La faible règlementation fédérale en matière de charbon crée un dangereux précédent

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En annonçant le 5 septembre dernier la version finale de sa règlementation entourant l’industrie du charbon, le gouvernement Harper a démontré une fois de plus son odieuse irresponsabilité face à la crise climatique.  Plusieurs groupes environnementaux canadiens considèrent que cette règlementation, attendue depuis longtemps, ne permettra pas de réduire de manière importante les impacts de la production d'électricité au charbon.

La règlementation déposée le 5 septembre dernier a été drastiquement affaiblie en comparaison à la première version présentée l’été dernier. Rappelons que celle-ci avait déjà été vertement critiquée à ce moment par la société civile pour son manque d’ambition. La nouvelle politique donne un passe-droit à l’industrie du charbon pour polluer gratuitement pour les 50 prochaines années. Évidemment, cette règlementation aura un impact minime sur les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) du gouvernement Harper d’ici 2020 et représente une occasion manquée d’assumer nos responsabilités et d’améliorer la qualité de l’air et la santé publique.

« Le charbon est la source de gaz à effet de serre qui est la plus facile à éliminer puisqu’il existe de nombreuses alternatives plus propres et qui sont plus avantageuses au point de vue économique », explique Keith Stewart, chef de campagne Climat et Énergie chez Greenpeace Canada. « Si le gouvernement fédéral est prêt à réduire et affaiblir sa règlementation sur le charbon à ce point, les représentants du lobby du pétrole doivent sourire en ce moment tout en affutant leurs couteaux », ajoute-t-il.

La règlementation fédérale sur le charbon représente les premiers efforts de la part du gouvernement pour atteindre ses objectifs peu ambitieux de réduction d’émission de GES. Le gouvernement utilise l’approche « secteur par secteur » pour règlementer les pollueurs industriels, une approche qui soulève des préoccupations quant à sa réelle efficacité pour réduire les émissions de GES. Cette première tentative pour règlementer l’industrie du charbon démontre que les préoccupations sont bel et bien justifiées.

« S’il y a encore des Canadiens qui se demandent si ce gouvernement se soucie réellement de l’environnement, cette nouvelle devrait les convaincre », explique Patrick Bonin directeur climat-énergie à l’AQLPA. « Cette règlementation n’est qu’encore plus de poudre au yeux lors d’une année qui passera à l’histoire comme étant celle où le gouvernement Harper a bradé notre futur et notre environnement pour développer des énergies sales qui datent du dernier siècle ».

« La barre ne pourrait être mise plus basse pour ce gouvernement lorsqu’il s’agit d’agir pour le climat et de mettre en place des politiques énergétiques », déplore Christian Holz directeur général du Réseau action climat Canada. « La mise en place de cette règlementation représentait une opportunité pour démontrer le sérieux du gouvernement Harper quant à la lutte aux changements climatiques, et il l’a complètement manqué. Il a jugé bon de présenter une politique qui était 50% moins efficace que la première règlementation qui était déjà très peu ambitieuse », ajoute-t-il. « Il faudra même attendre en 2062 avant que cette règlementation ne s’applique à l’ensemble des centrales au charbon du Canada, c’est même dur à croire ».

La société civile a eu la chance de commenter les bases de la règlementation en 2011 et l’engagement du public a été sans précédent. En effet, plus de 5000 personnes ont soumis des commentaires dans le cadre du processus de consultation dans lesquels ils demandaient au gouvernement de renforcer la règlementation. Plusieurs commentaires soulignaient le modèle fort ambitieux de l’Ontario, qui vise à éliminer complètement les centrales au charbon, et duquel le gouvernement devrait s’inspirer. Rappelons que le charbon est l’une des énergies fossiles les plus polluantes et sa combustion représente en ce moment 11,5% des émissions canadiennes de GES.

 

Source: AQLPA

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