La porte d’entrée pour l’occupation étrangère du territoire québécois : l’éolien industriel

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Par le mouvement Terre citoyenne,


Mots-clés : territoire, occupation, Chine, France, Espagne, éolien

 

L’entrée de la France et de l’Espagne

Nous savions déjà que le grand gagnant du 2e appel d’offres d’Hydro-Québec pour l’implantation des centrales éoliennes au Québec était Électricité de France, un grand producteur nucléaire qui agira via sa filiale Énergies Nouvelles (EDF-EN). Elle opérait sous le couvert d’une compagnie créée spécifiquement pour l’éolien du Québec : St-Laurent Énergies, qui a remporté 984 des 2 000 MW prévus. Maintenant qu’elle a racheté ses associés du départ, EDF-En est la seule actionnaire de St-Laurent Énergies. 

L’Espagne s’est aussi installée dans nos Appalaches, via Enerfin, avec un projet de 100 MW étendus sur un large territoire en affectant plusieurs municipalités du Centre-du-Québec, tant celles qui sont dans la zone retenue pour le projet que celles qui y sont voisines.

En terme d’occupation du territoire,  ces projets couvrent non seulement des centaines d’hectares de terrain pour l’installation des éoliennes, la construction des chemins pour s’y rendre, la construction de centres d’interprétation et autres infrastructures, mais ils ont également pour conséquence d’accorder des droits fonciers sur le territoire du Québec. Il s’agit de droits superficiaires qui sont à l’usage exclusif des promoteurs éoliens. Ces droits paralysent l’exploitation de ces terres à toute autre fin pendant des décennies et même plus, car les contrats superficiaires sont renouvelables. Le propriétaire du terrain demeure propriétaire du tréfonds et en demeure responsable, mais perd à toutes fins pratiques l’usage de sa terre au profit du propriétaire superficiaire. 

 

L’entrée discrète de la Chine sur nos terres

Nous apprenions avec stupéfaction dans la semaine du 15 février 2011 que la Chine avait trouvé le moyen de venir s’implanter sur nos terres, discrètement, en voulant se porter acquéreur d’un projet éolien du premier appel d’offres appartenant à Cartier Énergie. Il s’agit du projet des Méchins en Gaspésie. Voici ce que rapporte Le Soleil :
 

 « Le plus grand fabricant chinois d'éoliennes démontre un intérêt pour la relance du parc éolien de 150 MW Les Méchins, dans la MRC de Matane, qui avait été abandonné l'an dernier par Cartier Énergie. Sinovel est disposé à produire la centaine d'éoliennes et à financer  l'ensemble du projet évalué à plus de 300 millions $, selon les informations obtenues par Le Soleil. »

 

Les citoyens sont très inquiets de voir débarquer la Chine sur nos terres considérant tout ce qu’ils ont appris récemment concernant l’intérêt des Chinois à acheter nos terres agricoles à des fins d’agriculture, mais pour le  bénéfice de leurs propres ressortissants.

 

L'Emprise du territoire


L’éolien semble bien anodin quand on regarde en l’air pour voir tourner les pales — quand elles tournent –, mais revêt une toute autre apparence quand on regarde à ses pieds l’emprise que cette industrie a sur notre territoire. Laisser entrer n’importe qui sur notre territoire pour faire des affaires et s’en tenir à des valeurs mobilières est une chose, mais les laisser prendre racine avec des droits fonciers sur nos terres en est une autre.

« Plusieurs pays avec une forte croissance démographique cherchent à acquérir des terres agricoles hors de leurs frontières, avec en toile de fond la crise aliment aire. Cette quête conduit notamment des entreprises chinoises à s'intéresser à des terres arables au Québec. »
RDI, en mars 2010


Dans les années 1970, la Commission Dorion avait pourtant fait le constat que l’intégrité du territoire tenait à peu de chose et quand on laissait notre territoire être occupé par d'autres, on risquait de le perdre aisément. Cette commission avait ainsi établi la raison de la perte du Labrador : nous l’avions laissé Terre Neuve prendre ce territoire. 

 

À Méchins

Les élus des Méchins font appel au gouvernement pour laisser la Chine racheter les droits de Cartier Énergie pour de piètres redevances. À la limite, laisser la France venir nous coloniser est un retour aux sources pour nous, mais nous laisser conquérir par la Chine est très inquiétant. Les citoyens souffrent déjà beaucoup avec le modèle d’appel d’offres qui permet à des multinationales d’utiliser tout leur arsenal d'appâts pour venir s’installer chez nous sans notre consentement, nous n’osons même pas imaginer ce que la Chine est en mesure de faire pour protéger et accroître son capital foncier au Québec. Comme la Chine est la seule puissance présentement à avoir l’argent nécessaire à acheter discrètement qui en a besoin, il est fort à craindre qu’avec son implantation au Québec via l’éolien nous ne laissions le loup entrer dans la bergerie. En plus de prendre le contrôle de l’éolien au Québec, qui empêchera la Chine de prendre le contrôle de nos terres agricoles?

Les citoyens du projet éolien des Moulins dans le Centre-du-Québec ont réalisé à quel point la Commission de protection du territoire agricole du Québec n’avait pas été mandaté de protéger le territoire agricole; son seul mandat est d’analyser les critères permettant de soustraire le territoire de la zone agricole. Pour la Commission, la volonté de la municipalité n’était qu’accessoire. Dès qu’un projet de développement économique était présenté, cela suffisait à dézoner la terre sans même avoir besoin de prouver quelque développement que ce soit. Le promettre suffit. Nous n’avons donc pas les outils au Québec pour protéger nos terres agricoles.

 

L’aide de Ressources naturelles Canada n’aura pas suffi

Lors du Congrès mondial de l’Énergie du 14 septembre 2010, le ministre Christian Paradis de Ressources naturelles Canada avait pourtant annoncé fièrement une subvention de 65 millions de dollars pour aider Cartier Énergie à compléter ses projets éoliens :

« L’énergie éolienne au Québec a reçu aujourd’hui un gros coup de pouce de la part du gouvernement du Canada. En effet, le ministre des Ressources naturelles, l’honorable Christian Paradis, a annoncé un investissement qui pourrait atteindre 65 millions de dollars au cours des dix prochaines années pour deux parcs éoliens en Gaspésie. Cet investissement substantiel du programme écoÉNERGIE pour l’électricité renouvelable aidera à appuyer les parcs éoliens de l’Anse-à-Valleau et de Carleton, propriétés de Cartier Énergie Éolienne inc. »    
 Le ministre Paradis


Conclusion

Ce n’est pas de redevances que les Gaspésiens ont besoin, pas plus que les autres régions du Québec, c’est de décentralisation, de capital et d’imputabilité. Quêter des subventions et des redevances n’a rien à voir avec du développement économique, c’est un montant d’argent liquide pour se rendre à la prochaine demande de subvention.

Le développement durable c’est autre chose. C’est un développement issu de la collectivité selon les besoins de la collectivité et pour le bénéfice de la collectivité. Laisser les autres venir exploiter ses ressources pour une pitance n’a jamais été du développement durable. Nous n’avons pas besoin de plus d’électricité au Québec. Nous avons besoin de dignité pour gérer nos propres affaires et en être responsables. Les régions sont devenues des mendiantes. Qui arrêtera ce syndrome?

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