Montréal : une ÉcoCité en devenir?

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Par l'équipe de journalistes et photographes de GaïaPresse à Écocité

Mots-clés : Écocité2011, transport collectif, démocratie participative, biodiversité, changement, éducation relative à l’environnement


Encourager l’agriculture urbaine, rendre la démocratie participative, respecter la biodiversité lors de l’aménagement d’un territoire, donner la rue aux piétons sont les principales recommandations entendues pendant les conférences du Sommet mondial Écocité 2011, qui s’est déroulé au Palais des congrès du 22 au 26 août dernier. Montréal a ainsi fait le plein d’idées issues des meilleures initiatives mondiales et son administration municipale veut plus que colliger les actions lancées au niveau international pour verdir la ville : elle veut les implanter.

Notre équipe de journalistes et de photographes, qui étaient au cœur de l’évènement, s’est plue à rapporter les divers discours, parfois trop théoriques, parfois bien concrets et déjà appliqués dans certaines villes. Elle relève le défi d’en retirer des éléments qui lui semblent porteur d’actions, pour la ville de Montréal, pour le Québec et pour toute la planète.

 

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La présentation de divers projets devant aboutir en 2020 et 2030 a démontré qu’il n’est pas nécessaire de passer par des crises graves pour que des initiatives de réaménagement durable des cités se mettent en œuvre. Mieux, la volonté de les développer en accueillant les idées originales de plusieurs penseurs et décideurs, à travers des charrettes de design, laisse présager que ce genre d’exercice peut aussi bien se coller à la réalité locale que mondiale, a observé la journaliste Marie-Ève Cloutier.

 

Réapprendre à se déplacer

Le sujet du transport a principalement été évoqué pendant l’évènement et a clairement démontré que des changements sont non seulement souhaités par tous, mais qu’ils sont urgents. Est-ce possible de croire que les villes puissent redonner la rue aux piétons et aux vélos, en grugeant mètre par mètre des espaces habituellement empruntés par les véhicules? « De nombreuses solutions applicables à court terme, ont été suggérées. Dans des villes comme Copenhague, nous avons vu qu’elles sont viables », rappelle Antonin Besner. « Il faudrait reproduire dans les banlieues ce qu’on veut instaurer à Montréal », enchaîne l’équipe, après avoir discuté de la faiblesse des transports collectifs, à l'extérieur de l’île de Montréal.

 

Réaménager le quartier et la banlieue

La solution se trouve-t-elle vraiment là? Que faire de la réalité du vieillissement de la population? La marche et le vélo, n’est-ce pas des solutions destinées aux jeunes?

Ne faudrait-il pas plutôt décentraliser les lieux de travail et développer en ce sens des éco-banlieues qui accueilleraient les besoins de travail et de services des citoyens, sans les placer dans un système infernal de déplacements vers la ville-centre, aussi écologique soit-elle? 

À court terme, cela semble utopique. Et Écocité a peu touché à cette réalité, très occidentale et nord-américaine. Nous pensons que les chantiers de changement en transport collectif devraient être menés sur plusieurs fronts, avec la volonté ferme de prioriser des modifications au niveau du transport individuel.

Comment inverser la logique du développement résidentiel? Ne pourrait-on pas d’abord créer des lignes de transport en commun, incluant la marche, le vélo, les voies ferrées, les autobus et, ensuite, installer des services et des espaces à bureaux autour et finalement développer le secteur résidentiel? Cela signifie consacrer non pas de l’argent pour refaire annuellement des bouts d’asphalte, mais plutôt installer et élargir ce qui deviendrait les colonnes vertébrales d’un quartier — comme les trottoirs, les pistes cyclables, les voies ferrées centrales — auxquels s’ajouteraient d’autres sommes pour l’aménagement d’espaces verts et communautaires, qui deviendraient autant de lieux de rencontre et de socialisation. « Toutes les thématiques peuvent sembler prioritaires. La difficulté résidera alors dans le choix d’une action avant une autre », constate Dorothée Bezançon.

 

Réinventer la vie sociale

C’est bien beau toutes ces idées, mais comment les appliquer, alors que nous sommes confrontés plus que jamais à une société individualiste, fragmentée en égo-besoins et en dettes publiques et privées exponentielles? « Nous avons un grand besoin de changement social. Que la démocratie soit une vraie démocratie », suggère Lauren Rochat.

« Si nous avions des infrastructures de transports en communs fortes, ça aiderait à changer la culture individualiste des gens, et des jeunes en particulier. Il faudrait construire des zones urbaines qui donnent le goût aux gens de se côtoyer », complète la photographe Marie-Ève Dion.

Marcel Miro retient que l’éducation relative à l’environnement doit être valorisée, voire priorisée, surtout chez les jeunes, si nous voulons instaurer une mentalité de « vivre ensemble ». Éduquer les enfants à vivre et non à travailler, pour les rattacher à la communauté. D’accord. Et maintenant, comment doit-on s’y prendre pour intégrer ces valeurs au cursus scolaire et diminuer l’importance accordée au travail ? Le Sommet Écocité 2011 a peu parlé de ces réalités d’éducation sociale, pilier d’une ville écologique.

Certes ce sont des objectifs à approfondir. Comme le reconnaît la journaliste Marie-Ève Cloutier, nous sommes « entre-deux » mondes, celui dans lequel nous vivons au quotidien, et l’autre auquel nous aspirons et qui est en marche, plus qu’ailleurs, dans certaines régions du monde. Tout comme elle, nous croyons que nous avons le choix : ou bien nous nous y mettons et nous réagissons en nous activant chacun dans notre sphère d’activité, ou bien nous attendons que « ça nous explose au visage ».

Pour que les cités québécoises deviennent des réalités écologiques, le passage vers une pensée collective doit s’ouvrir. Le Sommet mondial Écocité 2011 a permis de constater que là où la volonté de croire et de financer des changement à 180 degrés s’est ancrée, un mode de vie nouveau a éclos et ce, au bénéfice de tous. «  C’est l’économique qui devrait donner le pied dans la pédale », avance Marie-Ève Dion. Nous devons passer de la compétition à la coopération, créer des alliances, accueillir les changements en développement comme de très bonnes nouvelles », conclut Marcel Miro.

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