Un chercheur australien suggère de détruire des autoroutes

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Par Antonin Besner

Mots clés : Train, Métro, Rail, Autobus, Transport

 

« Détruisons des autoroutes pour construire des rails. » C’est en ces mots que le professeur en développement urbain durable de l’Université Curtin en Australie, Jeff Kenworthy, a partagé sa vision face aux problèmes de congestion urbaine. Présent au Sommet ÉcoCité2011 de Montréal le jeudi 25 août, ce dernier a fait valoir, études à la main, qu’en enlevant des voies automobiles, beaucoup de congestion disparaît.

Bien sûr, très peu de gens laisseront de côté leur voiture pour un réseau d’autobus, mais plusieurs seraient prêts à faire le saut pour un système de trains à en croire le chercheur. Selon lui, les systèmes de rails sont donc essentiels à la création d’écocités durables et efficaces.

M. Kenworthy assure que « les trains et les autobus ne sont pas en confrontation l’un contre l’autre, mais contre les voitures ». D’après les études qu’il a menées, dans les villes qui possèdent un système de rails important, l’utilisation de l’autobus est plus forte. En fait, les deux vont de pair. « Il faut un bon réseau d’autobus pour desservir les régions qui ne peuvent être servies par le rail », croit-il.

La majorité des communautés au Canada se sont construites autour des chemins de fer, rappelle Cynthia Lulham, chef de projet pour l’initiative Proximity. « Au cours des dernières décennies, un déclin a été noté dans l’expansion des chemins de fer, principalement parce que nous avons favorisé la voiture comme moyen de transport, dit-elle. Récemment, les transports sur rails reprennent de la popularité. »
 


Le monorail de Sydney, en Australie. Photo de Greg O'Beirne – Tous droits réservés.
 

Le train en forte hausse au Canada

Les chiffres de M. Kenworthy confirment qu’entre les années 1995 et 2005, l’utilisation de l’autobus a chuté au Canada tandis que celle des transports sur rails a augmenté de 24,3 %. Selon lui, une telle augmentation s’explique par la fiabilité et la visibilité du système. « Le fait qu’on puisse difficilement déplacer des rails amène un sentiment de sécurité aux utilisateurs. Ils savent qu’ils pourront prendre le même trajet pendant plusieurs années sans que des décisions politiques viennent changer cela », explique-t-il.

De surcroît, le rail détient de nombreux avantages que n’ont pas les automobiles. Il est silencieux et non polluant, tant visuellement qu’écologiquement, lorsqu’électrique. Moins coûteux et occupant moins d’espace qu’une autoroute, il permet des constructions vertes et agréables à ses alentours. Jeff Kenworthy cite en exemple Vancouver et son SkyTrain, un réseau de métro automatique circulant sur des lignes aériennes. Au cours des 20 dernières années, de véritables petites villes se sont construites alentour du système, dit-il.

Même si le rail présente d’innombrables côtés intéressants, il y a aussi des défis à son expansion, le plus important étant la vitesse. Les recherches de M. Kenworthy démontrent que plus le temps de voyagement en train se rapproche de celui des voitures, plus les citoyens seront prêts à l’adopter. À noter, à Montréal, un voyagement en train se fait en moyenne à 90 % de la vitesse que s’il avait été fait en voiture. Quant au transport en autobus dans la métropole québécoise, il prend en moyenne deux fois plus de temps qu’en automobile.

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