Aller à l’épicerie avec une nutritionniste… Petit manuel de l’alimentation saine

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Par Chantal Gailloux


Oméga-9, glucose-fructose, sel, huile non hydrogénée, glutamate monosodique : pas facile de savoir ce qui se retrouve dans notre assiette. Sandrine Mossiat, journaliste culinaire et sociologue, croit que manger bio « empêcherait nos enfants d’être gros, bêtes et méchants ».

Au-delà de la boutade qu’émet ce postulat, 70 000 nouvelles molécules ont été créées par l’industrie agroalimentaire depuis l’après-guerre, selon le Collège Européen de Nutrition et de Nutrithérapie (CERDEN). Rendre plus alléchants et mieux préserver ces produits tout-en-un qui facilitent nos vies effrénées, tel est le mandat de ces molécules.

« Il faut se méfier par principe de précaution », dit-elle en pointant du doigt l’obésité, les cancers et toutes ces maladies dégénératives qu’elle appelle « les maladies du siècle ». De fait, cette journaliste, qui ne cache pas son militantisme, fait partie du lot de scientifiques qui se bat contre l’immense lobby agroalimentaire et soupçonne ces nouvelles molécules d’être responsables de l’expansion de ces « maladies du siècle ».

Dans le cadre du festival Goûter Bruxelles mettant à l’honneur le slow food, un public composé principalement de jeunes mères écoutait attentivement la journaliste de l’émission « On n’est pas des anges », sur la radio publique belge, la RTBF, présenter son postulat.

 

De Bruxelles à Amsterdam, en passant par Montréal, l’alimentation devient événementielle! Alors que se tenait fin septembre le festival Goûter Bruxelles où était mis à l’honneur le slow food par des ateliers de dégustation et d’apprentissage, par un colloque sur la restauration durable et dans une cinquantaine de restaurants bruxellois, c’est au tour de Montréal d’accueillir, vendredi après-midi 15 octobre, un Colloque sur l’alimentation, l’environnement et la santé. (Détails)

 

Comment l’alimentation bio empêche-t-elle nos enfants d’être bêtes, gros et méchants

Le principe de base : toujours lire la liste des ingrédients. Plus elle sera courte et simple, plus l’aliment est sain, dit-elle. Quittant le restaurant bio du quartier bruxellois de Saint-Gilles, Sandrine Mossiat s’est prêtée au jeu de GaïaPresse et s’est rendue, sous l’iris d’une caméra, dans deux épiceries de quartier pour scruter l’étiquette d’ingrédients de plusieurs produits, qu’ils soient biologiques ou non.

 

La liste noire des ingrédients

Rendez-vous chez M. Cambier, un vieil épicier de 86 ans qui ouvre sept jours par semaine les portes de l’épicerie située à deux pas de la résidence de la journaliste, à Forêt, dans le sud de Bruxelles. Dans ce petit magasin d’alimentation surchargé de boîtes et de conserves ordonnées du plancher jusqu’au plafond, Sandrine Mossiat inspecte la liste des ingrédients de ces produits communs et non bios. Dans la capsule vidéo qui suit, elle pointe et relève les ingrédients qu’il faut absolument éviter; du lot, retenons le glutamate monosodique, les huiles végétales hydrogénées, comme l’huile de palme, et les intrus superflus, comme le sucre dans les charcuteries.

 

La lecture des produits non bio

La balade à l’épicerie de M. Cambier se poursuit. La journaliste, qui est de formation sociologue, s’attarde à l’inspection de produits spécifiques, soit une boîte de biscuits déjeuner, une boîte de sardines, des toasts pour canapés et une boîte de sauce crémeuse pour vol-au-vent. Et surprise! Les sardines sont un très bon choix puisque les ingrédients demeurent basiques : sardines, huile, sel. Par ailleurs, la journaliste culinaire affirme qu’il est préférable de privilégier les légumes congelés aux conserves de légumes, puisque les premiers seront sans conservateur ajouté.

 

Y a-t-il une différence entre la liste d’ingrédients des produits non bio et bio?

