Trois Sherbrookois(es) reviennent inspirés d’une mission en Suède

0

En partenariat avec les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOGIQ) et l'Association Sustainable Sweden, trois jeunes professionnels sherbrookois en environnement et développement durable ont pris part à une mission de prospection en Suède dans le domaine des énergies renouvelables, de l'éco-entrepreneuriat et de l’économie durable. Antoni Daigle, chargé de projet au Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE), Michel Bélanger, conseiller en développement durable à la Société d’aide au développement de la collectivité de l’Estrie (SADC) et Isabelle Audet, conseillère technique chez Enviro-accès ont parcouru pendant 8 jours le sud de la Suède à la découverte de projets novateurs et structurants. En compagnie d’autres participants, ils ont également eu l’honneur d’être accompagnés tout au long du tour par l’économiste chilien, Manfred Max-Neef, notamment récipiendaire en 1983 du prix Right Livelihood Award, communément appelé en français « prix Nobel alternatif ».

Le lancement de la mission eut lieu à l’aéroport de Copenhague au Danemark.  D’entrée de jeu, Copenhague crée un choc important pour les âmes sensibles du transport actif et collectif. La priorité est clairement donnée aux transports actifs. D’ailleurs d’ici 2025, la Ville de Copenhague vise à ce que plus de 75% des déplacements s’effectuent à vélo et en transport en commun. Un objectif réaliste compte tenu des récents investissements importants pour la mise en place d’infrastructures cyclables sécuritaires. L’arrivée en terre suédoise fut également saisissante. Tout au long du parcours en train, les Estriens ont pu admirer plusieurs dizaines d’éoliennes. Rappelons que l’objectif de la Suède d’ici 2020 est de produire 30 TWh. Selon la puissance et les conditions de vent, 30 TWh d'énergie éolienne nécessitent à l’heure actuelle une augmentation de près de 2000 éoliennes pour porter le nombre de 3000 à 6000 sur terre et sur mer.

Le séjour était pris en charge par Sustainable Sweden Association en étroite collaboration avec l’Association suédoise des Éco-Municipalités (Sekom). Dans les différentes villes membres visitées, les participants ont pu échanger sur l’expérience de leur hôte et comprendre un peu plus le concept d’éco-municipalités. Évidemment, ces municipalités partagent une vision similaire du développement durable. Chacune d’entre elles s’appuie sur la même définition, soit celle de la commission Brundtland. Par contre, elles ne s’arrêtent pas là, puisqu’elles épousent également les 4 principes du développement durable tels que définis par le cadre de décision  « The Natural Step ». Un peu plus de 29% des municipalités suédoises ont affirmé leur désir de promouvoir le développement durable en adhérant à la Sekom en tant qu’éco-municipalité. Selon Michel Bélanger : « Il faut comprendre que les municipalités ont un grand rôle à jouer en Suède puisqu’elles évoluent dans un contexte de décentralisation et jouissent donc d’importants pouvoirs dans diverses compétences. Par exemple, les écoles, qui sont de compétence municipale, fournissent les repas aux étudiants à pratiquement tous les niveaux en prenant soin d’établir des normes de qualité et de durabilité pour les aliments offerts». Ainsi, il est fréquent de voir des écoles où plus de 30% de la nourriture est biologique.

La mission était aussi axée sur l’éco-entreprenariat. Les participants ont ainsi eu la chance de rencontrer plusieurs entrepreneurs prospères dans le domaine de l’environnement et du développement durable.  L’un d’entre eux a présenté le projet « Plus-energy House ». Cette maison entièrement rénovée est devenue autosuffisante et productrice d’énergie. Comme l’a noté Isabelle Audet : « Cette maison, qui consommait au préalable 40 000 kWh annuellement, en consomme aujourd’hui 7 500 kWh et produit pour environ 9 000 kWh d’électricité. Ceci représente un surplus de presque 2 000 kWh, un résultat très impressionnant ». De par les visites avec des ingénieurs, des manufacturiers et des promoteurs, les participants ont pu observer que la Suède comptait sur une culture entrepreneuriale mature et des entrepreneurs convaincus de ce domaine.

Si les visites ont permis d’entrevoir l’ampleur de la tâche que nous aurons à accomplir au cours des prochaines années, les discussions et le réseautage auprès d’acteurs locaux ont aussi permis d’observer une culture axée sur la concertation et la coopération. Au niveau plus local, une culture entrepreneuriale inspirante et souvent en coopération avec les autorités locales était très présente. Selon Antoni Daigle, « Il y a un parallèle à faire entre cette observation et la situation politique du pays à un niveau un peu plus macro. Étant dans un système électoral proportionnel et gouverné par des gouvernements de coalition, les Suédois sont passés maîtres dans l’art de la négociation et de la concertation ». Enfin, tout comme les partis politiques, les différents acteurs publics et privés sont davantage érigés en partenaires qu’en adversaires, et cela pour le bien-être du développement socio-économique du pays.

Les délégués Sherbrookois n’attendent plus que de mettre en oeuvre leurs acquis : « De retour au pays et inspirés par nos nombreuses rencontres, nous espérons avoir la chance de témoigner et partager notre expérience et nos observations », mentionne Michel Bélanger. Désireux de voir évoluer le Québec sur ce plan, ils demeurent toutefois conscients  du temps et du travail que demandera l’accomplissement d’un tel projet. Malgré leurs similitudes, la Suède et le Québec constituent deux entités bien différentes sur plusieurs aspects. Les méthodes et pratiques suédoises ne sont peut-être pas toutes littéralement applicables ici, mais il serait plus qu’avantageux de s’en inspirer.

 

Source: CRE Estrie

Partager.

Répondre