S’unir pour mieux nourrir Montréal

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Par Marie-Eve Cloutier


Mots-clés : Agriculture, mise en marché en circuits courts, produits locaux, bassin alimentaire de Montréal, ASC, HRI

 

Les fermes de taille moyenne de la région montréalaise seraient intéressées par un éventuel regroupement afin de soutenir une mise en marché de leurs produits dans des circuits courts selon une étude menée par Équiterre.

De 2007 à 2009, le projet À la soupe!  de l’organisme Équiterre avait permis de constater que les HRI – soit les hôtels, les restaurants et les institutions – recherchaient de meilleurs standards de qualité et un plus grand volume de produits maraîchers. « Les petits producteurs ne sont pas toujours en mesure de fournir de grandes quantités de produits à cause de leurs variétés de cultures. Nous nous sommes demandé si ce serait possible de regrouper les producteurs pour pallier la demande, », explique Anne-Marie Legault, coordonnatrice Recherche et choix collectifs chez Équiterre.

Quoiqu’il existeune clientèle désireuse de s’approvisionner en produits locaux, elle n’est pas prête à en payer le prix, croit Anne-Marie Legault. « En même temps, les producteurs québécois doivent aussi s’adapter à une réalité climatique qui est de plus en plus catastrophique avec les périodes de pluie abondante et de sécheresse », ajoute-t-elle.

L’étude, regroupant 19 producteurs maraîchers du bassin alimentaire de Montréal, a donc tenté d’évaluer la possibilité de regrouper ces producteurs afin de coordonner l’offre en aliments locaux à travers les circuits courts de distribution alimentaire. Ce mode de mise en marché implique qu’il y ait au plus un intermédiaire entre le producteur et le consommateur.

 

Avantages et inconvénients

Jean-Frédéric Lemay, consultant et chercheur, chez JFL Consultants. Photo de Marie-Eve Cloutier – Tous droits réservés

« On voulait connaitre leurs perceptions du marché conventionnel et du marché en circuits courts ainsi que leurs attitudes et leurs attentes par rapport aux regroupements », précise Jean-Frédéric Lemay, consultant et chercheur, chez JFL Consultants.

Parmi les inconvénients perçus pour la mise en marché conventionnelle, on note la concurrence, l’insécurité et les bas prix. Du côté des circuits courts, ce sont les coûts indirects : marketing, main d’œuvre, donc tout ce qui n’est pas lié à l’activité agricole. « Théoriquement, les regroupements devraient régler certains de ces obstacles », fait-il valoir.

Quatre modèles de regroupements existants ont été évalués pendant l’étude, soit Saveurs des Cantons, Gaspésie Gourmande, Saanich Organics et Red Tomato. Il fallait cependant trouver un modèle qui serait bien adapté au contexte montréalais. « Un des éléments intéressants qui ressort dans les modèles est, dans le cas de Saanich Organics, la proximité géographique. Ainsi, les fermes proches les unes des autres ont favorisé le développement d’un système efficace. Toutefois, un des éléments des plus inquiétants est la logique suivante : quand les volumes augmentent, les prix diminuent », constate Jean-Frédéric Lemay.

 

Se regrouper pour mieux régner…?

Frédéric Thériault de la Ferme Coopérative Tourne-Sol fonctionne selon des modèles de mise en marché en circuits courts, dont celui du type ASC (agriculture soutenue par la communauté) et les marchés publics. « Les gens qui ont, comme nous, déjà une mise en marché bien établie et pour qui le volume de production et le volume de vente sont à peu près équivalents, ne sont pas à la recherche active de nouveaux marchés. Pour l’instant, je ne vois pas l’intérêt pour nous de nous regrouper. Mais, ce modèle de regroupement pourrait satisfaire de nouveaux producteurs » indique le participant à l’étude.

Somme toute, Jean-Frédéric Lemay croit que l’intérêt des producteurs maraîchers à se regrouper est au rendez-vous et il ne reste qu’à développer un modèle efficace. « Il faut saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent. Il faudrait aussi un soutien provincial au développement des systèmes alimentaires locaux. Sans oublier les HRI qui pourraient développer des menus qui suivraient l’offre saisonnière » conclut-il.

 

Source: GaïaPresse

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