Réplique de Pierre Couture pour l'organisme Le Vent Tourne à la chronique « Pas dans ma cour »

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Pierre Couture,
pour LE VENT TOURNE.

Monsieur Cardinal,
je viens de lire votre texte d'aujourd'hui

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[hier] dans cyberpresse et j'avoue que la colère m'est montée au nez.

D'abord votre titre, une rengaine si éculée qu'elle ne sert plus guère qu'à masquer une pensée à courte vue. D'entrée de jeu, admettons que l'expression Pas dans ma cour est une mauvaise transposition de l'anglais; il vaudrait mieux quelque chose comme le NOMA, « n'importe où, mais ailleurs ». Toutefois, cela ne suffirait pas parce que cette accusation facile ne tient pas la route. Elle est généralement proférée par des gens bien à l'abri contre ce genre d'invasion, des gens qui ne viendraient d'ailleurs pas acheter de maison tout près des éoliennes et qui dresseraient le poing elles aussi si, d'aventure, notre cher gouvernement décidait d'installer une maison de transition ou un centre de désintoxication dans leur quartier.

Quant à l'Institut national de santé pulique du Québec (INSPQ), je crois que vous avez lu son rapport en diagonale ; en fait, ce texte affirme que les accousticiens ne voient pas de problème apparent, mais il ajoute que les accousticiens ne sont pas des professionnels de la santé et qu'ils sont mal placés pour juger des impacts sur la santé. Le document poursuit en disant que les effets sur la santé n'ont pas été étudiés systématiquement et qu'ils devraient l'être.

En fait, ce document date un peu : non pas de l'automne dernier, mais de 2009. Depuis, de nombreuses études ont été menées car un fait — aveuglant — frappe toute personne honnête : partout où les centrales éoliennes s'installent, elles déclenchent le même type de plaintes concernant les mêmes symptômes. On a beau tenir pour le complot mondial, il est difficile d'évacuer cette constatation. D'ailleurs, un médecin américain, la Dre Nina Pierpont a créé l'expression du « syndrome éolien » pour désigner cet ensemble. Et avant de crier à la fabulation, souvenez-vous qu'une quarantaine de médecins — des omnipraticiens et des spécialistes — ont signé un document attestant de la réalité du phénomène et demandant à Québec d'en tenir compte dans le positionnement des centrales. Le texte continue d'ailleurs de circuler et de recueillir des signatures supplémentaires.

Quant aux terres agricoles, vous les jugez de peu d'importance. Sachez que de tout l'immense territoire du Québec, seulement 2 % ou moins sont propres à l'agriculture. Sachez en outre que dans la région de Saint-Valentin et de Saint-Cyprien où les exploiteurs du vent veulent s'installer se trouvent les meilleures terres. Déjà, cela devrait vous arrêter net dans votre raisonnement. Mais si on poursuit, vous dites que 19 hectares ne valent pas la peine qu'on sourcille. Or, la superficie visée et détruite est beaucoup plus vaste. Vos 19 hectares ne concernent que la zone qui sera emplie de béton : les bases de ces machines auront un diamètre de 19 mètres et une profondeur de 4 mètres. De plus, ils ne concernent que le projet de Saint-Valentin et excluent celui de Saint-Cyprien. Ils excluent aussi les chemins d'accès, l'emprise du poste élévateur, les zones de stationnement et les zones d'entretien, sans compter l'emprise des fils électriques. Il est bien difficile de savoir exactement quelle superficie sera touchée réellement, car le promoteur n'a pas encore divulgué où il veut installer ses éoliennes (ce qui ne l'empêche pas, d'ailleurs, d'affirmer qu'il a consulté la population).

Il reste vos emplois supposément créés en Gaspésie. Admettant qu'ils existent, vous conviendrez que ce geste consiste à dépouiller Pierre pour habiller Paul. Au XXIe siècle, un tel geste n'a plus sa place. Par ailleurs, il faudrait pouvoir compter combien nous coûte chacun de ces emplois. Nous savons qu'Hydro-Québec dispose déjà d'énormes surplus d'électricité, surplus qu'elle juge s'étaler encore sur une bonne quinzaine d'années encore. Ces surplus sont tellement importants qu'elle paie 150 millions de dollars par année à la centrale thermique au gaz de Bécancour pour ne pas produire d'électricité. Par ailleurs, si les projets de Saint-Valentin et de Saint-Cyprien voient le jour, Hydro-Québec est condamnée non seulement à leur acheter de l'électricité dont elle n'a que faire, mais en plus à l'acheter à des prix près de trois fois le prix du marché. Pas besoin d'un nobel d'économie pour comprendre que ce gaspillage éhonté crée des emplois à des prix astronomiques. Il y a des moyens plus productifs et plus intelligents de procéder pour réduire le chômage et pour redresser l'économie d'une région. Mais bien sûr, qu'attendre d'un gouvernement qui nous a donné a saga du CHUM et la catastrophe des gaz de schiste?

Finalement, vous dites que les projets vont se faire sur des terres privées. C'est exact, quelques propriétaires terriens ont signé à la va-vite des contrats exorbitants dont plusieurs regrettent déja les clauses. Mais cela est leur problème. Toutefois, ils sont une petite poignée qui veut empoisonner une région entière. Peut-on les laisser faire? Toute la région, dressée derrière les maires de huit municipalités, dit non. Il me semble qu'une telle unanimité mérite mieux que votre dédain.

Pour plus de renseignements, vous pourrez consulter notre blogue : http://le-vent-tourne.blogspot.com/.
J'espère que vous trouverez le moyen de publier cette lettre.

Veuillez accepter mes salutations citoyennes.


Pierre Couture,
pour LE VENT TOURNE.

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