Le génie conservateur

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Par François René de Cotret, pour L'Exemplaire


En utilisant l’analogie pétrolière pour parler de l’implication des nations présentes au Sommet de Cancún, Le Devoir a affirmé que « le Canada se [complaisait]tout au fond du baril ». Certes, les conservateurs ne font rien en faveur de l’environnement. Il ne faut toutefois pas croire qu’ils sont inactifs. Sans relâche, ils nuisent à la protection de l’environnement, et ce, sans même se préoccuper des intérêts des Canadiens et de leurs générations futures. De vrais génies de la modernité!

De fait, les préparatifs des conservateurs en vue de la 16e conférence internationale sur les changements climatiques sont le fruit d’un ingénieux travail d’acharnement.

Le 16 novembre, les sénateurs conservateurs (non élus, mais vigoureux par moment) ont défait un projet de loi de deuxième lecture adopté par la Chambre des communes, et ce, sans l’avoir étudié. Du jamais vu depuis les années 30. La nouvelle a fait le tour du G8 d’ailleurs.

Le texte de loi fixait un ambitieux objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 25 % d’ici 2020 (par rapport à 1990). Aux dires du premier ministre canadien, la décision du Sénat aurait « sauvé des millions de Canadiens du chômage ». Pour sa part, la loi déchue aurait permis au Canada de présenter, à Cancún, un projet concret contre le réchauffement climatique. C’est selon.

Au même moment que les conservateurs réécrivaient l’histoire au Sénat, Harper renommait le controversé John Baird au poste de ministre de l’Environnement. Les vents dominants des magouilles politiques canadiennes entremêlées aux polluants atmosphériques se rendent très certainement jusqu’au Mexique. Il faut un ministre de l’Environnement habitué à tous ces relents.

En 2008, alors que Baird occupait ce poste pour la première fois, il a affirmé que le Canada avait le meilleur plan de lutte contre les changements climatiques «au monde», rien de moins. C’était à la même époque que les trois partis d’opposition et les regroupements écologistes canadiens demandaient sa démission. À l’aube du Sommet de Cancún, les environnementalistes l’ont invité à « rester à la maison » plutôt que de nuire aux discussions, en vain.

Autre magouille ingénieuse de la cuvée 2010. Le principal programme fédéral pour le développement des énergies renouvelables, ecoENERGIE, ne reçoit plus de financement depuis le dernier budget conservateur. Malgré les protestations des environnementalistes, aucun tollé n’a été signalé.

Il aurait été légitime que le Canada se soulève. En guise de comparaison, les États-Unis – l’un des moutons noirs en matière de protection environnementale et l’un des pays les plus touchés par la crise économique – ont investi per capita 14 fois plus que le Canada en 2009-2010 dans les énergies renouvelables.

Il y a eu d’autres bonnes cuvées. En 2006, le gouvernement Harper a déposé la Loi sur la qualité de l’air, la « composante maîtresse » du plan environnemental des conservateurs. Or, cette loi n’exigeait rien de concret avant 2010 pour le smog et rien avant 2020 pour les GES.

Plus, ce plan exempte le secteur des sables bitumineux en ce qui a trait à deux polluants à l’origine du smog. Les conservateurs ont, encore une fois, montré de quoi ils étaient capables en défendant avec brio l’industrie pétrolière au détriment de l’environnement.

Au Sommet de Copenhague en 2009, le Canada, surpassant tous les autres pollueurs, a remporté un prix Fossile pour une troisième année consécutive. Le comité de sélection, plus de 400 organismes non gouvernementaux, a affirmé que le pays du G8 est « reconnu et craint pour son inébranlable engagement à ne rien faire ».

Laxiste en matière d’environnement, le Canada? Au contraire!

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