La Gambie : jeunesse vivante, jeunesse active

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Par Audrey Yank


Mots clés : jeunes, Gambie, environnement, déforestation

 

La jeunesse est au cœur de la vie africaine. Grouillante, animée, elle est omniprésente. En Gambie, avec un taux de reproduction de près 4%, la population âgée de 30 ans et moins constitue presque la moitié de la population totale. Le contexte socio-économique des pays en voie de développement y contribue grandement, la religion musulmane et la polygamie tout autant. En marchant dans les rues du village, une dizaine de petites mains s’accrochent à mes doigts. Le soleil plombe, l’ombre est précaire sous les arbres aux branches émincées. Je souhaite le meilleur à cette marmaille au lot de défis devant elle.

Un jeune gambien. Photo d'Audrey Yank – Tous droits résérvés

Les jeunes et les défis de l’heure

Les enjeux environnementaux n’épargnent pas les jeunes enfants. Étant responsables d’aider leur mère, le temps pour cueillir le bois ou pomper l’eau est en compétition avec celui de l’école. La santé fragile des enfants dépend aussi directement de la qualité de leur nutrition. Les changements climatiques nuisent aux rendements agricoles comme jamais. Avec la mauvaise récolte de cette année, les réserves d’aliments de base sont déjà maigres en ce mois d’avril. La prochaine récolte n’arrivera qu’en juin.

Les jeunes adultes font aussi face à d’autres défis, parfois similaires à ceux de part chez nous. L’exode rural en est un. Les villages sont vides. On n’y rencontre que les petits et les adultes. Les collèges sont concentrés dans la capitale à l’ouest du pays. Ceux qui ne peuvent s’offrir une éducation quittent les villages, espérant trouver de meilleures opportunités de gagne-pain à la ville. Pourtant une possibilité s’offre à eux : l’agriculture. Mais comme au Québec, la relève dans ce domaine se fait rare. Une perception négative du travail de la terre les freine. Alhagie, un jeune jardinier a décidé autrement : «Les jeunes pensent que l’agriculture c’est pour les pauvres » me confie-t-il. «Pourtant, ma famille mange à sa faim et cela vaut beaucoup. En ville, il y a peu d’emplois et la nourriture coûte trois fois plus chère.»

 

Une question de perspective

«La dégradation de l’environnement est une des problématiques les plus importantes en Gambie.» Ous, un jeune universitaire, se préoccupe de son avenir. «Au campus, plus de 200 étudiants sont membres du club de l’environnement. Nous sensibilisons les gens à propos de la déforestation alarmante et des changements climatiques. On doit modifier nos habitudes parce que nous subissons les conséquences.» Aucun de ces jeunes ne possède une empreinte environnementale aussi importante qu’un jeune Nord-Américain, mais ils prennent les choses en main. «Ici, on peut couper moins d’arbres, mieux gérer nos déchets, etc, mais on ne veut pas attendre pour agir.»

Par contre, Ous présente l’autre côté de la médaille : «Seuls ceux qui possèdent une certaine éducation comprennent les enjeux.» Malgré le fait que les agriculteurs subissent les conséquences directes de la dégradation de l’environnement, ils ne réalisent pas tous l’impact de la coupe des arbres dans la région. «Selon certains d’entre eux, ce n’est que Dieu qui diminue les pluies ou les récoltes.»

«Au Canada, les gens vont tous à l’école alors ils comprennent sûrement. Alors l’environnement n’est pas menacé, non?» me demande-t-il. Pourtant, comment expliquer que nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. « Et puis vous avez les ressources financières. Ici dès que nous voulons organiser un événement il n’y a aucune institution ou programme vers qui se tourner pour trouver du support. » De cette perspective, nous avons tous les outils en main. Alors, n’est-ce qu’un manque de volonté?

 

Projets et initiatives 

Malgré ces défis, pleine d’espoirs et d’énergie, la jeunesse gambienne ne baisse pas les bras. Adama, un jeune professeur à l’école primaire mentionne le jardin scolaire où chaque enfant est responsable d’arroser quelques plants. «On sensibilise les enfants à un jeune âge sur l’importance d’un environnement sain.» Ici, à la base, environnement sain signifie aussi salubrité. Les enfants apprennent l’importance d’éliminer les eaux stagnantes pour réduire la propagation du paludisme ou de filtrer l’eau à boire pour éviter la diarrhée. On leur transmet également des connaissances sur les propriétés médicinales de certains arbres du milieu. Le lien culturel important avec la nature tente d’être préservé.

Le club de l’environnement dont Ous fait partie a déjà organisé plusieurs journées de plantation d’arbres dans les communautés les plus affectées par la déforestation. Ils sensibilisent aussi leurs pairs avec des conférences. De plus, la plupart des villages ont leur organisation jeunesse. Les jeunes se rassemblent et entreprennent des projets pour le bénéfice de leur communauté. Certains à caractère environnemental, d’autres non. Ici à Njawara, le groupe jeunesse organise un marathon annuel qui attire des coureurs de partout au pays. Cet événement amasse des fonds pour le centre de santé. L’objectif pour le marathon de l’an prochain est de «courir pour la forêt». Chaque marathonien  plantera un arbre. Et puis, pour contrer l’exode rural et créer de l’emploi localement, un camp culturel a été instauré pour mettre en valeur les chants, danses et rythmes traditionnels. Ce camp reçoit maintenant même des étudiants internationaux pour de courts séjours.

 

Source: GaïaPresse

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