Le Collectif pour le parc du bassin de Chambly scandalisé!

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À la demande de la mairesse de Carignan, la MRC Vallée du Richelieu bafoue son schéma d’aménagement pour favoriser un promoteur. Le maire Michel Gilbert de Mont-Saint-Hilaire s’y est opposé.

Jeudi le 26 avril dernier, les élus de la MRC Vallée du Richelieu ont accepté de déroger au schéma d’aménagement pour l’adapter aux exigences d’un promoteur qui souhaite remblayer un chenal écologiquement très sensible, pour construire une rue d’accès au boisé de l’île au Foin qu’il compte bâtir. Cette demande a été apportée à la table des maires par la mairesse de Carignan. La population et le milieu s’étaient pourtant exprimés sans ambiguïté, en faveur de la sauvegarde de l’écosystème précieux et unique du bassin de Chambly. Par milliers, à travers un référendum municipal à Carignan et une pétition parrainée au plus haut niveau sur le site de l’Assemblée nationale du Québec, les citoyens, accompagnés par les villes riveraines (dont Carignan), leurs députés fédéral et québécois, ainsi qu’un grand nombre d’organismes environnementaux et socio-culturels, demandaient la protection de ces milieux.

Malgré ces demandes sans équivoques, et les représentations du Collectif, ce dernier déplore que les maires aient décidé de déroger, envers et contre tous, aux droits de la collectivité citoyenne unanime, selon lui clairement inscrits dans la loi et la réglementation, pour ne favoriser qu’une seule option. Cela aboutira à la destruction de l’écosystème des îles de Carignan, et, par le même fait, de la proposition de création d’un parc de conservation.

«La MRC, sous l’impulsion de la mairesse de Carignan, a décidé de privilégier le projet d’un individu au détriment de celui de tous les citoyens de la région, leurs électeurs. Est-ce bien légitime? « C'est au gouvernement de mettre ses culottes» clame haut et fort la mairesse. Pourtant, personne ne lui a demandé d’acquérir ou d’exproprier, mais de protéger, de sauvegarder, et surtout de faire honneur à son appui donné au Collectif. Il n'est généralement pas très glorieux, d’imposer aux autres les décisions qu’on n’a pas eu le courage de prendre soi-même! Au Collectif, nous allons, maintenant, tenter de réparer ce qui pourrait devenir un véritable gâchis écologique, en poursuivant nos démarches auprès de décideurs un peu plus concernés, convaincus et éclairés.» de commenter, perplexe, Jean- Marie Balard, co-porte parole du Collectif.

Le Collectif avait fait, jusqu’au dernier moment, des représentations bien documentées auprès de la MRC pour l’amener à ne pas déroger de son schéma d’aménagement, en insistant sur les règlements qui le régissent : ses orientations et objectifs priorisant la sécurité du public, le frein au déboisement et à la destruction des milieux naturels. La carte des grandes affectations du territoire du Schéma d’Aménagement Régional affiche une conservation de type 1 (le plus précieux écologiquement) pour les chenaux qu’on veut, maintenant, remblayer et détruire. Les seules autres «conservations de type 1» de la région sont le Mont St-Hilaire, les îles de St- Marc, et le Mont Rougemont.

Après les inondations de 2011, le Collectif en a appelé à la responsabilité sociale des élus. Cet écosystème, dont le principal rôle est de retenir le trop plein d’eau printanier, est inestimable. Sa destruction est indéfendable, selon le Collectif. Quel hydrologue, en effet, peut prédire avec précision la date du prochain désastre ? Seul le déferlement de la nature, dans son immuable incertitude, peut répondre à cette question. Les chenaux représentent une réelle etunique soupape de sécurité en période de crue de la rivière l’Acadie, et du ruisseau Massé. L’écosystème du bassin de Chambly atténue sensiblement les risques d’inondation.

« En remblayant les chenaux, malgré l’aménagement de ponceaux, et en bâtissant les îles, on recrée, à terme, l’aggravation des risques d’inondation. Ainsi, l’eau des crues, ne pouvant plus circuler librement dans les creux des chenaux et des îles, sera davantage détournée vers St-Basile, McMasterville, Beloeil, Mont-Saint-Hilaire, et affectera tout le reste de la vallée. Son débit accéléré risque d’accentuer l’érosion des berges, élément déclencheur important des glissements de terrains dans une zone fragile et argileuse dépassant le seuil de rétention d’eau du sol, sans parler des inondations. » s’inquiète Stéphane Faille, géographe, et représentant du Collectif à Saint-Mathias-sur-Richelieu.

Le Collectif déplore l’incohérence de la MRC par rapport aux orientations de toutes les instances qui régissent la vie municipale et régionale. Le gouvernement vient de faire un nouveau tracé des berges inondables du haut Richelieu afin de laisser à la rivière un espace naturel pour accueillir les variations saisonnières de l’eau. Le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), récemment adopté, contient cinq recommandations visant la protection des milieux naturels et des paysages, ainsi que la création d’une «trame verte et bleue». Le Collectif constate qu’en appuyant la demande de la mairesse Lavigne, la MRC s’est mise en opposition avec toutes ces recommandations.

Aucune analyse d’impact indépendante n’a été réalisée avant la recommandation de cette dérogation. Seules les affirmations de spécialistes payés par le promoteur, ont été considérées.

« Le préfet Gilles Plante a déclaré que lui et ses collègues « ont voté avec leur tête et pas avec leurs tripes». Pour ma part, j’estime qu’ils n’ont voté ni avec leur tête, ni avec leurs tripes! S’ils avaient voté avec leur tête, ils auraient respecté les orientations et les objectifs de leur propre schéma d’aménagement concernant la sécurité du public, la protection des boisés et des milieux fragiles. Ils auraient aussi maintenu le statut de conservation de type 1 qu’ils ont accordé aux chenaux des îles de Carignan, et respecté le Plan directeur de l’eau du Comité de valorisation du bassin versant du Richelieu, le COVABAR. Ils auraient également endossé le PMAD et ses recommandations de protéger les milieux naturels. Enfin, ils n’auraient pas créé un précédent qui leur enlève tout argument contre les exigences futures des promoteurs. » conclut, indignée, Lorraine Moquin, co-porte parole du Collectif.

 

Source: Collectif du parc du bassin de Chambly

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