Effluents toxiques : le Canada peut-il se permettre la négligence?

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Par Stéphanie Jobin
Étudiante en musique au collège d’Alma



Alors que des peuples entiers souffrent du manque d’eau, le Canada permet, en toute connaissance de cause, à des industries de polluer des lacs naturels. En effet, en vertu du règlement sur les effluents des mines de métaux (1), le gouvernement fédéral accorde à des industries l’autorisation de déverser des produits toxiques dans des lacs qu’il a octroyé  à celles-ci. Adopté en 2002, ce règlement contourne la loi sur les pêches qui indique que l’on ne peut jeter de déchets dans les cours d’eau (2).

Le Nouveau Parti Démocratique, qui est contre cet usage des lacs naturels par le gouvernement, a indiqué que quatre lacs naturels canadiens avaient été transformés en dépotoir de résidus miniers toxiques depuis 2002, et que ce nombre pourrait quadrupler dans la prochaine année (3). De fait, le gouvernement continue, malgré les critiques fusant de toutes parts, d’octroyer les cours d’eau à des fins de bassins toxiques. En effet, il est dans les projets « d’élargir la portée du REMM (règlement sur les effluents des mines de métaux) pour qu’il englobe les usines d’hydrométallurgie et ajouter à l’annexe 2 un DRM (dépôt de résidus miniers) proposé par l’usine de Nickel commercial de Voisey’s Bay à Long Harbour (T.-N.) » (4). Ainsi du mercure, de l’arsenic et de l’acide sulfurique peuvent être déversés légalement dans l’eau.

Notons cependant que les rejets de ces mines sont sujets à une réglementation et doivent êtres analysés par l’industrie quatre fois au cours d’une année. Toutefois, malgré cette réglementation, l’eau de ces bassins est  désormais impropre à la consommation et à la vie saine des espèces végétales et animales. Les cours d’eau qui sont transformés ainsi dans leur nature même ne redeviendront probablement jamais sains, et puisqu’il est dans les projets d’agrandir ce phénomène, il faut se demander jusqu’où cette pollution pourra s’étendre. À l’heure actuelle, heureusement, aucun cours d’eau n’a été transformé ainsi au Québec.

Privatisation des ressources

Il est de mise de comprendre que le gouvernement, en faisant don de cette ressource, privatise celle-ci au profit des industries. Dans le cadre actuel du débat sur la privatisation de la ressource eau, il est important de comprendre l’enjeu que cette autorisation soulève. Dans un rapport d’Environnement Canada, dont le Conseil des Canadiens a obtenu une copie, le ministère « souligne la consommation non durable de l’eau dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture », (…) il « met également en valeur le mythe de l’abondance d’eau douce au Canada, en rappelant que seulement 1 % de la réserve d’eau totale du Canada est renouvelée chaque année » (5). Cela signifie en somme que si nous continuons à utiliser ce procédé, il se pourrait que dans fort peu de temps, le Canada vive une crise de l’eau douce malgré les immenses ressources dont le pays recèle.

Si vous trouvez aberrant ce règlement, vous pouvez mentionner votre opinion au gouvernement du Canada et à l’association minière du Canada en cliquant ici.



Par Stéphanie Jobin
Étudiante en musique au collège d’Alma


Je suis depuis longtemps préoccupé par le sort de notre environnement et par sa sauvegarde active mais ce n’est que tout récemment que j’ai pris conscience de l’impact véritable de mes gestes concrets.  En effet, pendant les élections fédérales il y a eu un véritable consensus, que j’ai appuyé par des écrits, pour faire admettre le Parti Vert au débat des chefs. Cette victoire démocratique est un bon exemple des gestes simples que l’on peut faire pour changer les choses.

 


Sources :
(1) Règlement sur les effluents des mines de métaux, Ministère de la Justice du Canada
(2) Loi sur les pêches, prévention de la pollution, article 60, paragraphes 2, 3 et 4

(3) Des lacs transformés en dépotoir, La Presse, Philipe Orfali

(4) Règlement sur les effluents des mines de métaux, Association minière du Canada, Faits nouveaux, paragraphe 2

(5) Un rapport non publié du gouvernement sur la crise de l’eau au Canada, Le conseil des Canadiens
 
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