La Gaspésie laissée pour compte par les libéraux

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Par Mathieu Drouin Crête
Bachelier en science politique, analyste et commentateur politique


Mots-clés : Élections provinciales, Gaspésie, enjeux environnementaux, Parti libéral du Québec

 

Le vote s’en vient, tout le monde le sait, mais est-ce que le monde sait que la question environnementale est pratiquement sortie du débat politique? Les candidats y vont d’une déclaration ici et là, mais concrètement rien n’a vraiment été promis pour nous rassurer. Mais si l’on y va par parti et que l’on analyse un peu ce que les plates-formes proposent, rien de bien joyeux ne nous saute aux yeux. Il n’y a que Québec Solidaire qui tente d’inverser la tendance à l’hyper-développement. Mais voyons voir ce qu’ils ont à nous proposer.

Commençons avec les libéraux de M. Charest, ces derniers après huit ans de pouvoir en sont venus à la conclusion que pour développer une région, il fallait développer le potentiel énergétique de façon à valoriser l’entreprise privée. Pour les partisans libéraux, l’entreprise privée détient toute l’expertise pour exploiter correctement nos ressources naturelles, le gouvernement faisant confiance à l’éthique des compagnies et aux structures de contrôle existantes, ce dernier ne s’attend qu’à négocier des ententes de principes avec chaque entrepreneur pour ainsi négocier les redevances sur les profits faits sur le territoire. Il va aussi de soi que des exemptions de taxes (incitatifs à l’entreprenariat) seront mises de l’avant pour permettre aux entreprises de bien exploiter nos ressources minières, forestières et gazières pour ainsi les exporter vers d’autres pays. Le gouvernement libéral veut tellement bien faire, durant son mandat, qu’il donne des permis avant même que les études de faisabilité soient dûment finalisées. Une telle attitude donne lieu à des situations qui peuvent devenir explosives. Elle engendre des conflits de villages, entre les citoyens pour le développement et contre ceux qui demandent des moratoires et des études, mais aussi des conflits entre l’entreprise et les citoyens qui s’opposent. Il n’est pas rare de voir lors des assemblées municipales des prises de bec menant jusqu’aux coups. Cette attitude de laisser-faire permet à des compagnies tel Pétrolia, Orbite ou la prochaine cimenterie de Port-Daniel, par exemple, de s’établir et à commencer à exploiter la ressource avant que tout soit socialement accepté. Ce qui n’est pas très démocratique, on s’entendra!

Les libéraux valorisent aussi l’entreprise privée, ça tout le monde le sait, mais cette façon de faire est très loin de nos problèmes régionaux. Ces derniers sont énormément centrés sur, justement, de trop nombreuses délocalisations d’entreprises dans les vingt dernières années. Bien que ces entreprises ne fussent en rien écologiques, elles permirent aux villages de se développer et de prospérer relativement bien. Donc, en ramenant l’idée que l’entreprise privée viendrait revamper notre économie n’est qu’un leurre pour que la majorité «silencieuse» espère encore une reprise économique. Vous me direz ici que je m’éloigne du fait environnemental en parlant de délocalisation, mais je vous dirai que tout est lié. J’y reviendrai plus loin. 

Les libéraux ne sont pas de monstres, ils ont tout de même respecté quelques engagements qu’ils avaient promis de faire comme réduire les GES (gaz à effet de serre). Cependant, la majeure partie de leur plan vert (PACC ou plan d’action contre les changements climatiques) tourne autour de ces réductions et des moyens pour y arriver. En Gaspésie, le problème des gaz à effet de serre n’est pas notre priorité, bien qu’ils soient dans notre mire, nous avons encore énormément d’arbres et la mer à côté pour absorber l’impact de notre utilisation, mais nos problématiques sont beaucoup plus reliées à l’exploitation des ressources gazières sur notre territoire. Masi encore là, les promesses que nous font les libéraux ne sont pas de ce qui a de plus rassurant. Pour eux, valoriser d’un côté l’éolien et de l’autre le gazier n’est aucunement contradictoire, car nous devons nous nourrir à même les mamelles des redevances pour refinancer notre plan écologique. Ce qui se tient dans leur logique. Mais qu’en est-il vraiment? Sommes-nous si en manque d’énergies? N’avons-nous pas assez d’alternatives pour diminuer notre dépendance au pétrole? 

Lorsque nous regardons le PACC ou les autres plans d’action complémentaire à ce dernier, nous pouvons comprendre que le gouvernement sortant ne veuille en rien s’investir concrètement dans la recherche et le développement d’alternatives écologiques. Il ne veut que pallier aux problèmes déjà existants et faire en sorte que chaque citoyen fasse de même. C’est simplement une déresponsabilisation gouvernementale pour une individualisation du problème! Dans nos régions éloignées des grands centres urbains, le réflexe écologiste n’a pas encore été complètement secoué, il reste encore plusieurs sources de problèmes à venir : les randonnées en motoneige en sont un exemple frappant. De même que le sous-financement des structures récupératrices ou de compost. Les libéraux se dotent de beaux plans verts, mais sont-ils réellement capables d’assumer financièrement de telles actions? Je ne crois qu’en injectant si peu d’argent dans des programmes de si grandes envergures que ces derniers se réaliseront. (Voir ici la subvention 2,66 M$ pour le projet PILE–projet d’initiatives locales en Environnement– en mode préélectoral pour l’ensemble du territoire) Mis à part des projets d’ordre nationaux rien de concret pour notre région qui elle récoltera les miettes encore une fois. 

Les initiatives régionales du gouvernement dans ses deux derniers mandats se sont faites rares ou lorsqu’il y en avait, bien, elle allait en contradiction avec les orientations énergétiques du même gouvernement. Si jamais vous pensiez voter pour ce parti, je vous conseille de bien penser aux conséquences de l’ensemble de leurs projets de développement.  

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