ANDD de France : le pouvoir aux collectivités

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Par Chantal Gailloux


Mots-clés : Assises nationales du développement durable, Développement Durable, Rio+20, Convention des Nations Unies sur le développement durable

 

Photo de Chantal Gailloux . Tous droits réservés

Lors de la 1re tale ronde du 13 octobre 2011 portant sur la question « Notre civilisation est-elle durable? », on peut voir (de gauche à droite) :

  • Martin MALVY, Président de la Région Midi-Pyrénées
  • Dominique DRON, Déléguée inter ministérielle, Commissaire générale au développement durable
  • Christiane TAUBIRA, Conseillère régionale et députée de la Guyane
  • Philippe MARTIN, député, Président du Conseil Général du Gers
  • Jérôme CLÉMENT, écrivain
  • Yann MOULIER-BOUTANG, économiste, écrivain
  • Xavier de BAYSER, économiste, écrivain
  • Elisabeth PASTOR-REISS, directrice d'Ethicity
  • L'animatrice de la discussion Laure NOUALHAT de Libération

Photo de Chantal Gailloux . Tous droits réservés

Un millier de participants étaient réunis à l'Hôtel des Régions et 3000 autres participaient via le site web.


Avec 1126 actions « durables » soumises à titre de contributions et plus d’un millier de participants sans compter les 3 000 internautes des ateliers délocalisés : « la preuve est faite », déclare Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, en clôture des Assises nationales du développement durable (Andd) de France. « Les collectivités démontrent qu’elles sont dans le temps de l’action! », poursuit-il en expliquant que, pour efficacement procéder à la transition vers une société durable, l’État doit être décentralisé et offrir un plus grand rôle aux régions.

À l’aube du 2e Sommet de la Terre de Rio (CNUDD) qui se tiendra en juin 2012, les consultations civiles qu’a tenues la France à Toulouse en octobre 2011 permettront de composer la déclaration qui sera faite dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le développement durable (CNUDD). À la différence du Canada qui tient des consultations civiles dans 11 villes à travers le pays, la France a plutôt décidé de procéder à une seule consultation centrale se déroulant sur deux jours. Abordant 14 thématiques, l’Andd pouvait être suivie en streaming sur le web, pour favoriser la participation populaire et limiter les déplacement à travers le pays. La ville de Toulouse accueillait cette année pour une troisième fois les Andd.

 

Le dynamisme des acteurs locaux

De l’inquiétude à l’espoir, ces Assises nationales confirment que la transition s’opèrera d’abord grâce au dynamisme des acteurs locaux. Selon une enquête menée par l’Insitut CSA, 50% des Français font d’abord confiance aux collectivités locales pour affronter les enjeux environnementaux, bien loin devant les 19% d'autres Français qui placent l’État en première position.

La création d’un « espace permanent de référence des initiatives qui informera et diffusera le plus largement possible les bonnes pratiques [du développement durable]à reproduire » a ainsi été proposée par Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, au nom de l’Association des Régions de France (ARF) dont il est aussi porte-parole. Le passage du discours aux actes  doit être valorisé, explique le directeur de la région Midi-Pyrénées : « Si les collectivités, les associations, [les acteurs du développement durable], ont démontré leur expérience et leur implication, dit Malvy, le problème qui demeure, c’est la reconnaissance officielle du poids de leurs actions ».

Rappelant qu’il y a 20 ans à Rio, les solutions étaient attendues d’en haut, Martin Malvy a souligné l’importance du local et de l’individuel dans la mise en œuvre d’initiatives fortes : « Aujourd’hui, rien ne se fera sans que cela parte d’en bas. Le budget des Régions réservé à la durabilité et à la mobilité en témoigne. Elles y consacrent 5,5 milliards d’euros par an alors que le budget du ministère s’élève à 9,8 milliards d’euros. »


27 régions françaises et autant de spécificités régionales : coup d’œil sur la Guyane française

Avec ses 27 régions et ses 62 millions d’habitants, la France fait face à un défi de représentativité en organisant une telle consultation civile centralisée. Pour tenter d’y remédier, le département outre-mer de la Guyane française était représenté par Christiane Taubira, conseillère régionale et députée, invitée à siéger à la première table ronde du 13 octobre au matin. La solution de la durabilité est multiple, affirme-t-elle de manière éloquente en soulignant la spécificité de sa  région : la Guyane française jouit de ressources (or, pétrole,…) et de conditions socio-économiques propres au Sud, mais les institutions et le fonctionnement sont bel et bien issus du modèle des sociétés du Nord, explique-t-elle. Le « comment » du développement qui se doit d’être durable est donc au centre de la réflexion du département outre-mer.

