Par Jean-Philippe Costes
Une analyse critique du cinéma anglo-saxon ayant pour but d’éclairer le septième art à la lumière de la philosophie et des sciences humaines.
En Amérique, tout est grand. Pour les petits dieux qui trônent au sommet de la hiérarchie sociale, cet adage appartient à la méprisable litanie des lieux communs. Pour le simple mortel, qui arpente humblement les vastes plaines du Nouveau Monde, c’est une vérité qui s’impose à chaque instant. S’il lève la tête, il est immédiatement aveuglé par l’ombre de mille tours vertigineuses, qui grattent le Ciel comme autant de filles du tyran de Babel. S’il tourne les yeux vers l’Ouest, il voit, effaré, des forêts labyrinthiques et des montagnes tentaculaires, qui essaient vainement d’enchaîner des espaces infinis au sein desquels un être ne vaut guère plus que le néant. S’il pose son regard sur un écran, il assiste, intimidé, à des spectacles dont l’extraordinaire opulence lui rappelle constamment sa totale insignifiance. S’il ouvre un livre d’Histoire, au soir de sa journée au pays des géants, il lit entre les lignes du Destin le message que lui adressent les Pères fondateurs de sa Mère Patrie : seule l’immensité est belle et les États-Unis sont nés pour lui donner un visage.