Opinion – Énergie Nouveau-Brunswick : du sable dans l’engrenage

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Par Philippe Giroul


 

Les Québécois, en dormance totale, sont en train de se faire passer un gros sapin en étant maintenus dans l’ignorance de toute cette affaire dite commerciale.

Le pire dans ce dossier controversé d’achat d’Énergie Nouveau-Brunswick par Hydro-Québec, c’est le projet d’acquérir la vieille centrale nucléaire de Pointe Lepreau qui n’est qu’un vieux bazou qu’on est en train de revamper à coûts de plusieurs milliards avec des retards incontrôlables et cela sans être certain qu’elle fonctionnera le temps prévu (25 ans). En effet, 4 centrales nucléaires Candu en Ontario qui ont subi le même traitement n’ont fonctionné que 7 ans en moyenne. De plus, la réfection de cette centrale nucléaire à la technologie dépassée se fait selon les anciennes normes de sécurité d’avant juin 2008 et ne tient pas compte des 16 problèmes techniques non résolus à cette date, dévoilés par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). Pourquoi y aurait-il un miracle à Pointe Lepreau?

Dans cette prétendue aubaine de 1,4 milliard patentée par les nucléocrates d’Hydro-Québec et avec l’aval du gouvernement libéral, il y a un aspect que personne ne semble prendre en considération dans la décision d’acquérir ou non la centrale nucléaire de Pointe Lepreau, c’est-à-dire les 5000 tonnes de déchets de combustibles irradiés qui s’ajouteront en bonus à cette transaction. Coût de gestion de ce cadeau empoisonné : 5 milliards de dettes que les générations futures devront assumer à perpétuité. Cette évaluation exclut d’ailleurs tous les autres déchets radioactifs résultant des activités d’opération de réfection et de déclassement du site nucléaire à la fin de sa vie utile.  Magnifique legs intergénérationnel!

Au Nouveau-Brunswick, les citoyens ont la chance de pouvoir être informés adéquatement sur cette affaire car on leur donne un délai pour un débat public. Ici au Québec, malgré un avis en ce sens du BAPE 2005, aucun débat public n’est en vue ; c’est le silence total devant ce manque de transparence du gouvernement. Même l’opposition officielle reste très timide dans ce dossier, démontrant même une certaine incohérence inquiétante quand on sait sa position du 11 décembre où elle s’est déclarée contre le projet de reconstruction de Gentilly-2.

La semaine dernière, l’Ontario a décidé de mettre au rancart les 4 réacteurs Candu à son site nucléaire de Pickering B. Au Vermont, c’est le même scénario avec leur seul réacteur nucléaire. Au Québec, H-Q et notre gouvernement persistent à maintenir leur mauvaise orientation d’acquérir le réacteur nucléaire de Pointe Lepreau, les deux mains sur le volant et avec des grandes œillères en voulant gaspiller des milliards pour satisfaire le lobby nucléaire.

Il est temps de se réveiller et demander des comptes au gouvernement avant qu’il ne nous précipite à nouveau dans un gouffre financier inadmissible comme cela s’est passé avec la caisse de dépôt. Notre dette en pourcentage du PIB étant la cinquième plus élevée au monde et la première au Canada, ce n’est vraiment pas le temps de s’endetter davantage en voulant acquérir Pointe Lepreau. On n’a pas besoin de ces investissements gaspillés dans le nucléaire. Il vaudrait mieux les rediriger dans des énergies plus rentables et socialement acceptables afin de dynamiser et moderniser les secteurs de la conservation énergétique, de l’efficacité énergétique et de la production d’énergies renouvelables et décentralisées. Cela vivifierait une économie plus saine et créatrice d’emplois sur l’ensemble du territoire Québécois.

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