Le pari allemand des éoliennes offshores

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L’Allemagne est un des premiers pays développés à avoir décidé d’arrêter le nucléaire et de parier sur le développement des énergies renouvelables. D’ici à 2020, l’Allemagne a d’ailleurs prévu de tirer un cinquième de sa consommation énergétique des éoliennes offshores, selon Der Spiegel.

En novembre 2001, un des pionniers de l’énergie éolienne en Allemagne, Ingo de Buhr, a reçu l’autorisation de construire une station pilote de douze éoliennes offshores en mer du Nord appelée Alpha Ventus.

Photo: La Station Alpha Ventus en Mer du Nord, le 27 avril 2010. REUTERS/POOL New

 

Chacune des éoliennes pèsent 1.000 tonnes, et en cas de vent violents, elles peuvent tourner à une vitesse de 300 kilomètres/heure. Elles ont une puissance de 5 megawatts chacune, ce qui correspond exactement à la quantité d’énergie produite par la première centrale nucléaire du monde, celle d’Obninsk en Russie, à environ 110 km de  Moscou.

Le gouvernement allemand envisage ainsi d’installer des stations offshores d’une puissance totale de 10.000 megawatts d’ici à 2020, et de 25.000 megawatts d’ici à 2030. L’Allemagne prévoit donc de construire 5.000 éoliennes offshore supplémentaires, et donc environ 400 stations éoliennes comme la station Alpha Ventus.

Cette dernière devait à l’origine coûter 175 million d’euros, mais le montant a finalement atteint 250 millions. En fait, plus une station d’éoliennes offshores fonctionne loin des côtes, là où le vent souffle plus fort, et plus la production d’énergie  est importante. Cependant, plus la distance est grande depuis la côte, et plus le projet est coûteux.

Loin des côtes, la logistique devient aussi très complexe, puisque chaque jour des équipes de maintenance doivent se rendre sur place pour s’assurer du bon fonctionnement des éoliennes. Or en haute mer, la force des courants, et la hauteur des vagues ne rendent pas la tâche plus facile. Les bateaux chargés de la maintenance doivent parfois attendre plusieurs jours pour que le temps redeviennent favorable précise,  le Spiegel (en hiver ce sont des hélicoptères qui prennent le relais).

Le pari des énergies renouvelables que fait l’Allemagne est donc risqué, selon Spiegel, surtout tant que les coûts de production resteront aussi élevés. Dans un article récent sur Slate, Robert Bryce explique justement que si les hydrocarbures sont encore autant utilisées, c’est parce qu’elles sont bien plus économiques:

Dans une récente analyse, l’Energy Information Administration (EIA) estime que l’électricité générée par les éoliennes terrestres revient à 97 dollars par mégawatt-heure. Soit environ 50% de plus que le gaz naturel (qui produit autant d'électricité pour 63 dollars, selon la même estimation). L'énergie éolienne offshore est encore plus coûteuse (243 dollars par mégawatt-heure). Les panneaux photovoltaïques, qui  constituent la source d'électricité solaire la moins onéreuse, coûtent quant à eux 210 dollars; un chiffre de plus de trois fois supérieur à celui du gaz naturel.

Si les énergies renouvelables étaient nettement moins onéreuses que les hydrocarbures, nous pourrions faire preuve d'un peu plus d'optimisme quant à leur capacité à conquérir une plus grande place dans la palette énergétique mondiale. Mais la transformation de cette palette ne pourra s’effectuer que sur le long terme.

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