Trois grandes îles à protéger à Laval

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Par Gabriel Parent-Leblanc, B. Sc.

Mots-clés : Conservation, Biodiversité, Îles, Laval

 

Le sud-ouest du Québec, appartenant au domaine bioclimatique de l'érablière à caryer cordiforme, concentre 50 % de la population québécoise sur à peine 1 % de son territoire. En conséquence de cette occupation, cette région a perdu, respectivement, 85 % et 95 % de son couvert forestier et de ses milieux humides. 

Devant un tel constat, des citoyens jugent  qu’il serait fort pertinent de protéger les quelques habitats encore naturels, principalement dans la grande région de Montréal, elle-même sous une forte pression d’urbanisation.  

 

Iles menacées

L’association lavalloise Sauvons nos trois grandes îles propose de protéger les îles Saint-Joseph, aux Vaches et Saint-Pierre, éléments importants de l’archipel Saint-François. Celles-ci sont situées sur la rivière des Mille-Îles, entre Terrebonne et Laval, à proximité de l’autoroute 25. Comme elles appartiennent à des propriétaires privés, les îles seront menacées par de nouveaux projets de développement tant et aussi longtemps qu’elles conserveront leur zonage de développement résidentiel. 

Il est d’autant plus primordial de protéger des habitats naturels de grande taille, comme ceux compris dans ces îles, que sur l’île de Montréal, 65 % des milieux protégés ont une superficie inférieure à 100 hectares (11/17).  Avec une superficie globale de 196 hectares, les trois îles représentent « le plus grand secteur encore naturel de la rivière des Mille-Îles », soutient l’étude de l’organisme Éco-Nature, dans son rapport évaluant la biodiversité des îles. Évidemment, plus un écosystème est grand, plus celui-ci permet le maintien de populations animales et végétales en santé. D’ailleurs, toujours selon le rapport, les trois îles ont une diversité biologique exceptionnelle : « à  l’échelle  de  la  province, l’archipel Saint-François abrite une grande proportion de la biodiversité animale du Québec. On y observe 44 % des reptiles, 36 % des amphibiens, 31 % des oiseaux, 25 % de la faune vertébrée, 21 % des mammifères et 9 % des poissons. Cette biodiversité insoupçonnée est ainsi constituée de 221 espèces animales (sans compter les populations de poissons, de petits mammifères et d’invertébrés qui n’ont pas fait l’objet de relevés spécifiques dans le cadre de cette étude) et de 245 espèces végétales, dont 14 en péril ».

 


 
Tortues géographiques se faisant lézarder
Grenouille léopard

                                                                                   Tous droits réservés. Photos par Gabirel Parent-Leblanc

 

De ces trésors de la nature, trois habitats retiennent l’attention:

  • Forêt ancienne de l’île aux Vaches : celle-ci est une érablière de 14,5 hectares et âgée de plus de 90 ans. La partie sud de cette forêt (2,8 hectares) contient beaucoup d’érables noirs, une espèce rare. Il s’agirait de la plus grande érablière à érable noir du Québec et d’un écosystème forestier exceptionnel (EFE);
  • Marais de l’île St-Joseph : d’une grande taille, celui-ci est entouré d’un marécage peuplé d’érables argentés plus que centenaires. À proximité, on y retrouve la tortue géographique, qui est menacée. L’île  Saint-Joseph  offre  le  seul  site  d’hibernation  confirmé  de  l’espèce  au  Québec;
  • Colonie de lézardelle penchée sur l’île Saint-Pierre et aux Vaches : Cette espèce menacée occupe une superficie de 5 000 m2, ce qui en fait la plus importante population au Québec.

 

Bref, pour toute personne qui sillonne le territoire à pied ou en canot, il est aisé de constater que ces milieux sont d’une beauté et d’une richesse incommensurable. Le tout, à proximité du plus grand centre urbain de la province. Dans un monde où la nature est de plus en plus fragmentée, les autorités compétentes en matière de conservation devraient à tout prix accorder aux trois grandes îles un statut de protection adéquat.

Sans quoi, selon l’étude, nous perdrons « un élément unique dans le paysage urbain du sud du Québec par son assemblage de forêts, de boisés, de rives, de marais, de marécages et d’herbiers ».

 

Marais de l'île Saint-Joseph
Érables argentés dans le marécage
de l'île Saint-Joseph

                                                                                  Tous droits réservés. Photos par Gabirel Parent-Leblanc

 

Pour consulter le rapport de l’étude écologique et plusieurs autres médias

 

Gabriel Parent-Leblanc est biologiste et chroniqueur en environnement. Vous pouvez communiquer avec lui pour des commentaires ou des suggestions ou visiter le site ecoactualité

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