Choisir un bon développement

« Comment se développer? Il faut contrer le chômage en valorisant la Nature, que ce soit par la recherche, la préservation, mais pas par l’exploitation, précise-t-elle. Bien que les conditions de vie soient si difficiles, il n’y a plus d’exploitation aurifère parce nous avons décidé de nous y opposer et de lutter. Bien que le chômage des moins de 30 ans frôle les 50%, je décide, pour ma part, de laisser le sous-sol riche de Guyane là où il se trouve. »

Chrisitane Taubira fait ici référence à la société minière canadienne IAMGold qui s’est vue refuser à deux reprises – à la suite d’actions judiciaires – l’octroi de permis d’exploitation sur le Camp Caïman situé à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Cayenne. « L’objectif de la compagnie demeure d’amener le projet Camp Caïman au stade de production », peut-on toujours lire sur le site de la minière canadienne. Les actions juridiques devraient donc se poursuivre.


Exemples du dynamisme local et de ses limite : le cas de la transition énergétique

Photo de Chantal Gailloux . Tous droits réservés

Pendant l'atelier sur la transition énergétique.

Le diaporama
« Eau et gaz à tous les étages » raconte, à coup d'anciennes publicités, l'histoire énergétique de la France

Par le quotidien Libération

« La Bibliothèque Forney (Paris IVe) présente 'Gaz à tous les étages. La naissance du confort 1850-1920'. Luxe, confort et propre- té sont les maîtres mots de cette invention française du début du XIXe siècle. L'éclairage au gaz change la vie des gens, non seule- ment dans les rues, mais dans les apparte- ments : finies les corvées de bois ou de charbon. » Jusqu'au 28 janvier 2012.

© Afega

Des 14 thématiques déclinées en ateliers de discussion, la transition énergétique est peut-être l’une des thématiques les plus globales et qui fait le moins consensus. « La transition énergétique n’est pas un problème technique, mais un problème politique », affirme Catherine Le Tyrant, mairesse de Montdidier, qui est la première ville de France à être propriétaire d’un parc éolien. « N’importe quelle commune peut amorcer la transition énergétique et ce, même demain! Il suffit d’en avoir envie », dit la mairesse.

Situé en Picardie, à 106 km au nord de Paris, le parc éolien public de la ville de Montdidier compte pour l’instant quatre éoliennes de 8 MW, produisant annuellement la moitié de la consommation électrique de la ville. La Régie Municipale de Montdidier, étant propriétaire de ses propres installations, remet ainsi directement les retombées économiques de l’installation à sa population. Dans quatre ans, en 2015, la transition énergétique de la ville devrait être terminée; Montdidier devrait être complètement autonome et devrait même être en mesure d’ici 2020 de réinjecter 2800 MW dans le réseau d’EDF, le distributeur d’électricité français.

 

Chercher le consensus social

Au-delà de cet exemple réussi de transition à l’échelle de la ville, les moyens à préconiser, les énergies à valoriser ne font pas l’unanimité. Certains, comme Gérard Poujade, maire de la ville de Séquestre et président de l’Association régionale pour l’environnement (ARPE) de Midi-Pyrénée de formation ingénieur spécialisé en biomasse et en nucléaire, croient à l’omnipotence de la norme. D’autres, comme la mairesse de Montdidier Catherine Le Tyrant, croient à la volonté politique et à la concertation.

NégaWatts et ses scénarios sur la transition énergétique

Cette association de 24 experts et praticiens de l’énergie s’exprimant sur la maîtrise de la demande d’énergie et sur le développement des énergies renouvelables publie tous les trois ans un scénario de la transition énergétique. Le dernier rapport a été rendu public le 29 septembre dernier.

L’énergie la plus subventionnée dans le monde demeure le pétrole, avec un investissement de 500 milliards de dollars, a indiqué Thierry Salomon, directeur de Négawatt, lors de l’atelier.

Tous s’entendent toutefois sur les énergies à bannir : le pétrole et le nucléaire.  Au fil des interventions aux Andd, il a d’ailleurs pu être constaté que la sortie du nucléaire n’est plus une question, mais bien une nécessité envisagée par tous les intervenants; la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon aura tout au moins eu le bénéfice de désacraliser le sujet de la sortie du nucléaire en France.
 

Les bons et les mauvais coups des Andd 2011
Bons coups Mauvais coups
  • Calcul du bilan de carbone des participants au moment de l’inscription
  • Participation délocalisée sur le web
  • Offre de produits locaux au dîner
  • Vaisselles non durables à la pause-café (mais durable à l’heure du dîner)

 

 


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