Un tribunal des femmes contre l’exploitation pétrolière

0

Par Jessica Nadeau


Mots-clés : Delta du Niger, Nigeria, Mouvement des femmes pour la paix et le développement dans le Delta du Niger

 

Delta du Niger vue de l'espace. Photo de Wikimedia Commons. 

Caroline Usikpedro Omoniye habite le Delta du Niger sur la côte Atlantique, au sud du Nigeria. C’est le plus important milieu humide de l’Afrique. C’est également une région à risque pour les changements climatiques en raison de l’augmentation du niveau des océans.  C’est aussi un réservoir de pétrole convoité.

« Lorsque la compagnie pétrolière Shell s’est installée dans la région en 1956, la communauté s’est réjouie », raconte Caroline aux centaines de femmes de toute origine réunies pour parler de condition féminine dans le cadre du Sommet Rio+20.

« L’exploitation pétrolière était vue comme une bénédiction, mais c’est vite devenu une malédiction », poursuit-elle.

Rapidement, il a commencé à y avoir des déversements accidentels. « En moyenne un par semaine », dit Caroline Usikpedro Omoniye. Dans un environnement aussi fragile que le Delta du Niger, les conséquences ont été catastrophiques.

Les rivières sont polluées, privant d’eau potable certains villages. « La pollution de la rivière Nun, seule source d’eau potable pour le village de Odi, a gravement affecté la qualité de vie des femmes et des enfants. Elle a exacerbé la pauvreté, les problèmes de santé et la mortalité infantile », enchaîne-t-elle.

Mais les compagnies ont le soutien du gouvernement, qui a choisi de répondre par les armes. « Le coût humain de ces conflits est très élevé, et principalement porté par les femmes et les enfants qui sont perçues comme des cibles de choix pour les belligérants et les gangs criminels. »

Elle décrit les femmes du Niger comme des victimes perpétuelles de discrimination, tant à la maison que dans les institutions politiques et économiques. « Chez nous, dans les régions rurales, les femmes sont faites pour être vues, mais jamais entendues. »

Devant tant d’injustice, elle a créé le Mouvement des femmes pour la paix et le développement dans le Delta du Niger.

Son organisation a réussi à instaurer, en 2009, un tribunal des femmes. Elle a aussi permis de mettre sur pied des audiences publiques pour discuter des droits des femmes, de changements climatiques et de la situation particulière des femmes du Delta du Niger.

« La multinationale pétrolière qui opère dans la région du Delta du Niger et le gouvernement fédéral du Nigeria ont largement contribué à la situation de pauvreté et de dégradation environnementale dans la région. Et ce sont principalement les femmes qui en sont affectées », conclut-elle.

 

Source: GaïaPresse

 

GaïaPresse a pu envoyer la journaliste Jessica Nadeau à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio au Brésil grâce à un soutien financier du Gouvernement du Québec. 

Partager.

Répondre