La fin du monde est à espérer!

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Par Alain Lampron
BA. Psy. M. Sc. Act. Phys.


Mots-clés : Économie, fin du monde, croissance, observation de la nature

 

La fin du monde est une idée fascinante qui génère beaucoup d’angoisse et par conséquent se vend très bien. Nous l’avons vu l’an passé avec quelques productions Hollywoodiennes, puis combien de livres, de blogues et de manchettes ont traité du fatidique sujet à mesure que l’on approchait de 2012? La peur est une industrie florissante, beaucoup plus que le sexe et elle représente le moteur principal de nos religions, de nos gouvernements ainsi que des agences de marketing. Une personne qui a suffisamment peur est facilement influençable et sera prête à acheter toute croyance, idée, service ou objet susceptible de la sécuriser.

Cette fois-ci, un quasi consensus était établi autour du 21 décembre 2012, juste avant les Fêtes. Devrait-on les devancer, au cas où? Imaginez un peu l’impact sur l’économie si une vague de pessimisme venait freiner cette vitale course au magasinage! Une date précise encore une fois, mais pour ce qui est du comment; on reste flou. Toutes les hypothèses sont valables. Lorsqu’on maîtrise l’art de faire peur, on se doit d’ailleurs de toujours laisser une bonne place à l’imaginaire.

Pourtant, cette nouvelle version de la fin du monde semble déjà avoir été reléguée aux archives. Divertis que nous sommes par toutes les horreurs diffusées en direct des quatre coins de la planète, impossible de nourrir sa peur avec une seule idée, à moins bien sûr, de tomber dans une fixation symptomatique de la maladie mentale. Puis nous avons bien assez de notre fin du monde à saveur locale avec la mise de l’avant insidieuse du Plan Noir (Nord)!

Personnellement, il y a une réalité qui me préoccupe davantage. Ce n’est pas le controversé réchauffement climatique ni l’éventuelle pénurie d’eau potable, mais bien l’état actuel du système économique mondial. Je vais tenter de résumer ma perception du problème en une phrase : Pour demeurer viable, notre économie dépend entièrement de sa croissance. C’est à dire une augmentation continue et proportionnelle de la production/consommation des biens et services. Ce qui est tout simplement impossible!

Chaque entreprise est vouée à atteindre la saturation de ses marchés et  la compétition supposément à la base de l’idéologie du capitalisme ne fait qu’accélérer ce processus.

La création du « libre échangisme » et la globalisation des marchés ne représentent à mon sens que des tentatives désespérées de transformer la planète en un immense centre d’achats dans l’espoir de prolonger l’agonie, mais l’économie globale est manifestement trop essoufflée pour maintenir le rythme de croissance exponentiel qui a été créé par un manque flagrant de vision et disons-le; par avidité.

Pour maintenir la croissance et éviter l’écroulement du système économique actuel; il faut stimuler une augmentation équivalente du nombre de consommateurs.Des efforts sont déjà faits en ce sens depuis un certain temps. Par exemple en favorisant l’immigration là où le taux de natalité ne suffit pas à soutenir la croissance économique souhaitée. Puis, en transférant une grande quantité d’emplois dans des pays qui répondent à certains critères, afin de créer de nouveaux marchés à exploiter (en plus d’augmenter les profits à court terme!). Or la grande particularité de toute croissance exponentielle se situe dans le phénomène d’accélération qui lui est intrinsèque. Le problème avec une accélération continue, c’est qu’elle se termine par une forme d’explosion! Il suffit d’observer la nature ou de s’intéresser un peu à la physique quantique pour comprendre l’impasse.

Alors que se passera-t-il lorsque les marchés boursiers, après que les entreprises auront saturé tous les marchés, effectué toutes les coupures, réaménagements et tricheries possibles, ne pourront plus afficher de croissance?

Ce système est venu à un cheveu de s’écrouler complètement lors de la dernière crise financière. Les grands marchés mondiaux sont rapidement tombés un après l’autre comme un jeu de Dominos d’une fragilité incontrôlable. On l’a ressuscité in extremis par la création d’une plus grande quantité d’argent numérique, haussant du coup le taux d’endettement global. Mais une dette envers qui au juste? Qui a profité de cette crise? Qu’en a-t-on réellement appris?

Notre système économique n’est-il pas fondamentalement semblable à une de ces pyramides d’investissements (Ponzi) opportunistes déclarées criminelles et vouées à l’échec pour les mêmes raisons mathématiques, soit la nécessité d’une croissance exponentielle insoutenable?

Chose certaine, notre économie est mourante et maintenue en vie artificiellement. Mais pour combien de temps encore? Que faudra-t-il pour que nous puissions enfin travailler en « équipe » afin d’assurer la survie de l’humanité, au-delà de toute idéologie religieuse ou intérêts financiers? Je ne peux que me réjouir devant l’éclatement des scandales de corruption et la chute de certains régimes car cela indique que le maintient du statu quo est de plus en plus difficile. Nul besoin d’être prophète pour prédire la fin de ce monde, celui du capitalisme aveugle et sauvage, mais plutôt que de la craindre, espérons-là…

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