Par Philippe Bourke,
Directeur général du Regroupement des conseils régionaux de l'environnement (RNCREQ)
Mots-clés : pétrole, prix du pétrole, énergie, Rendez-vous de l'énergie, changements climatiques, transport, gaz de schiste.
Eh oui, vous avez bien lu! Je trouve ça scandaleux. Nous prenons quelques jours de repos bien mérités pour le temps des Fêtes et au retour, paf! Ils en profitent pour augmenter le prix de l’essence vers un nouveau sommet. Quel culot!
Blague à part, ce qui est scandaleux en ce moment, c’est que ce nouveau sommet a été atteint dans une indifférence quasi totale. Après le choc de juillet 2008, où le prix du litre d’essence a atteint 1,50 $, on dirait que plus rien ne nous indigne. Il faudra sans doute attendre que ce sommet historique soit dépassé pour que les Québécois crient de nouveau à l’injustice. Pour le moment, nous nous sommes rendormis calmement, bercés par l’illusion que ces hausses subites ne sont que des épisodes passagers. Nous préférons croire que l’essence sera toujours disponible et à bon marché. C’est réconfortant non? Résultat : les Québécois continuent de se procurer des véhicules énergivores, le parc automobile augmente sans cesse, les gouvernements dépensent des milliards chaque année pour accroître la capacité des réseaux routiers pendant que l’étalement urbain poursuit sa progression [1]. Voilà une belle façon de préparer le Québec de demain, non?
Un autre constat intéressant, c’est à quel point il semble difficile pour les leaders d’opinion et les médias de nous éclairer convenablement sur ce type d’enjeux globaux. Bien sûr, ils traitent de tous ces sujets, mais presque toujours de manière sporadique, en surface, sans vision intégrée, sans fil conducteur. Un jour, on nous parle de l’augmentation du prix du pétrole, sans chercher d’explication plus loin que les écarts de prix à la bourse de New York. Le lendemain, on traite de la congestion routière, le surlendemain de l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé. Puis, ce sont ensuite les gaz de schiste et le jour suivant les catastrophes naturelles liées aux changements climatiques. Rares sont les fois où une analyse approfondie de ces enjeux a permis de dégager des pistes de réflexion structurantes pour orienter nos choix de société.
Pour m’amuser un peu, j’ai fait un petit exercice d’intégration en tissant quelques liens entre certaines nouvelles qui ont fait la manchette durant le congé des Fêtes. Voyez ce que ça donne.
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La Gaspésie se relève des tempêtes successives (Journal Métro, 23 décembre) -
Le Canada a eu chaud en 2010 (Cyberpresse, 30 décembre)
C'est toujours hasardeux de faire des liens entre des événements météorologiques isolés et un phénomène global et instable comme les changements climatiques. Ces articles, pris ensemble, nous permettent toutefois d’illustrer le fait que le Québec compte des régions et des populations vulnérables, que l’inaction en matière de lutte aux GES coûte cher, et que les indices du réchauffement climatique sont bien réels.
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La santé, priorité des Québécois (Le Devoir, 28 décembre) - Nouvel avertissement de smog hivernal (Cyberpresse, 31 décembre)
En dépit des dépenses budgétaires colossales que nous faisons chaque année pour le financement des soins de santé, peu de gestes concrets sont posés pour réduire les problèmes à la source. Les liens de cause à effet sont pourtant clairs entre la pollution atmosphérique et la santé des Québécois, mais bien peu d’efforts y sont consentis.
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Les Québécois devront délier les cordons de leur bourse en 2011 (Le Devoir, 31 décembre) - Nouveau bond du prix de l'essence – Jusqu'où ira le prix à la pompe? (Le Devoir, 31 décembre)
Dans le premier texte, on prévient les Québécois de se préparer à payer 1 cent de plus de taxe sur l’essence en 2011 alors que dans le second, on souligne que le prix à la pompe a bondi de 18 cents au cours de la dernière année seulement!
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Pétrole – Le chef économiste de l'AIE inquiet du niveau des cours (Reuters, 5 janvier) - Les prix des aliments à un sommet historique (Cyberpresse, 6 janvier)
- Le panier d’épicerie coûtera plus cher (24 h, 7 janvier)
Le pétrole est tellement indispensable au fonctionnement de notre économie qu’une augmentation de son prix a des effets immédiats sur l’ensemble des activités de la société. Une hausse des prix rend inévitablement les produits de consommation courants plus chers en raison des coûts de fabrication et de transport plus élevés.
Tous ces articles ont aussi en commun qu’ils traitent de sujets qui font partie des thématiques abordées par les Rendez-vous de l’énergie, confirmant la pertinence de notre action et de l’importance de la participation des acteurs de la société.Alors, puisque le début de l’année est aussi un moment pour exprimer nos souhaits, en voici quelques-uns :
- Que la démarche des Rendez-vous de l’énergie continue, en région, d’influencer la prise de conscience collective sur les choix énergétiques gagnants pour le Québec et qu’elle suscite plus d’attention des médias nationaux et des leaders d’opinion;
- Que le forum national des Rendez-vous de l’énergie, qui aura lieu au début juin, marque un tournant pour l’avenir du Québec;
- Que les acteurs clefs du secteur de l’environnement voient davantage la démarche des Rendez-vous de l’énergiecomme un puissant véhicule pour faire avancer leurs préoccupations en matière d’énergie.