Cette première visite terminée, Sandrine Mossiat amène GaïaPresse à trois coins de rue plus loin, chez un épicier d’aliments bio. La règle d’or, elle le répète, consiste en une courte liste d’ingrédients identifiables. Bien qu’un produit non bio puisse certainement être sain et que la certification bio ne soit pas garante qu’un produit est bon pour la santé, il est clair et net que le consommateur se doit d’être averti.

 

La règle d’or : une courte liste d’ingrédients

 

Pour guider les consommateurs dans les méandres de la nutrition saine, une littérature s’écrit peu à peu… parfois, même en format de poche de manière à le traîner avec soi dans son sac jusqu’à l’épicerie.

> Le bon choix pour vos enfants – 6oo aliments analysés (2010), paru tout récemment à la fin septembre, plusieurs produits qui y sont analysés sont malheureusement des marques européennes. Ce guide a été écrit par Elvire Nérin et Véronique Molénat, deux journalistes scientifiques et diététiciens.

> Additifs alimentaires : Le guide alimentaire pour ne plus vous empoisonner (2006), écrit par l’auteure française, Corinne Gouget.

> Nutrition et bien-être mental, écrit par la psychiatre Veronica Van Der Speck, il y a un an.

 

De fait, l’alimentation connaît une poussée inégalée. Non seulement le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a dévoilé fin juillet son premier plan d’action pour le secteur biologique, mais un effort similaire est aussi formulé ailleurs, en France, par exemple, et jusqu’en Chine, même si leurs motivations sont d’abord économiques.

Au Québec, l’objectif est d’augmenter de 20 % la superficie des terres cultivées sans engrais ni pesticides, pour frôler les 50 000 hectares, mais aussi d’enregistrer une hausse de 26 % du nombre d’entreprises agricoles certifiées, pour dépasser les 1.300 producteurs bio.

En France, l’objectif fixé par le Grenelle de l’environnement il y a trois ans, en octobre 2007, était d’augmenter de 20 % les surfaces agricoles bios d’ici 2020. Ces conversions du mode de production vers le bio vont bon train puisque, de 2009 à 2010, selon un article du journal Le Monde paru le 27 septembre dernier, elles ont augmenté de 23,4 % et la barre des 20 000 producteurs biologiques français sera bientôt dépassée.

De même, en 2007, la Chine, qui a flairé le potentiel commercial de la production biologique, est devenue le premier producteur de fèves rouges et noires sur le marché européen. Pour ce faire, le pays possédait, en 2005, selon le WorldWatch Institute, quelque 978 000 hectares de terres certifiées, ou en voie d’être certifiées, soit une superficie juste un peu inférieure à la production états-uniennne.

Une offre qui pressent la bonne affaire, semble-t-il, même si les prix du bio sont nécessairement plus élevés pour compenser la baisse de rendement de 25 à 40 % des terres agricoles biologiques, une observation faite par un agriculteur français.

À titre comparatif, en France, un panier bio vendu dans une filiale d’épiceries est 57 % plus cher qu’un panier non bio de la même enseigne, mais 22 % plus cher qu’un panier rempli de produits non bios de marque.

 

Le bio, une liste bien souvent simple

À l’épicerie bio, Sandrine Mossiat scrute la liste d’ingrédients d’une pizza congelée, de charcuteries préemballées, de biscuits, de céréales pour enfants et d’un pot de compote de pommes. Il est d’ailleurs plutôt intéressant de comparer les ingrédients des biscuits bios et non bios…

 

La lecture des ingrédients du bio

Outre l’inspection des ingrédients souvent écrits en miniature, le consommateur averti doit aussi considérer l’emballage du produit en plus de rechercher son origine, son mode de culture ou d’élevage et les modes de transport utilisés au fil de la production. Et c’est sans parler des produits qu’il faudrait chercher à éviter, mais qui sont pourtant bien ancrés dans notre culture alimentaire, comme les produits laitiers et les viandes rouges qui émettent 150 fois plus de gaz à effet de serre que le poisson ou la volaille, selon une étude analytique du cycle des aliments menée par la chercheuse britannique Tara Garnett et publiée dans le WorldWatch Institute. « Ouf! », disent à l’unisson les consommateurs qui tentent d’apprivoiser tout ce vocabulaire. Toute comme la liste des ingrédients, la liste des critères pour choisir des alimentaires sains pour le corps et l’environnement tend elle aussi à s’allonger avec le temps…

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