Objet : Avis de dénonciation « Demande de pardon et d’indemnisation à l’Assemblée nationale du Québec »
Joyeuse Saint-Valentin nucléaire à toutes et tous nos représentant(e)s élu(e)s
En cette présente fête de l’amour, j’aimerais soulever un geste blessant qui fut porté à mon égard. J’en profite pour vous ouvrir la porte à une réparation et qui sait, une transformation radicale de notre relation? En novembre 2009, dans la foulée du débat sur la rénovation de la centrale nucléaire Gentilly-2, je fus banni à vie de votre agora, ostracisé indéfiniment de votre système de démocratie représentative. On me reproche d’avoir lancé des carrés jaunes, en papiers non radioactifs, sur les représentants du gouvernement actuel, geste que j’assume pleinement. Suite à l’incident, alors sous surveillance policière dans un bureau du parlement, on m’annonçait déjà le verdict. Le président de l’Assemblée nationale à ce moment, M. Yvon Vallière, me bannit à vie. Beaucoup de pouvoir pour un seul homme. Suite à ma demande, je reçus la confirmation par écrit de sa décision. Je n’ai pas rêvé. Je ne sais pas si sa décision est sans appel. Je ne suis pas le premier citoyen à rompre le protocole de l’Assemblée nationale de manière tout à fait pacifique et théâtrale. Dans les années ’80, les agriculteurs n’ont-ils pas lancés des 1$ en papier avec le visage du ministre Picotte dessus? Au-delà de la comédie et de l’interruption momentanée des travaux parlementaires, je désirais faire émerger notre argumentairequi, loin de toute mise en scène, est le fruit d'effort, de mobilisation citoyenne, de lectures comparées et de réflexions, ce qui est geste moins médiatique que la contemplation d’une pluie de papiers jaunes dans laquelle je m’y suis agité.
Me bannir indéfiniment pour ce geste? L’ostracisme, est une institution de la Grèce antique qui nécessitait un vote. Le citoyen visé était ensuite banni pour 10 ans. Cette importante institution est marquée d'un grand esprit d'humanité tant dans la procédure suivie que dans la peine prononcée.(Wikipedia)
Je netiens pas tant au privilège d’assister à votre rituel de gestion sociale mais bien de recevoir des excuses publiques, simplement qu’on admette que l’on a erré en droit, et sur la sévérité de la punition. Malgré le non-respect du protocole, mais aussi la frustration et la colère chez certain(e)s élu(e)s. La peine infligée n’est-elle pas au-delà du préjudice infligé à notre relation? Nous ne vivons pas dans la Libye de Khadafi, et SNC-Lavalin-Dessau-Genivar ne sont pas seuls à devoir être consultés dans la décision de poursuivre l’aventure nucléaire au Québec. Mes amours, je dénoncerai toujours ce type de relation incestueuse avec toutes prises de décisions démocratiques, surtout si cela met en péril la santé de ma communauté et de mon territoire. Suis-je illégitime dans mon geste? Criminel d’aimer?
Pour la Saint-Valentin, je vous offre de l’amour et une saine réflexion sur notre relation à venir. Après tout, cela ne fait-il pas 3 ans que nous sommes divorcés? J’aimerais savoir sur quels principes démocratiques et sur quelles lois a-t-on justifié un tel châtiment? C’est symbolique pour moi, par pur principe démocratique. Il est vrai, que j’ai de profondes divergences, sur le nucléaire et la gouverne démocratique du gouvernement. Nonobstant ce fait, je ne vois pas de justice dans ce jugement, mais un flagrant abus de pouvoir. Je demande des excuses de l’Assemblée nationale du Québec et particulièrement de la part du gouvernement en place. J’aimerais avoir réparation et dédommagement exemplaire. Dans le cadre de notre litige, je ne demande pas une somme nominale, mais la mise en dormance, l’arrêt de l’unique réacteur nucléaire encore en opération au Québec : Gentilly-2. Loin de moi l’idée de gaspiller l’argent des contribuables dans notre litige, je vous en ferai économiser des milliards.
Je demande donc au gouvernement et à l’Assemblée nationale du Québec :
1) Obtenir par écrit les raisons détaillées de mon bannissement;
2) Être informé sur mes droits et recours;
3) Recevoir des excuses publiques du gouvernement;
4) Mettre en dormance la centrale nucléaire Gentilly-2.
Je vous souhaite à toutes et à tous, une journée pour remplir votre coeur d’amour et le vider de ses radiations. C’est une métaphore, bien entendu, puisqu’on ne peut « vider » les radiations quotidiennes de Gentilly-2, elles s’accumulent dans notre corps et notre habitat… même à la Saint-Valentin.
Affectueusement vôtre,
Sébastien Bois
