Les ONG craignent d’importants reculs pour la santé des femmes

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Par Jessica Nadeau


Mots-clés:  droit reproductif des femmes, Le futur que nous voulons, DAWN, ONU Femmes, Amnesty International, Human Rights International

 

UN Women Leaders Forum at Rio+20
Anita Nayar, membre du groupe de défense DAWN. Photo de UN Women/Fabricio Barreto.  
Des groupes de pression représentant les intérêts des femmes et les droits de la personne s’inquiètent du retrait d’un passage faisant mention du droit reproductif des femmes dans les textes officiels qui sont présentés aux chefs d’État.  

« Il devient évident que certains pays se lancent dans une guerre faite aux droits des femmes », affirme Anita Nayar, membre du groupe de défense DAWN.

Elle réagissait mardi, dans le cadre de l’évènement parallèle Le futur que les femmes veulent, au dernier document de travail qui a été obtenu à l’arraché par les négociateurs dans la nuit de lundi à mardi. Ce brouillon sert de base de travail pour les négociations avec les chefs d’État qui ont débuté mercredi.

Le document, intitulé Le futur que nous voulons, sera signé par les chefs d’États présents et deviendra l’héritage de Rio+20.

Or, au grand déplaisir des ONG, un certain nombre d’éléments ont été retirés du document à la dernière minute. Les négociateurs n’arrivaient pas à s’accorder pour un texte précédent l’arrivée des premiers dirigeants des pays.

L’un de ces éléments retiré fait directement référence au droit reproductif des femmes.

« Ils ont osé enlever ce segment, prétendant que ce n’était pas en lien direct avec le développement durable. Ceci est outrageux! Nous ne pouvons pas laisser nos gouvernements s’en tirer ainsi », s’est exclamée Mme Nayar.

Elle s’inquiète notamment pour les millions de femmes qui n’ont toujours pas accès à la pilule contraceptive ou à l’avortement et qui voient ainsi leurs droits bafoués.

Pour elle, la santé reproductive des femmes est en lien direct avec le développement économique, l’environnement et l’aspect social. Ces trois piliers doivent être respectés pour parler de développement durable.

Si l’on retire des droits aux femmes – ou, du moins, si on n’en fait pas mention dans des documents officiels, ce qui leur enlève une certaine légitimité – le critère humain dans le développement durable n’est pas respecté.

« Rio+20 doit permettre de réaffirmer nos engagements passés, ça ne devrait pas ouvrir la porte à des régressions », s’insurge Lakshmi Puri, directrice adjointe de ONU Femmes.

 

Une « furieuse alliance » avec le Vatican

Amnesty International s’inquiète également de ce que l’on considère un recul important. «En me remettant à l’époque de 1992, ici même à Rio, j’imaginais que 20 ans plus tard je serais en train de célébrer nos victoires acquises au fil du temps », raconte Atila Roque, directeur de la section brésilienne.

« Mais, dans les derniers mois et plus particulièrement dans les derniers jours et les dernières heures, ce que je vois, ce sont des attaques violentes aux acquis que nous avions faits. »

Il dénonce la « furieuse  alliance » de certains gouvernements – le G77 – avec le Vatican pour faire enlever des textes finaux la référence explicite aux droits reproductifs qui sont à la base de la démocratie et de l’empowerment des femmes.

« C’est très inquiétant tout cela. Et on ne parle pas de quelque chose de révolutionnaire, on parle de santé reproductive, un acquis qui est reconnu dans de multiples traités internationaux! », ajoute-t-il.

Même discours du côté de Human Rights International. Le directeur européen, Jan Egeland, dénonce la mollesse des pays impliqués dans les négociations, dont celle du Canada. « Les autres pays auraient dû empêcher cela et livrer bataille! Mais ils ont laissé faire, ils ont fermé les yeux comme si cela n’avait aucune importance », s’insurge-t-il ave véhémence.

 
Source: GaïaPresse
 
GaïaPresse a pu envoyer la journaliste Jessica Nadeau à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio au Brésil grâce à un soutien financier du Gouvernement du Québec. 

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