Le prolongement de l’autoroute 5 viole la seule limite juridique du parc de la Gatineau

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La coupe de forêts le long de la limite est du parc de la Gatineau reprendra cet automne. Ces travaux en vue de prolonger l’autoroute 5 près de Wakefield ont débuté au mois d’avril dernier
 
La Commission de la capitale nationale (CCN) appuie ce projet, dont les grandes lignes sont tracées dans un rapport du Ministère des Transports du Québec.

Quelque 88 hectares de forêts seront rasés pour ce dernier prolongement de l’autoroute 5 devant relier Farm Point (Chelsea) et la route 366 dans la municipalité de La Pêche. Il s’agit dans une large mesure de forêts matures de pins blancs, de hêtres nord-américains et d’érables à sucre.

Les Canadiens affectionnent ce parc non seulement en raison des nombreuses activités récréatives qu’il offre, mais aussi en raison de sa beauté naturelle, de sa tranquillité et de son extraordinaire biodiversité. Il offre un habitat à 125 espèces considérées fragiles à l’échelle du Québec, dont 23 espèces menacées. Plus de 1 100 variétés de plantes et 230 espèces d’oiseaux s’y trouvent. Mais en dépit de sa richesse écologique, le parc de la Gatineau ne bénéficie d’aucune protection formelle.   

« Grand nombre de gens ignorent que le parc de la Gatineau n’est ni un parc national, ni un parc provincial », de dire John McDonnell, le directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section vallée de l’Outaouais (SNAP-VO). « Ainsi, des parcelles du Parc ont été vendues ou fait l’objet de constructions de résidences, de centres d’achats et de nouvelles routes », a-t-il ajouté.

Une carte publiée par la CCN en 1965 confirme que les 88 hectares à être rasés pour le prolongement de l’autoroute 5 se trouvent à l’intérieur des limites juridiques du Parc, limites toujours en vigueur en vertu du décret CP-1960-579. [1]

« La première limite juridique du Parc a été fixée par décret en 1960. Aucune autre description juridique n’est venue la remplacée depuis, même si de grandes parcelles de son territoire ont été échangées, vendus à des promoteurs et utilisées pour divers projets urbains comme l’aménagement de nouvelles routes » a déclaré Doug Anions, le président du Comité pour le parc de la Gatineau de la SNAP-VO et ancien fonctionnaire de parcs Canada.

« La CCN a changé les limites du parc de la Gatineau en 1997 au moyen d’une décision du conseil, à la suite d’un exercice qu’elle qualifie de rationalisation des limites. Toutefois, une décision du conseil d’administration ne peut modifier des limites fixées par un instrument législatif », de dire M. Anions.

 « Par ailleurs, il y existe toujours nombre de propriétés privées et de terrains ayant fait l’objet d’échanges », de dire M. Anions. « Il n’existe aucun instrument législatif enchâssant une  description technique des terrains fédéraux dans le parc; or, la limite de 1997 n’a pas de valeur juridique si elle ne repose pas sur un instrument législatif », a-t-il ajouté.

Ce nouveau tronçon routier rasera un énorme flanc de colline couvert de forêts matures. En plus de fragmenter l’habitat de nombre d’espèces menacées, ce projet aura des conséquences malencontreuses pour la communauté environnante, comme l’a souligné le document que la SNAP a publié en janvier 2011 ,[2] document réagissant à un rapport d’examen préalable préparé par Transports Canada.

Selon ce document : « L’urbanisation de Wakefield se fera rapidement, ce qui changera à jamais le caractère de la région. Ce projet routier est aussi un élément clé favorisant la construction d’un important parc commercial et industriel aux portes de Wakefield – l’un des plus pittoresques villages dans la région de la capitale nationale ».

De nouvelles constructions le long de la limite du Parc et l’aménagement du boulevard des Allumettières ont sérieusement miné les habitats fauniques et la connectivité entre les paysages, réduisant l’accès aux endroits très fréquentés du public.

« Le prolongement de l’autoroute 5 isolera davantage le parc de la Gatineau de l’écosystème qui l’entoure », de dire M. McDonnell. « Les animaux du parc seront emprisonnés sur un ilot de disparition si nous n’aménageons pas de liens écologiques entre le Parc et d’autres aires naturels » a-t-il ajouté. « En enfermant le Parc dans une ceinture de développement, nous détruisons un patrimoine naturel fragile aimé par une foule Canadiens pour d’innombrables raisons », a déclaré M. McDonnell.  

La SNAP-VO incite les Canadiens à écrire à leurs députés et à la première dirigeantes de la CCN, Marie Lemay, exigeant que l’on stoppe la construction de l’autoroute 5 et la coupe à blanc de forêts matures.

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