Après la ruée vers l’or, la ruée vers le Nord – Le Nord, une bonne idée servie par un mauvais plan

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« Protéger et développer le Nord du Québec, c’est une bonne idée, mais elle est servie par un mauvais plan. Le Plan Nord, présenté aujourd’hui, privilégie l’exploitation effrénée, le temps d’une seule génération, de ressources pour la plupart non renouvelables », a déclaré Christian Simard, directeur général de Nature Québec. Selon Nature Québec, c’est davantage à une ruée vers le Nord à laquelle assisteront les Québécois au cours de prochaines années. Et ce, sans aucune garantie que les redevances obtenues compenseront les investissements publics dans les infrastructures de transport, ainsi que dans les coûts environnementaux et sociaux engendrés par une exploitation, non étalée correctement dans le temps, des ressources minérales et énergétiques du Nord.

Quant à l’engagement de conserver 50 % de ce vaste territoire, on apprend aujourd’hui que cet engagement sera en majeure partie conditionnel au développement industriel et qu’il ne dépassera guère 20 % au cours des 20 prochaines années…

 

Un plan pour une exploitation effrénée des ressources naturelles…

Pour Nature Québec, l’exploitation, pour une seule génération, de ressources non renouvelables, comme le minerai, doit être compensée par des revenus nets majeurs permettant de trouver des alternatives à l’utilisation de ces ressources et d’alimenter un Fonds des générations. En lieu et place, le gouvernement Charest maintient un système de redevances désuet, basé sur les profits (qu’il est possible de ramener à pratiquement zéro par différents crédits d’impôt), et utilisera les revenus pour payer les infrastructures utilisées par l’industrie. Et plutôt que d’instaurer un système de redevances basé sur la valeur brute et d’exiger une participation minimale des entreprises comme compensation de base, il investira 500 millions de dollars d’argent public dans l’achat d’actions. De plus, on ouvre le Nord sans avoir réformé la vieille Loi sur les mines. Celle-ci permet toujours d’exploiter une mine sans mettre en réserve les montants suffisants pour en assurer les travaux de restauration à la fin de sa vie utile…

La proposition de développement hydroélectrique de 3 500 mégawatts que le Plan présente signifie que le gouvernement veut exporter, plus au nord, les perturbations que connaissent le fleuve Saint-Laurent et la plupart des grandes rivières qu’on retrouvent au sud et dans le territoire de la Baie James, avec les conséquences qui commencent à se faire voir sur la conservation de la biodiversité et l’intégrité du milieu marin.

 

L’exploitation de la forêt : toujours plus au Nord !

Le Plan Nord ouvre aussi la porte à l’exploitation de la forêt boréale au nord du 51e parallèle, sans avoir créé au préalable de grandes aires protégées pour le caribou forestier et sans disposer d’une stratégie de conservation. Nature Québec considère qu’il y a tant à faire en foresterie écosystémique et en conservation au sud de cette limite, sans qu’il soit pertinent d’aller exploiter cette dernière ceinture de forêts primaires plus ou moins continue.

 

Ouvrir tout grand le territoire sans évaluation stratégique

Nature Québec déplore l’approche « client » retenu dans le Plan Nord pour l’ouverture du territoire nordique, une ouverture qui risque d’avoir des répercussions sociales et environnementales majeures. Il aurait été souhaitable de faire au préalable une évaluation environnementale stratégique, comme l’avait recommandé le Comité d’environnement de la Baie-James.

De plus, après avoir annoncé dans le budget 2009 que la route des monts Otish (250 kilomètres) allait être payé moitié-moitié par l’État et l’industrie, voilà qu’on ne fait plus mention dans le Plan Nord que d’une vague contribution des utilisateurs…

 

De la sagesse dans l’exploitation des ressources

En lieu et place, Nature Québec aurait souhaité que le Plan Nord soit débattu par les communautés nordiques, et également par l’ensemble des Québécois, afin d’assurer un développement raisonnable, encadré par des stratégies minières et énergétiques dignes de ce nom et profitables à tous les Québécois à long terme. Par exemple, un développement minier bien étalé dans le temps permet d’éviter le pillage des ressources. Il donne aussi le temps nécessaire, aux communautés autochtones notamment, de recevoir la formation et l’encadrement nécessaire afin de bien intégrer ces nouveaux développements.
 

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