La gestion environnementale des déchets maritimes reste à faire !

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Par Lauren Rochat

 

Mots-clés : Environav, matières résiduelles, Alliance verte, Association maritime du Québec, CESE

 

Cette semaine nationale de la réduction des déchets s’intéresse beaucoup aux problèmes en milieu urbain. Toutefois, plusieurs initiatives sont mises en place dans le monde de l’industrie maritime pour faire évoluer les pratiques. « L’industrie maritime offre de réelles opportunités pour l’industrie de la gestion des déchets, de l’ingénierie, pour les évolutions du cadre légal et des politiques, afin que tout cela soutienne un environnement marin et fluvial de qualité », a lancé hier Alexis Eisenberg, organisateur de l'évènement (CESE), à l’occasion d’un Séminaire sur la gestion des matières résiduelles dans l’industrie marine.

 

Une certification volontaire

Certes, il existe des programmes de certifications volontaires. L’Alliance Verte s’attaque aux enjeux des espèces envahissantes, des résidus de cargaisons, des eaux huileuses et compte intégrer en 2012 de nouveaux objectifs à ces programmes de certification : réduire significativement la quantité de déchets générés à bord des navires et rejetés à l’eau. Le recyclage des déchets deviendra un réel leitmotiv.

L’Association Maritime du Québec (AMQ) travaille, quant à elle,  de concert avec les marinas. Son programme a été lancé en 2007 et compte aujourd’hui plus d’une quarantaine de marinas participantes.

Une marina bien préservée

Photo Lauren Rochat – Tous droits réservés

Les objectifs de l’AMQ sont d’inciter les marinas à adopter des pratiques environnementales et par ce biais de rehausser la qualité des infrastructures. Une démarche de sensibilisation  des plaisanciers, pour qu’ils adoptent des comportements compatibles avec la protection de l’environnement, est également dans sa mire. L’objectif général est de contribuer à préserver le réseau hydrique du Québec, qui est un besoin intrinsèque à la préservation des marinas!

Aujourd’hui, bien que ces deux programmes aient de plus en plus d’adhérents, ils sont insuffisants, car volontaires.

 

La règlementation pour la pollution en mer

Plusieurs règlements existent pour les déchets en mer, que ce soit des règles internationales, canadiennes ou provinciales. Également, plusieurs acteurs sont sollicités : bien évidemment, il y a le transporteur, mais également les autorités portuaires (du lieu de l’expéditeur et du destinataire).

La dernière modification date de juillet 2011, soit l’annexe 5 de la Convention Marpol, qui entrera en vigueur en juillet 2013. Ses grands principes sont de réduire, voire d’interdire les rejets des déchets en mer. Sur terre, il s’agira de mettre en place un service de collecte dans les ports et les terminaux. En effet, un des principaux problèmes est l’inexistence ou l’inadéquation des installations pour récupérer les déchets.

Conférence Environav

Photo Lauren Rochat – Tous droits réservés

 

Responsabiliser les entreprises

Donc, il reste beaucoup à faire pour améliorer les pratiques de gestion des déchets, à bord et sur les quais.

L’armateur Marc Gagnon, de Fednav Limitée, a expliqué qu’un des principaux défis concerne les résidus de cargaison : le délai sur le port est souvent limité, car il y a d’autres destinations et le personnel du port n’est pas là pour cela. Il ne se sent pas concerné. 

Un des choix de la Fednav est de ne décharger aucun résidu dans le Saint-Laurent, mais en mer. Quelques choix écologiques comme l’achat de produits de nettoyage sans phosphate, la mise en place d’un système de tri des déchets voire l’incinération des résidus, sont faits sur les bateaux.

Marc Gagnon explique la stratégie environnementale de Fednav Limité-

Photo Lauren Rochat – Tous droits réservés

Daniel Côté, de Transport Desgagnés, ne vit pas les mêmes réalités. En effet, sur des bateaux plus petits (un équipage de 20 à 25 personnes) et ayant de nombreuses livraisons à effectuer dans l’Arctique (ou la règlementation est beaucoup plus restrictive : aucun rejet en mer, même organique, n’est autorisé), la solution est de privilégier l’incinération à bord.

Le travail actuel est axé sur le tri des déchets pouvant être recyclés. Toutefois, dans la réalité, de nombreux problèmes sont liés aux fournisseurs ou au port; les fournisseurs n’offrent pas forcément différents bacs de récupération. Il devient difficile de motiver l’équipage à effectuer le tri dans ces conditions…

Il semble qu’une coordination entre les armateurs, les services portuaires et les fournisseurs de camions soient nécessaires. Actuellement,  chaque acteur s’implique d’une manière séparée, ce qui complique la tâche aux transporteurs.

 

Décontaminer en zone portuaire

Urgence Marine est une solution déjà en application : cette entreprise offre un service de gestion des matières résiduelles. Elle récupère les déchets à l’arrivée du navire au port d’une manière sécuritaire puis se charge de le redistribuer vers des centres de collectes adaptés.

Christophe Gamsonré a présenté une solution novatrice pour le problème des sédiments pollués, souvent le siège de la contamination. Il s’agit de draguer les sédiments suivant les dispositifs présents sur le lieu d’accueil, de les disposer dans des bassins et d’ajouter des intrants locaux, tels que du fumier et de la chaux. Sous influence terrestre, la photo-oxydation permet de décontaminer les sédiments portuaires.

 

Des solutions technologiques disponibles? 

Pourtant,  plusieurs solutions technologiques existent. Pour la gestion des déchets, Martin Clermont de Gedden a présenté le système de traçabilité par satellite des déchets de navires. Pyrogénésis Canada Inc. a développé une technologie permettant de réduire les déchets sur les navires, une des problématiques majeures pour les transporteurs de matières résiduelles.  « Les navires ont peu de place pour les déchets; nous avons donc élaboré un système permettant de les détruire par plasma ». Cette technologie brûle tous les déchets jusqu’à les réduire en poudre. « Notre système essaie d’aller encore plus loin; nous souhaitons arriver à développer une méthode récupérant l’énergie thermique afin de convertir la chaleur ainsi obtenue en électricité », annonce Tom Whitton.

Enfin, Robert Pelbois, de Produits Chimiques Magnus Limitée (AbTech Ind. Inc.) a présenté une innovation majeure pour le traitement des matières dangereuses : la Smart Sponge. Ce produit poreux est très léger et hydrophobe (il n’absorbe pas l’eau) et a une particularité étonnante : il permet de fixer les hydrocarbures. Il peut donc être utilisé afin de rabaisser la toxicité de l’eau, notamment dans des zones ou celle-ci doit être est puisée pour l’eau potable des villes, mais également pour prévenir les incidents.

 

Ce séminire a permis d'avoir une vue générale de plusieurs acteurs de cette industrie en mouvement. Affaire à suivre …

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