Des coupes qui n’augurent rien de bon pour la protection de l’eau, selon la Coalition Eau Secours!

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La Coalition pour une gestion responsable de l’eau – Eau Secours! s’inquiète d’une part de l’adoption du projet de loi C-38 sur la mise en oeuvre du budget et d’autre part, des coupes annoncées dans le secteur de la recherche au gouvernement du Canada. Selon la Coalition, ce sont l’expertise des chercheurs et les connaissances issues des projets de recherche qui sont directement menacées.

En tentant de faire voter à toute vitesse le projet de loi C-38, le gouvernement canadien cherche à faire taire les critiques sur chaque article de la loi en les noyant dans plus de 400 pages indigestes. Par exemple, la Loi sur les pêches et sa notion de protection de l’habitat du poisson, une des rares mesures règlementaires efficaces pour protéger le milieu aquatique au Canada, sera considérablement modifiée. Mais en affaiblissant cette loi, comment garantira-t-on la qualité de l’eau et de l’environnement aquatique? Les nouvelles modalités ne sont pas encore précisées. « N’oublions pas qu’en protégeant l’habitat du poisson, la qualité de l’eau ou encore les milieux humides, c’est ultimement notre eau potable que nous protégeons et donc, la qualité de l’habitat des humains! » déclare Martine Chatelain, présidente d’Eau Secours!

Par ailleurs, l’Institut Maurice–Lamontagne (IML) de Pêches et Océans Canada, est touché par ces coupes. Ce centre de recherche en sciences de la mer a comme mandat l’écotoxicologie, laquelle consiste en l’étude des contaminants, par exemple les hydrocarbures, sur l’eau, la chaîne alimentaire et les espèces vivantes. Ces études essentielles le sont d’autant plus dans le contexte d’une possible et prochaine exploitation du pétrole ou des gaz de schiste sur l’île d’Anticosti ou dans le golfe du Saint-Laurent. L’IML est aussi le laboratoire chargé de faire la preuve légale en cas de déversement pétrolier. Pour Eau Secours! , l’affaiblir, c’est ouvrir la porte aux dérives de l’industrie, tout en remettant en question notre expertise en cas de litige.

De plus, nous avons appris qu’un navire de recherche, le brise-glace Amundsen, sera loué aux entreprises privées, BP et ESSO, pour faire de la prospection pétrolière, et non plus de la recherche. Pourtant, devant les vastes projets d’exploitation de nos ressources naturelles dans le nord, n’est-il pas plus qu’urgent d’étudier les impacts environnementaux qu’auront ces nouvelles entreprises sur notre eau, sur les glaces ou sur nos nappes d’eau souterraines?

« Toute exploration ou exploitation devrait se faire en toute connaissance des risques encourus pour l’eau et l’environnement. La plus grande richesse du Canada n’est pas son pétrole, mais bien son eau de grande qualité en grande quantité. En exploitant le pétrole des sables bitumineux, en favorisant l’exploitation des gaz de schiste ou de la filière nucléaire, le gouvernement canadien va à l’encontre d’une gestion responsable des ressources en eau du Canada et de son rôle de fiduciaire du bien commun » ajoute Martine Chatelain.

Le gouvernement Harper semble vouloir faire taire toute opposition scientifique structurée. Cela n’augure rien de bon pour l’avenir de la démocratie au Canada ainsi que pour la sauvegarde de l’eau et des milieux aquatiques. D’autant plus que les organismes de défense de l’environnement sont menacés de perdre leur numéro de charité. Rappelons que c’est ce numéro qui leur permet d’amasser des fonds pour poursuivre leur travail de dénonciation des mauvaises pratiques du gouvernement ou de l’industrie. L’expertise indépendante ou gouvernementale ne sera plus en mesure de répondre aux énormes moyens des industriels et du secteur privé qui tentent de faire croire qu’il n’y a aucun risque environnemental, aucun risque pour l’eau et qu’ils agissent dans le cadre d’un supposé « développement durable ». Avec tous ces changements, les opposants ne seront plus en mesure d’apporter les preuves nécessaires à un véritable débat. « Ce sont les principes mêmes de la démocratie de la société québécoise qui sont menacés » affirme Martine Chatelain.

La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau Eau Secours! incite toutes les citoyennes et tous les citoyens à faire savoir à leurs élus et au gouvernement Harper que la recherche scientifique et la protection de nos milieux aquatiques et de la qualité de l’eau sont des enjeux pour lesquels le gouvernement ne doit pas faire d’économie.

 

Source: Eau Secours!

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