Projet pilote de gestion collective de la forêt au Lac-Saint-Jean

0

Par Myriam Gauthier


Mots-clés : Coopérative de solidarité forestière de la Rivière-aux-Saumons de La Doré, MRC du Domaine-du-Roy, forêt habitable, Université du Québec à Chicoutimi, Coopérative forestière de Girardville.

Le Nord du Lac-Saint-Jean accueille un des premiers projets de la province de gestion collective de l’aménagement forestier et démontre que la forêt boréale recèle des ressources alimentaires et cosmétiques à fort potentiel commercial.

La Coopérative de solidarité forestière de la Rivière-aux-Saumons de La Doré mène un projet pilote de gestion collective de la ressource forestière pour la MRC du Domaine-du-Roy. Les décisions prises sur le territoire du village de La Doré sont rendues par un comité composé de différents membres de la communauté qui est en constante relation avec les habitants.

 

Forêt habitable

Cette initiative, qui est un projet dit de « forêt habitable », vise à permettre aux citoyens de prendre en main la gestion de la forêt qui entoure leur village. La gestion était autrefois assurée par des organismes responsables d’une grande portion de territoire. « Les actions n’étaient pas posées en concertation avec toutes les personnes présentes sur le territoire, explique le directeur de la coopérative, Guy Martin. Ça entraînait alors des divergences d’opinions et parfois des confrontations. »

Guy Martin a partagé l’expérience de sa coopérative lors du colloque annuel de la Chaire en Éco-conseil intitulé « La forêt au-delà de la fibre » à l’Université du Québec à Chicoutimi, le 20 janvier dernier. L’événement, organisé par les étudiants du programme d’éco-conseil, présentedes applications du développement durable.

Les participants au colloque entourent une table
sur laquelle sont disposés des échantillons
d’épices boréales ainsi que des photos
de plantes étudiées par Fabien Girard.

Photo : Myriam Gauthier

 

Le directeur général de la Coopérative
de solidarité forestière explique le projet
de « forêt habitable » mis sur pied
à La Doré au Lac-Saint-Jean.

Photo : Myriam Gauthier

Projet de loi 57

Le projet s’inscrit dans les visées du projet de loi 57 sur l’aménagement durable du territoire forestier, qui a comme objectif de permettre une meilleure protection de la forêt et de favoriser le dialogue entre les différents groupes d’intérêt. En attendant l’entrée en vigueur de la loi en avril 2013, la coopérative a déposé son projet au ministère des Ressources naturelles l’été dernier. Elle opère une partie de son plan, mais attend une reconnaissance officielle pour obtenir davantage de fonds pour sa gestion.

La Coopérative de solidarité forestière assumera alors l’entière gestion des permis de pêche, de trappage, d’abris et de chasse en plus d’accorder des baux de villégiature. Les progrès se font déjà sentir à petite échelle au sein de la communauté. « Il y avait certains problèmes concernant le trappage. Les gens trappaient sans penser aux conséquences ou au nombre de bêtes capturées. Ils se disaient : "Si ce n’est pas moi qui capture ce castor, ce sera mon voisin qui le fera" », rapporte Guy Martin. Les trappeurs sont maintenant sensibilisés à l’épuisement de la ressource, se concertent et veillent à respecter leurs quotas. « On est moins individualistes », souligne-t-il.

Propriétés des plantes

Les plantes de la forêt boréale offrent des ressources alimentaires et cosmétiques insoupçonnées que le biologiste Fabien Girard a aussi fait connaître aux participants du colloque.

Des années de cueillette dans la forêt et de consultation des archives amérindiennes ont permis à Fabien Girard d’apprendre à utiliser plusieurs espèces de plantes. « La forêt est remplie de richesses qui ne sont pas exploitées, soutient le biologiste qui effectue ses recherches à la Coopérative forestière de Girardville dans le Haut du Lac-Saint-Jean. En fait, il faut savoir quelle partie de la plante utiliser et à quel moment de l’année la cueillir. »

La présence des composants actifs responsables des propriétés des plantes est plus élevée dans la région en raison du climat rigoureux. Les essences du thé du Labrador, par exemple, sont plus concentrées dans les espèces du nord que dans celles du sud, ce qui agit comme système de protection pour la plante.

Au début seul pour mener ses recherches, il est maintenant entouré d’une équipe d’une quarantaine de personnes qui travaillent de mai à novembre. L’équipe de la Coopérative forestière a développé la marque de produit « d’Origina » qui propose 21 épices issues de la forêt boréale ainsi que des produits cosmétiques. Les recherches respectent néanmoins la ressource en ne récoltant que les espèces de plantes communes.

Le biologiste Fabien Girard étudie les propriétés
des plantes de la forêt boréale pour en faire
découvrir les propriétés alimentaires et cosmétiques.

Photo : Myriam Gauthier

Partager.

Répondre