De Montréal à Québec, un visage sur nos légumes

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Par François René de Cotret


Mots-clés : Marché Solidaire Frontenac, FRUIXI, marchés de quartier, marché de solidarité régionale, marché public, sécurité alimentaire, agriculteurs québécois

 

Pour un 8e été consécutif, le Marché Solidaire Frontenac (MSF) ouvre ses portes en fin de semaine. Comme les autres marchés de quartier de Montréal et les initiatives qui parsèment la province telle les Marchés de solidarité régionale, le MSF rapproche d’année en année les agriculteurs locaux et les Québécois.

« Les gens affirment de plus en plus leur volonté de consommer des produits d’ici », affirme le directeur général du MSF, Jean-Philippe Vermette. « On remarque aussi, ajoute-t-il, que les gens consomment de plus en plus de fruits et légumes, ce qui est très bien lorsqu’on sait que 70 % des Québécois en mangent moins de cinq par jour. »
 

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MSF. Tous droits réservés.


Fraises biologiques moins chères

Visant la sécurité alimentaire et non le profit, le MSF ne vend pas les aliments plus chers que nécessaire. Au début de mois de juillet par exemple, il en revenait moins cher pour un client d’acheter des fraises biologiques que des fraises traditionnelles. Prenons l’initiative de vélos distributeurs de fruits, FRUIXI, lancée par le MSF le 10 juin dernier : sur un dollar [de fraises], 65 cennes vont au producteur, 20 au pédaleur et 15 au MSF. Le ratio étant fixe, le marché n’engrange pas de profit quand les prix de production baissent; au contraire, le prix du panier de fraises diminue et le consommateur sauve de l’argent.

Par ailleurs, ce sont directement les besoins alimentaires des citoyens qui guident les initiatives alimentaires élaborées par le MSF. En guise d’exemple, c’est le Comité citoyen du Centre-Sud de Montréal qui a mis de l’avant le site principal du MSF, au Métro Frontenac, pour desservir une clientèle de transit. C’est aussi la demande qui a incité le MSF à lancer FRUIXI. « On a analysé des cartes pour dénicher des endroits où il n’y avait pas d’épicerie ni de fruiterie proche », raconte le directeur général.

 

Sur les terres de Régis premier

Malgré l’effervescence de la Capitale-Nationale ces dernières années, les marchés de quartier y restent inexistants. Par contre, deux marchés publics – le Marché du Vieux-Port de Québec et le Marché Public de Sainte-Foy – ainsi que des initiatives telles que le Marché de solidarité régionale de Québec fournissent des alternatives aux supermarchés.

Selon la coordonnatrice du Marché de solidarité régionale de Québec, Anick Béland Morin, le marché permet aux citoyens de concrétiser leur engagement écologique : « Les gens trouvent ici une entreprise plus structurée pour passer à l’action, pour encourager les agriculteurs locaux et favoriser une agriculture plus respectueuse ». Pour ma part, confie-t-elle, je trouve au Marché plus de 90 % de mon alimentation.

Depuis sa création en 2007, le marché lie des dizaines de producteurs aux citoyens, et ce, 12 mois par année. Deux fois par semaine, les usagers commandent les produits désirés sur Internet et viennent les chercher en ville, au Centre Frédéric-Back. « Étant donné que les aliments ne sont pas exposés, il y a une diminution des pertes comparativement aux marchés publics », confie Mme Béland Morin. « En plus, ajoute-t-elle, le consommateur peut choisir exactement les aliments qu’il veut, contrairement aux paniers d’Équiterre qui sont assemblés par le producteur. »

 

Reconstruire le rapport de respect envers les agriculteurs

Le plus gros défi reste de briser la « mentalité de la circulaire », affirme la coordonnatrice. « L’enjeu est de sensibiliser une masse critique de citoyens à l’importance des fermes familiales, car on est vraiment dans une culture de consommer au plus bas prix possible. » Une telle mentalité – attisée par la mondialisation – ne permettrait pas aux agriculteurs québécois de vivre de leur métier.

De surcroît, cette mentalité et les préjugés envers les producteurs agricoles menaceraient la sécurité alimentaire : « Ça ne dérange pas les Québécois que des étrangers produisent leur nourriture. […] L’agriculture paysanne décline au Québec et les producteurs sont de moins en moins les propriétaires de leur ferme. [Or,] les actions à la bourse ne nourriront pas le Québec. »

 

Pour plus d'informations

Répertoire des fermiers québécois producteurs de fruits et légumes

Répertoire des membres de l’Association des marchés publics du Québec

Répertoire des marchés de quartier de Montréal

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