Spécial élections québécoises 2008 – Le Québec, un modèle dans la lutte aux changements climatiques?

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Par François Décary-Gilardeau
Chaire de Responsabilité Sociale et Développement Durable, UQAM

 

Lors d’une tribune téléphonique à la Première Chaîne de Radio-Canada, le lundi 17 novembre dernier, le candidat libéral Pierre Moreau affirmait que le Québec serait « le seul État en Amérique du Nord qui va atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto ». Cette affirmation est erronée ou pour le moins trompeuse. Non, le Québec n’atteindra pas les objectifs du Protocole de Kyoto, pas plus que le Canada d’ailleurs, qui fait bien piètre figure.

En fait, depuis le 1er janvier 2008, nous sommes officiellement dans la période d’engagement du protocole de Kyoto. Durant cinq ans, les États devront mesurer leurs propres émissions de gaz à effet de serre, et la moyenne de ces années servira à établir si un État a rempli ses engagements. Donc, à strictement parler, le Québec ne respectera pas Kyoto, tout au plus il pourrait atteindre en 2012 la cible de 6 % de réduction par rapport aux niveaux de 1990, mais de nombreux observateurs émettent des doutes face à cette éventualité.

Il est également intéressant de ventiler les chiffres pour mesurer le véritable effort des Québécois et de leur gouvernement. Si l’on regarde du côté du transport, on se rend compte que de 1990 à 2006 (dernier inventaire disponible), les émissions reliées au transport routier ont progressé de près de 34 %. À lui seul, le transport routier contribue maintenant autant que l’ensemble des industries du Québecau réchauffement climatique, alors qu’en 1990, les émissions de ce secteur équivalaient aux deux tiers des émissions de l’industrie.

Dans le contexte de la présente campagne électorale, placée sous le signe de l’économie, et avec en filigrane l’environnement et la santé, la question des changements climatiques doit ressurgir comme une priorité. Pourquoi? Car prendre en compte l’environnement ou plus spécifiquement la lutte aux changements climatiques, c’est regarder en avant. La crise financière, qui est soi-disant le prétexte de cette campagne, doit être vue comme une opportunité pour rebondir et orienter nos sociétés vers l’économie du 21e siècle.

Similairement, alors que les gouvernements provinciaux et fédéraux s’entendent pour stimuler l’économie avec des mesures keynésiennes d’investissement dans les infrastructures publiques, il importe de le faire dans les structures du futur et non pas seulement dans des ponts, viaducs et échangeurs qui favoriseront avant tout le transport individuel. Le Québec est prêt pour un grand chantier stimulant l’offre des transports en commun, voire des chantiers visant à stimuler les voitures du futur à propulsion électrique.

En effet, le véritable effort pour atteindre, voire dépasser les objectifs de Kyoto doit se faire en ayant en tête le très long terme et en favorisant le transport et l’urbanisme du futur et non pas celui du passé. La vraie contribution des Québécois proviendra d’un changement de comportement pour des habitudes plus écologiques. Évidemment, ces changements ne seront possibles que si les services sont disponibles et conviviaux. En plus d’être bon pour le Québec, ce serait faire preuve de responsabilité face au monde qui se retrouve face à un enjeu de taille qui affectera la qualité de vie des générations présentes et futures, soit les changements climatiques.

François Décary-Gilardeau sera membre de la Délégation de la Jeunesse Canadienne qui participera à la prochaine Conférence des Parties qui aura lieu à Poznan dans le but de préparer les suites à donner au Protocole de Kyoto. Pour plus d’information sur la DJC, consultez le site Internet.



Par François Décary-Gilardeau
Chaire de Responsabilité Sociale et Développement Durable, UQAM


François Décary-Gilardeau poursuit présentement des études de cycles supérieurs à l’Université du Québec à Montréal au sein de l’Institut des Sciences de l’Environnement. Depuis plus d’un an, travaille pour la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’UQAM. Ses intérêts portent principalement sur la responsabilité sociale des entreprises, le développement durable, et les nouveaux mouvements sociaux. Trilingue, ses études l’ont mené au Mexique et aux États-Unis.

 

 


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