Plutonium illégal à Cadarache : le CEA devant les tribunaux

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En 2009, le CEA Cadarache a sous-évalué ses dépôts de plutonium et a tardé à déclarer l’incident. Suite à une plainte du Réseau "Sortir du nucléaire", le Parquet a décidé de poursuivre ces faits, devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. L'audience aura lieu ce mercredi 25 janvier 2012, à 14H.

Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) Cadarache est un vaste complexe implanté au confluent du Verdon et de la Durance et dédié à la recherche et développement dans le domaine nucléaire. Le centre comprend 18 installations nucléaires de base civiles dont l’Atelier de technologie de plutonium (ATPu – INB n° 32).

L’ATPu a été une unité dont l’activité principale était la production de combustible MOX (mélange d’oxyde de plutonium et d’oxyde d’uranium). Compte tenu du risque de séisme inhérent à la région de Cadarache et des faiblesses de l’ATPu face à ce risque, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé en 1998 à l’exploitant de lui transmettre un engagement de la fermeture de cet atelier. Le décret du 6 mars 2009 a autorisé la mise à l’arrêt définitif et le démantèlement de l’installation. L'exploitant a, depuis cette date, démarré les opérations correspondantes en vue d’aboutir au déclassement de l’installation.

De nombreux incidents ont été déclarés au sein de l’ATPu, pendant son fonctionnement et après, et notamment suite à des problèmes de contamination et de mauvaise gestion des sources radioactives.

Le 6 octobre 2009, le CEA Cadarache a informé l’ASN de la sous-évaluation des dépôts de plutonium dans les boîtes à gants (1) de l’installation ATPu. Evalués à environ 8 kilos pendant la période d’exploitation, le CEA a estimé que la quantité totale pourrait s’élever, en réalité, à près de 39 kilos, soit un écart de 31 kilos ! Un incident d’autant plus choquant que l’inspection de l'ASN qui a suivi, a permis de confirmer que le CEA avait connaissance de l’incident depuis le mois de juin 2009…

En augmentant le risque de criticité (2), cette sous-estimation ahurissante de la quantité réelle de plutonium a conduit à une exposition imprévue et dangereuse des travailleurs du site. Rappelons par ailleurs que le plutonium est un élément artificiel hautement radiotoxique qui se fixe facilement dans le corps humain. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a donc déposé plainte pour ces faits, en octobre 2009.

Face à cet évènement grave qui ne fait que s'ajouter à la longue liste des incidents déjà survenus à l'ATPu, le Parquet a décidé d’engager des poursuites à l’encontre du CEA. L’audience aura lieu le 25 janvier 2012, à 14h, au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Un rassemblement de militants anti-nucléaires est prévu à 13H30. L'avocat et la juriste du Réseau seront, au côté des militants, présents à l'audience.

Notes :
1 : Les boites à gants sont des enceintes totalement étanches, contenant souvent de nombreux équipements, permettant de manipuler des matières radioactives sans risque de contamination pour les opérateurs.
2 : Criticité : le risque de criticité est le risque de démarrage d'une réaction nucléaire en chaîne lorsqu'une masse de matière fissile trop importante est rassemblée.

 

Source: Sortir du nucléaire

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