à l’entrée du bois Miner. À la suite de ce positionnement, la candidate et l’auteure de ce rapport reçoivent des menaces téléphoniques graves, si nous ne nous “fermons pas la trappe”. Nous assistons à tous les débats et intervenons de diverses manières, en faveur de l’achat et de la protection de la forêt, bien sûr !
La semaine avant le référendum, les pros du projet se lèvent les uns après les autres : aînés, anciens élus, écologistes, gens du milieu communautaire, étudiants, tous veulent garder leur forêt au prix de 30$ par maison par an, quelle aubaine! Annonces, conférences de presse et déclarations positives publiques se succèdent.
Quatre jours avant le vote, quatre jeunes mères de familles décident, en dernier recours, d’organiser une manifestation pour le oui et elles réussissent à rallier des gens de toute obédience pour mettre la main à la pâte. Grâce à nos contacts et à Internet, le 31 mars, veille du vote, par un beau samedi ensoleillé, nous réussissons à rassembler 1200 personnes, dans une grande manifestation colorée et joyeuse, où se joignent le maire, des élus et même la seule héritière du domaine qui vit encore ici. Quelle belle journée ce fut!
Le dimanche 1er avril à 21 heures, les résultats tombent: 65% des citoyens sont d’accords pour acheter cette unique forêt centenaire et ainsi la protéger pour au moins cent ans. Victoire et joie immense ! Une fois de plus : l’unité, la détermination et une bonne stratégie citoyenne, même élaborée à la dernière minute, ont fait la preuve qu’on peut faire basculer une cause apparemment perdue pour une victoire éloquente, à condition d’y mettre du coeur, du temps et de l’énergie et plusieurs individus convaincants, bien évidemment!
Par Anny Schneider
Auteure, herboriste et écologiste locale
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