À 73 ans, Fernand Stuart dit rêver de vivre assez longtemps pour redynamiser plusieurs régions pauvres du Québec.
Sa mission : mettre fin à l’isolement social en tissant des liens entre les générations par la création d’ensemble de maisons à prix abordable. Ancien vendeur de maisons usinées et cofondateur du fabricant d'échangeurs d’air Venmar Ventilation, ce retraité connaît son dossier: «Plusieurs villages québécois sur les 1200 sont en déclin, la plupart n’ont enregistré aucune mise en chantier depuis des années, dit-il. Quatre-vingts pour cent des maisons dans le monde sont bâties pour les riches, alors que le besoin est l’inverse: 80 % des pauvres sont mal logés.»
Ce rêveur est aussi un homme d’action. Il a créé un organisme sans but lucratif, Habitat Multi Générations (HMG), qui permettra à des gens gagnant aussi peu que 16 000 $ par an d’accéder à la propriété en ne consacrant que 25 % de leurs revenus au logement, une première au Québec. Après avoir rencontré les élus d’une dizaine de villages, en 2008, il a convaincu ceux de La Minerve, dans les Laurentides, de louer pendant 99 ans à HMG un grand terrain près de la rivière Rouge pour seulement un dollar. Grâce à ce don et à des partenariats d’affaires avec des fournisseurs de produits et matériaux québécois, il compte bâtir une vingtaine de maisonnettes usinées de qualité, mais sobres et très accessibles. En jumelant, par exemple, deux unités autonomes de 700 pi2 (65 m2) par l’intérieur (avec deux salons, deux cuisines, etc.), dit-il, « les gens pourront naître, vivre et mourir au même endroit». Autre innovation, HMG prêtera même aux plus démunis et sans intérêt la mise de fonds, qu’ils pourront rembourser comptant ou en faisant du bénévolat.
Son projet pilote, baptisé HameauLaSource, a reçu l’appui de la Fédération Québécoise des municipalités et de Solidarité rurale du Québec. «Il faut que ce soit socialement et financièrement rentable, dit-il. Nous devons stabiliser les populations des villages d’abord en logeant les personnes âgées dans ces maisons plutôt que de les parquer dans des foyers; les services essentiels à leur bien-être leur seront fournis. À l’extérieur des maisons, les résidants auront accès à des espaces communs aménagés pour favoriser la vie communautaire. On vise également à attirer dans ces ensembles d’habitation des travailleurs à domicile (travailleur autonome, artisans, télétravail) en leur fournissant des services adéquats. Ainsi, par exemple, les parents pourront travailler à domicile en surveillant à l’écran leurs enfants qui joueront dehors sous la protection de caméras de surveillance. Ça favorisera un retour aux sources ! »
