Vente d’électricité aux États-Unis : Le Québec se prive de millions en revenus supplémentaires

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Hydro-Québec se prive de revenus estimés à 263 M$ par année que paierait notamment l’État de New-York pour l’achat d’électricité verte si elle persiste à ne pas prendre un virage vert. Ce virage doit être pris pour obtenir la prime offerte par le Renewable Portfolio Standard aux fournisseurs d’électricité verte par de nombreux états américains. Cette prime est de l’ordre de 3 cents par kilowattheure. Mais il faut pour cela mettre en place un portefeuille d’électricité provenant des sources reconnues aux États-Unis, telles que l’éolien, le solaire, le biogaz ou la biomasse de seconde génération. L’électricité verte exclut généralement celle provenant des barrages hydroélectriques à réservoir ou les barrages sans réservoir ayant une capacité de plus de 30 MW. Le premier ministre Charest aurait dû discuter de la mise en place d’un tel portefeuille lors de sa rencontre avec les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada à Burlington les 29 et 30 juillet dernier.

Le gouvernement rate une importante occasion d’affaires en omettant l’exportation d’électricité verte vers les États-Unis. C’est ainsi que l’État de New-York, conscient des impacts sociaux et environnementaux de la consommation d’énergie, a statué dès 2004 sur les critères d’éligibilité et verse depuis 2005 une prime aux fournisseurs d’électricité verte. Il s’est engagé à s’approvisionner en énergie verte à la concurrence de 30 % de sa consommation d’ici 2015 et effectue à chaque année des appels d’offres pour se doter d’un portefeuille complet.

Joshua S. Verleun, investigateur en chef du groupe environnementaliste Riverkeeper basé à New York, confirme que le New York Public Service Commission distingue clairement l’énergie verte de l’énergie renouvelable en excluant la grande hydraulique et en étudiant les petites centrales sans réservoir au cas par cas. Selon le US Energy Information Administration, l’hydroélectricité produit selon le cas des impacts négatifs non seulement sur l’écosystème des rivières harnachées ou des terres inondées, mais aussi sur l’environnement de la région : les barrages obstruent la migration des poissons, modifient considérablement l’écologie et les caractéristiques physiques des rivières en amont et en aval et ce jusqu’au delta, causent l’inondation de forêts, de terres agricoles et de sites archéologiques et forcent la relocalisation de populations locales.

Par ailleurs, un projet de ligne de transport à haute tension sous-fluviale de 1 000 MW pouvant notamment acheminer des surplus d’électricité du Québec vers l’État de New-York (le projet Champlain Hudson Power Express) est également à l’étude. Ce projet s’ajoute aux capacités d’exportation des lignes actuelles estimées à 4 000 MW et peut constituer une opportunité importante de vendre de l’électricité verte et ainsi réduire les pertes qu’engendrent les exportations actuelles de la simple hydroélectricité. C’est ainsi que la vente de 1 000 MW avec une prime de 3 cents/kWh rapporterait 263 M$ annuellement. Cette prime varie légèrement selon les conditions de marché et la quantité totale d’électricité verte rendue disponible et qui devra être comptabilisée pour chaque source de production.

Au Québec, le producteur d’électricité Énergie renouvelable Brookfield, qui détient des installations dans l’Outaouais, tire déjà profit de la prime. Cette société a en effet répondu à un appel d’offres en 2009 et fournit 7 MW à profit accru.

Le Québec dispose déjà de ressources en électricité verte reconnues, notamment avec une puissance de plus de 1 000 MW en production éolienne déjà en opération représentant environ 350 MW de puissance moyenne en continu avec un facteur d’utilisation moyen de 35 % puisque les éoliennes ne produisent pas continuellement à pleine puissance. Cette capacité de production d’électricité d’origine éolienne s’élèvera à plus de 3 000 MW d’ici 2017 pouvant produire les 1 000 MW proposés.

Plusieurs autres sources de production à plus petite échelle peuvent aussi être accréditées afin de respecter les critères américains. Il faut toutefois qu’Hydro-Québec et le gouvernement du Québec prennent la décision de constituer ce portefeuille et prennent entente avec les producteurs actuels.

Un leadership s’impose en cette période électorale pour que cette réelle opportunité d’affaire et écologique se concrétise. Nous pourrons alors éponger en partie les pertes encourues par Hydro- Québec à exporter de l’électricité à un coût inférieur à son coût de production.

 

Source: Fondation Rivières

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