L’histoire du «gars de la construction» qui voulait se mêler d’environnement

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Par Marie-Eve Cloutier


Mots-clés : Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, 30e anniversaire, André Bélisle

 

Image: Blogue AQLPA

L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique fête ses 30 ans d’existence en ce mois de juillet 2012. Fondée en 1982 par son président, M. André Bélisle, l’AQLPA dresse un bilan de ses grandes victoires, mais se souvient également de son parcours qui ne fût pas sans embuches. Pour l’occasion, André Bélisle a commencé la rédaction des mémoires de l’AQLPA (dont il est déjà possible d’en lire un extrait en cliquant ici.) Entrevue avec le «gars de la construction» qui voulu un jour se mêler d’environnement.

 

Pourquoi avoir créé l’AQLPA?

« J’ai toujours été proche de la nature. Durant les vacances, je me retrouvais souvent à la campagne. Quand j’étais « ti-cul », j’allais à la pêche dans le coin de Rivière-à-Pierre dans Portneuf. Je mettais la ligne à l’eau et je sortais mon quota de truite chaque jour. Dans les années 1980, il n’y en avait plus de truites à l’endroit où j’allais pêcher. J’ai appris plus tard que c’était imputable aux pluies acides. J’ai vite réalisé que si l’on ne faisait rien, tout était foutu, mais que si l’on décide de régler ces problèmes environnementaux, tout allait être sauvé. C’est devenu une espèce d’obsession joyeuse. »

 

Est-ce maintenant plus facile de sensibiliser les gens à la cause environnementale?

« Oui, tout à fait. Quand j’ai commencé, j’avais des menaces. Parler d’environnement était ridicule. Puisque je suis un gars qui provient du domaine de la construction, j’avais été très mal reçu par les écolos de l’époque. On me disait « qui es-tu pour te mêler d’environnement ? », comme s’il fallait absolument avoir une maîtrise en environnement pour participer à ce débat. Je disais à ces gens que si ce sont les écolos qui sensibilisent les écolos, on n’ira pas loin ! Il faut convaincre le reste du monde. C’est ce que nous avons fait à l’AQLPA. Nous avons mené les batailles les plus graves et les plus difficiles de l’histoire du Québec, et nous les avons toutes gagnées. »

 

En 1991, une mauvaise publicité visant indirectement l’AQLPA a coupé les vivres de l’association, menaçant sa survie. Avez-vous perdu espoir à ce moment là ?     

« Ma blonde – qui était une bénévole à l’époque – et moi, nous sommes les deux seuls qui avons toujours gardé espoir. On avait six bureaux dans la province et tout s’est effondré, à la suite de la publicité diffusée dans le New York Times, concernant le développement de la Baie James. Je ne voulais pas que l’on ferme les livres de l’AQLPA sans avoir remboursé tout le monde. Alors j’ai travaillé comme un esclave pendant quatre ans dans le bois afin de régler toutes les dettes de l’AQLPA. On a voulu saisir ma maison plusieurs fois, nous couper le courant et le téléphone, car on n’avait pas d’argent. Mais, j’ai toujours dit qu’il y avait un bon Dieu pour les innocents. »

 

Quels sont les dossiers sur lesquels l’AQLPA compte se pencher dans les années à venir ?

« On va se rendre compte que les problèmes de pollution de l’air sont beaucoup plus sérieux qu’on ne le pense et qu’il faut agir de façon beaucoup plus résolu. Un être humain peut se passer de manger pendant environ 40 jours et se passer de boire pendant 7 à 10 jours. Essayer donc par contre d’arrêter de respirer pendant trois minutes ? Il est temps en 2012 de se débarrasser des combustibles fossiles. On en a les moyens, mais nous sommes confrontés à des lobbys. Mais, l’espoir réside dans l’action. Si on ne fait rien, c’est sûr que ça va aller mal. Si l’on fait quelque chose, il y a des chances que ça aille bien. Il faut essayer. »

 

Source : GaïaPresse

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