Par Joan Raymond
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Mots clés : biogaz, biométhane, Association pour la prévention de la contamination de l’air et du sol, liquéfaction cryogénique du biogaz, Green Highway
Les initiatives de plusieurs pays pour passer aux énergies renouvelables, comme le biogaz, ont de quoi faire rêver les Québécois. À l’occasion de la 9e Conférence de l’Association pour la prévention de la contamination de l’air et du sol (APCAS), portant sur le biogaz et le biométhane, le Brésil et l’Europe ont démontré que les technologies mises en œuvre sont vouées à un bel avenir … rentable.
La Suède adopte le biogaz Pour palier à la forte demande en gaz naturel et aux réserves d’hydrocarbures qui diminuent en Europe, la Suède a développé, non sans difficultés, la première usine au monde qui utilise la liquéfaction cryogénique du biogaz provenant des matières résiduelles et de la biomasse du pays. Le processus suédois consiste à abaisser la température du biogaz en plusieurs étapes, pour ainsi éliminer ses différentes composantes. Les résidus sont ensuite utilisés comme fertilisants pour les forêts. Par exemple, le biogaz liquéfié et épuré servira à alimenter les véhicules routiers et réduira ainsi de beaucoup les coûts de distribution dans le pays. Il sera également distribué sur le Green Highway, un axe de transport vert créant un tronçon de ravitaillement en biocarburants sur une distance de 450 km et reliant la ville de Sundsvall en Suède à la ville de Trondheim en Norvège. Comme il n’y a pas de système de pipelines pour son transport, le biogaz est acheminé par camions. Du fait qu’il soit beaucoup moins lourd, en étant sous forme liquide plutôt que gazeuse, son transport en est facilité sur de longues distances depuis le site de production.
Un Brésil innovateur Du côté du Brésil, où tout le pays repose sur d’énormes réserves de gaz naturel, on tente de faire le transfert du diesel vers cette ressource naturelle jugée plus éco-responsable. Il y a huit ans, le président Luiz Inacio Lula da Silva a créé un programme pour augmenter l’exploitation du gaz naturel au pays et a planifié diminuer son importation. Aujourd’hui, l’industrie du biogaz connaît une véritable expansion. Marcio Schittini, directeur général de la société ACESA Bioenergia, a présenté les ingrédients de la réussite brésilienne : une nouvelle réglementation du gaz naturel qui garantit des mécanismes de négociation, des technologies matures implantées et des investissements massifs du gouvernement dans le développement durable et dans les infrastructures vertes. En fait, le Brésil a créé lui-même un momentum. « It’s about Brazil now ! ».
Le développement des ENR en Europe Par vidéo-conférence, John Baldwin de CNG Services inc., a démontré comment l’Angleterre planifie le développement des marchés du biogaz en abordant des sujets comme les incitations renouvelables, les projets de biométhane et leurs problèmes potentiels, la fabrication de biométhane comprimé, les prévisions du marché et les crédits de carbone. La planification de la France en biogaz et biométhane d’ici 2020, présentée par Caroline Marchais qui est déléguée générale pour la société Club Biogaz ATEE, laisse entrevoir que l’Hexagone a l'ambition de devenir le troisième plus gros producteur de l’Europe, suivant les initiatives de l’Allemagne, bon premier en termes d’application technologique. « La production de méthane dans notre pays fait partie des solutions indispensables pour atteindre l’objectif de 10% des énergies nouvelles renouvelables (ENR) utilisées dans les transports en 2020 », a rappelé Madame Marchais.
Du traitement des biogaz Le traitement des biogaz demeure un enjeu bien pointu pour le commun des mortels, mais essentiel pour rendre l’industrie éco-responsable et rentable. Bill Brundick, chercheur et directeur de l’ingénierie de Sulfatreat, société établie à St-Louis, Missouri, aux États-Unis, a parlé de l’enlèvement du sulfure d’hydrogène (H2S), par des techniques d’absorption dans le biogaz. De son côté, Frédéric Lebel de DDACE, filiale de distribution au Québec de GE Jenbacher et BioGasclean, a démontré que l’enlèvement du H2S dans le biogaz peut se réaliser par procédé biologique. Don Beverly, ingénieur commercial pour Xébec, est venu expliquer le processus de traitement des gaz d’échappement des systèmes de raffinage de biogaz. Tous les trois sont d’accord sur la fiabilité de leur technologie et leurs opérations applicables à l’échelle mondiale.
Le Canada, loin derrière De notre côté, au Canada, selon Jean-Claude Corbeil, directeur du Traitement des matières résiduelles chez AECON, « si on se compare à plusieurs pays, il ne se passe pratiquement rien ». Si le gouvernement canadien prenait des actions en matière de biogaz, cela ouvrirait le marché et l’industrie se développerait énormément, croit-il. Alicia Milner, présidente du Canadian Natural gas vehicules Alliance (CNGVA) enchaîne : « Il y a beaucoup d’intérêt pour les biogaz dans tout le pays même s’il n’y a pas beaucoup de développement ». CNGVA s’occupe d’établir la carte de la route des transports utilisant le gaz naturel et le biométhane au Canada. L’association plaide en faveur des véhicules au gaz naturel, de l’implantation d’infrastructures de ravitaillement et des combustibles gazeux renouvelables pour le bénéfice de l'économie canadienne et de l'environnement. C’est, à son avis, un domaine qui est en constante évolution donc qui a nécessairement besoin d’infrastructures pour soutenir le marché des biocombustibles. Pour preuve, depuis 1990, les véhicules de passagers fonctionnant à l’énergie renouvelable ont augmenté de 18% et les véhicules de transport, de 71% ! La CNGVA œuvre également à faire avancer le dialogue avec les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux afin que les véhicules au gaz naturel soient reconnus comme une solution de transport plus écologique. Maintenant, il ne reste qu’à espérer que leur discours soit entendu!
* Photo tirée de la présentation « Biogaz et méthanisation en France » par Caroline Marchais, Déléguée générale du Club Biogaz. Tous droits réservés. |
