Copenhague 2009 – La CSN sur le sentier menant à Copenhague

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Par Isabelle Ménard,
Conseillère syndicale responsable de l’environnement au Service des relations du travail de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)


 

Mots-clés : Emplois verts et décents, écologiser les emplois, Confédération des syndicats nationaux (CSN), Confédération syndicale internationale (CSI), International trade union confederation (ITUC), transition juste.

La vocation initiale des syndicats est de veiller à la défense et au maintien des conditions des travailleurs. Quoique tardivement pour certains, au fur et à mesure que les questions environnementales ont pris de l’importance dans la société, le mouvement syndical s’est intéressé progressivement à ces enjeux. La Confédération des syndicats nationaux (CSN) se préoccupe, entre autres, des changements climatiques. Car en plus d’agir sur notre environnement, ils affecteront à divers égards l’emploi et le marché du travail.

La CSN est invitée à Copenhague par la Confédération internationale syndicale (CSI) et par l’International Trade Union Confederation (ITUC) pour discuter et proposer des actions concrètes qui pourraient être intégrées lors de la négociation de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Nous sommes également invités à participer au Pavillon WoW (Pavillon World of Work).

Rappelons qu’une proportion importante, environ 75 %, des émissions de gaz à effet de serre (GES) provient du monde du travail comme l’industrie manufacturière, la production et l’approvisionnement énergétique, le transport, la construction et l’agriculture. Ce fait nous amène à réaliser que les travailleurs sont une force vive de changement et présentent un potentiel peu exploré ou reconnu. 

 

Les syndicats et les changements climatiques

En 2007, le Conseil général de la CSI a fondé le Groupe de travail syndical (Union Task Force) pour que les syndicats se préoccupent des conditions de travail (emploi, revenus, migration, avantages sociaux, etc) en relation avec les changements climatiques. Les syndicats désirent donc élargir le débat et analyser les conséquences économiques et sociales d’une économie faible en carbone ou une économie dite « verte ». Le transfert vers une économie faible en carbone ne peut se faire sans une transition juste.

Car les enjeux environnementaux sont étroitement liés aux enjeux sociaux. Quelles sont les modalités d’une transition juste? La CSI appelle à la justice sociale, essentielle pour établir un consensus large et pour intégrer les besoins sociaux au sein des politiques climatiques.

 

Vers une transition juste

La CSI résume ainsi les six éléments d’une transition juste :

  • la création de vraies perspectives vertes : d’importants plans d’investissement devront être établis pour développer une politique durable à long terme, en vue de maintenir et créer des emplois décents et « verts », en vue en fait « d’écologiser » les lieux de travail, de développer et de déployer la technologie nécessaire à cette écologisation;
  • des bases saines : la recherche et l’évaluation précoce des impacts sur la société et l’emploi sont essentiels pour mieux se préparer au changement;

  • les gouvernements se doivent de consulter et d’encourager la participation officielle et institutionnelle des syndicats, des employeurs, des communautés et tout autre groupe affecté par cette transformation;
  • former les travailleurs à accepter le futur : des changements institutionnels requièrent la formation des travailleurs pour leur permettre d’utiliser les technologies propres;

  • il est aussi question de protection des travailleurs. La vulnérabilité peut être source de réticence pour le soutien au changement. Les programmes de protection sociale, y compris les politiques actives du marché de l’emploi, sont essentiels pour assurer une transition juste;

  • à chacun sa particularité, soit pas de plan unique : chaque région et chaque communauté à risque devra se munir d’un plan de diversification économique.

Tiré du document de l’ITUC : « Mouvement syndical et changement climatiqueUne transition juste : un cheminement équitable pour protéger le climat »

 

Participer au changement des comportements

Au Québec, la recherche sur les relations entre les changements climatiques et l’emploi, le marché du travail et les travailleurs est encore au stade embryonnaire. Pourtant, le gouvernement du Québec s’est doté d’un plan d’action sur les changements climatiques 2006–2012 ainsi qu’une cible de réduction ambitieuse de 20 % et plus de réduction des GES du seuil de 1990 pour 2020.

Face à ces enjeux, le monde du travail devra forcément s’ajuster et nous, individus autant que syndicats, nous devrons changer nos comportements personnels et collectifs. Rappelons qu’au Québec, le transport émet à lui seul 40% des émissions de gaz à effet de serre. Que pouvons-nous faire pour modifier cette donnée?

Enfin, plusieurs groupes militants du Québec seront présents à Copenhague. Si certains se questionnent sur la portée de l’entente qui sera signée en décembre, tous les espoirs sont permis pour sensibiliser l’humanité au problème de GES et de pollution pour ouvrir la voie à une négociation permanente et à une sensibilisation planétaire.

Les syndicats seront du nombre de ceux et celles qui soutiendront cette transformation.

Tout au long de la 15e Conférence des Parties, Isabelle Ménard rendra compte des discussions entre les syndicats afin de soutenir l’adoption d’actions politiques en faveur d’un après-Kyoto.

 

Pour en connaître davantage sur les enjeux des changements climatiques et des emplois :

 


Par Isabelle Ménard,
Conseillère syndicale responsable de l’environnement
au Service des relations du travail de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Isabelle Ménard a complété un baccalauréat en biologie à l’Université du Québec à Montréal, une maîtrise en sciences spécialisées en écologie des eaux douces à l’Université de Montréal, un diplôme en toxicologie de l’environnement à l’Université de Concordia et une certification en évaluation environnementale de site pour la contamination des sols à l’Université de Sherbrooke. Elle a occupé, pendant 7 ans, des postes de biologiste de terrain pour diverses entreprises et pour des projets spécialisés d’écologie aquatique et d’études d’impacts. Madame Ménard a, par la suite, travaillé durant 6 années en gestion des matières résiduelles en milieu urbain : deux ans au département d’environnement d’une papetière et 4 ans en évaluation de la contamination des sols pour des institutions financières.

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