Gaz de schiste : les tensions s’exacerbent

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Par Daphnée Hacker


Mots-clés : Parti Québécois, Martine Ouellet, gaz de schiste, comité interrégional gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL), l’Association pétrolière et gazière du Québec, comité d’Évaluation environnementale stratégique (ÉES), Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE)

 

Le gouvernement du Parti Québécois est à peine en place qu’il vacille déjà à chaque rebondissement concernant l’exploitation et l’exploration des gaz de schiste, de nouveau au cœur d’une bataille féroce entre ses adhérents et ses opposants sur la place publique.

Du côté militant, les opposants à l’industrie du gaz de schiste peaufinent des stratégies pour s’assurer que le gouvernement Marois mettra réellement en pratique ses annonces. « La première ministre nous a laissé un goût amer en évitant de dire si le moratoire sera permanent », a lancé Pierre Bluteau, coordonnateur au comité interrégional gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL).

Afin d’encourager la volonté politique, le RIGSVSL prévoit diverses actions, telles que la création d’un comité de veille médiatique qui assurera des réponses publiques rapides aux opposants du moratoire annoncé jeudi dernier, par la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet, à peine 24 heures après avoir été nommée.

Se voulant bien claire, la ministre a dit vouloir sceller le sort des gaz de schiste en implantant un moratoire complet.

La réplique de l’industrie n’a pas tardé, sous la forme d’un communiqué signé par Lucien Bouchard, président de l’Association pétrolière et gazière du Québec depuis plus d’un an.

De nombreux mouvements citoyens se sont réunis à Drummondville pour souligner la Première Journée internationale contre la fracturation. Photo du RIGSVSL – Tous droits réservés

 

Début des hostilités avec les ex-péquistes

L’ex-premier ministre du Québec a réagi virulemment à l’annonce de Mme Ouellet, qui veut, dit-t-il,  changer le mandat du comité d’Évaluation environnementale stratégique (ÉES) afin qu’il soit pris en charge par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Cette annonce « sème la confusion », selon M. Bouchard, étant donné que c’est le BAPE lui-même qui avait suggéré le lancement d’une étude externe. Rappelons que la création de l’ÉES a entraîné la suspension de toute activité industrielle jusqu’à la remise du rapport, prévue pour 2013.

Sans préciser le sort qu’elle réservait à l’ÉES, la ministre Ouellet a surtout critiqué la composition du comité, qui comprend divers experts et un membre de l’industrie, en affirmant que le renvoi du dossier au BAPE permettrait une vision plus « impartiale ». Elle a aussitôt ajouté qu'elle ne « voyait pas le jour » où l'exploitation du gaz de schiste serait « sécuritaire ».

Un autre ex-leader péquiste, André Boisclair, s’est prononcé sur les déclarations de la ministre, les qualifiant d’« inappropriées ». Celui qui agit à titre de consultant pour la gazière albertaine Questerre a tenu des propos semblables à ceux de M. Bouchard.

« Le gouvernement a-t-il déjà conclu d'imposer de toute façon un moratoire permanent aux gaz de schiste, peu importe les résultats des études en cours ou à venir? ». Il y a moyen d’utiliser des techniques sécuritaires, « comme c’est le cas en Alberta », a-t-il rétorqué, rappelant au passage que la province de l’Ouest canadien récolte plus de 2 G $ par année sur les exportations de gaz destinées au Québec.

 

Les opposants ripostent

« Les lacunes technologiques de l’exploitation sont trop grandes », a affirmé Marc Durand, un ingénieur-géologue retraité de l'UQAM qui a été consulté par l’ÉES. « À titre d’exemple, les techniques actuelles d’extraction ne permettent de récupérer que 20% du gaz qui sort des roches fracturées par de l’eau et des additifs chimiques. Il reste en fin d'exploitation encore 80% du méthane qui continuera à se libérer lentement du gisement rocheux et pourra à moyen et long terme devenir source de nombreux risques pour l’environnement, l’agriculture et la santé, sans assurer un bénéfice économique ».

M. Durand salue la forte conviction de Martine Ouellet de vouloir mettre un frein définitif à l’industrie des gaz de schiste. « En plus d’être ingénieure et de comprendre les risques techniques, elle suit le dossier depuis des années en tant que députée en Montérégie. C’est un ensemble de considérations qui motivent sa décision », précise-t-il.

 

Source: GaïaPresse

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