Les coûts des pollutions agricoles enfin chiffrés

0

D’après le Commissariat général au développement durable (CGDD), le coût induit sur la facture d’eau des particuliers par les pollutions diffuses agricoles est compris entre 640 et 1140 millions d’euros, soit 7 à 12% de cette facture en moyenne nationale.

L’étude du CGDD est sans concession – alors que le monde rural est généralement traité avec moult précautions. Elle a pour ambition de mesurer tous les coûts induits pour les particuliers par les pollutions azotées et celles liées aux pesticides.

 

Facture d'eau

Concernant les dépenses directement répercutées sur les factures d’eau des particuliers, l’étude identifie :

  • les dépenses des agences de l’eau « au titre de la lutte contre la pollution agricole », soit un solde net annuel de 60 à 70 millions d’euros « majoritairement financées par la redevance domestique » ;
  • sur les captages, le nettoyage des crépines d’aspiration et les pertes de charges provoquées par les algues présentes dans les eaux eutrophiées : entre 60 et 100 millions d’euros de dépenses ;
  • le surcoût annuel de développement de nouveaux captages et des réseaux associés, suite à l'abandon de captages contaminés: 20 à 60 millions d’euros ;
  • pour pallier la pollution de certaines ressources, environ 15% des eaux traitées proviennent d'un mélange d’eaux contaminées avec des eaux propres, au travers d’interconnexions de réseaux – représentant un coût de 20 à 40 millions d’euros annuel
  • 5 à 10% des eaux brutes doivent subir un traitement complémentaires pour diminuer leur taux en nitrates avant distribution, d’où un coût compris entre 120 et 360 millions d’euros ;
  • 45% des eaux brutes doivent subir un traitement complémentaires pour diminuer leur taux en pesticides, d’où un surcoût compris entre 260 et 360 millions d’euros.
  • afin de respecter les obligations liées aux rejets azotés des stations d’épuration, les collectivités doivent mettre en place des traitements poussés des eaux usées, alors qu’une partie de cet azote provient de l’eau potable et une autre des eaux pluviales. Le surcoût est évalué dans une fourchette de 100 à 150 millions d’euros.

 

Dépenses en bouteilles d'eau

Allant plus loin, le CGDD ajoute à cette facture les coûts d’achat de bouteilles d’eau (et de leur recyclage, ce qui peut sembler un peu décalé par rapport à la problématique) ou de systèmes de filtration pour pallier la mauvaise qualité de l’eau potable. Il en déduit que les  « impacts financiers directs [des pollutions agricoles diffuses]sur les dépenses annuelles des ménages se situent au minimum dans une fourchette de 1010 à 1530 millions d’euros ».
S’il évoque les pertes marchandes annuelles dues à l’eutrophisation et à la dégradation des milieux aquatiques (tourisme, pêche, conchyliculture…), ainsi que les coûts du contentieux communautaire en raison du non-respect des directives nitrates, eau potable, eaux souterraines et eaux résiduaires urbaines, le CGDD ne les chiffre cependant malheureusement pas.

 

Dépollution des milieux

Quant à son dernier chapitre, il est consacré aux coûts de dépollution des ressources et milieux aquatiques. Mais, constatant qu’ « aucune méthode de dépollution à l’échelle de la masse d’eau n’existe à l’heure actuelle », il calcule les coûts de dépollution sur la base des coûts de traitement de potabilisation. Une démarche d’extrapolation irréaliste, qui prive de crédibilité cette dernière partie de l’étude – mais n'enlève rien à la pertinence des autres chapitres.

Partager.

Répondre