Se soigner comme un chimpanzé!

0

Par Marina Tymofieva


Mots-clés : Grands singes, déforestation, médicaments, santé humaine

 

Sabrina Krief et son équipe ont fait une découverte majeure. Les chimpanzés sont capables de se soigner.  Mieux, en s’inspirant de leurs pratiques d’automédication, les Hommes pourraient mettre au point de nouveaux remèdes contre des maladies telles que le paludisme et même le cancer. Mais en aurions-nous le temps, sachant que toutes les espèces des grands singes (mise à part les Hommes), sont menacés d’extinction?

Tel était le sujet de la conférence que la vétérinaire et maître de conférence au Muséum National d'Histoire Naturelle est venue présenter au Biodôme de Montréal.

 

Des nouveaux médicaments grâce aux chimpanzés?

Certains comportements des chimpanzés sont très semblables aux nôtres. Il s’agit notamment d’utilisation d’outils, des mimiques, mais également la danse ou le jeu. C’est ce qui rend les grands singes si touchants.

Aprèsdes années d’observations, l’équipe de chercheurs dont Sabrina Krief fait partie, a également constaté que les chimpanzés consomment des aliments « inhabituels » à des moments particuliers.

Ainsi, un jeune chimpanzé a été surpris en mangeant des feuilles rugueuses d’un arbre, qu’il pliait en deux dans le sens de la longueur, puis les roulaient. Il s’agit en fait d’un usage mécanique de la feuille qui, en descendant la paroi intestinale, emporte des parasites du tube digestif avec elle. Autre exemple, la consommation de feuilles de Trichillia rubescens lors des crises de paludisme. L’analyse de ces feuilles a permis aux pharmaciens chercheurs de mettre à jour une toute nouvelle molécule ayant des propriétés anti paludiques. Les recherches sont en cours pour un éventuel médicament destiné aux humains.

 

Des espèces fragiles  

L’observation des grands singes est ainsi très précieuse pour la santé humaine. Mais qu’observera-t-on dans quelques années, alors que toutes les espèces des grands singes sauvages sont en danger d’extinction?

Les chimpanzés, par exemple, sont présents dans 21 pays d’Afrique. Cet habitat non continu rend le brassage génétique impossible. La diversité génétique des chimpanzés n’est donc pas assez importante. Cela se traduit par une plus grande vulnérabilité aux différentes maladies.

C’est également le cas pour les autres espèces des grands singes tels que les gorilles des montagnes. A titre d’exemple, lors d’une épidémie du virus Ebola (fièvre hémorragique) il y a 10 ans, 90% des gorilles des montagnes ont disparu. Il n’en reste à ce jour que 700 individus. Il est d’autant plus important de préserver les grands singes, car « protéger les grands singes, c’est aussi protéger toutes les espèces qui vivent avec eux », affirme Sabrina Krief.

 

Un habitat menacé

Les grands singes vivent essentiellement dans des forêts tropicales. Or, durant les six dernières années, l’équivalent de l’ensemble des forêts québécoises a disparu dans le monde. La déforestation est une des raisons majeures qui entraine la disparition de 32 millions de singes chaque année.  En Asie du Sud-Est par exemple, les orang-outans sont menacés d’extinction à cause de la coupe des arbres pour la plantation des palmiers à huile. Cette déforestation repousse les populations hors de leur habitat. La rencontre de deux groupes entraine des confrontations presque toujours sanglantes.

La préservation des grands singes est un enjeu majeur de notre époque, tant pour la santé de leurs habitats que pour la nôtre. S’il est essentiel de sensibiliser avant tout les populations locales à l’importance de leur protection, tout le monde peut faire la différence.

Avant d’acheter des meubles en bois exotique, ou de l’huile de palme, n’oublions pas notre santé!

 

Source: GaïaPresse

Partager.

Répondre