Si la centrale de Fessenheim était en Allemagne, elle serait déjà arrêtée

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Alors que la fermeture de Fessenheim a été repoussée en 2016 en dépit de sa vétusté, de ses défauts de sûreté et des coûts colossaux des travaux prévus, nos voisins allemands s’inquiètent à juste titre de la menace que constitue cette centrale à leur frontière. Une récente étude allemande porte un constat implacable : la sûreté de Fessenheim est très inférieure à celle des réacteurs allemands… et clairement déficiente.


 
Centrale nucléaire de Fessenheim. Photo de Florival fr – Wikipedia commons

 

Une étude liée à des craintes justifiées 

Mi-octobre 2012 est parue une étude encore très peu médiatisée sur la sûreté de la centrale de Fessenheim. Réalisée par l’Öko-Institut (institut de recherche indépendant en environnement) pour le compte du Ministère de l’Environnement du Land de Bade-Würtemberg, elle avait pour origine l’inquiétude des autorités allemandes face aux risques de cette centrale et le manque de confiance dans les « évaluations complémentaires de sûreté » réalisées par la France [1]. L’objectif était de comparer Fessenheim avec les critères et exigences de sûreté en vigueur dans les centrales allemandes, afin d’évaluer si cette centrale atteignait leur niveau. Cinq grands sujets étaient abordés : la sismicité, le risque d’inondation, la vulnérabilité des piscines de combustibles, l’alimentation électrique et les systèmes de refroidissement.

 

L’étude allemande confirme la sûreté défaillante de Fessenheim

Les conclusions de l’étude sont sans appel : sur chacun des cinq sujets concernés, la sûreté de Fessenheim est déficiente et inférieure à celle des centrales allemandes.

En Allemagne, les conclusions sont claires. Franz Untersteller, Ministre de l’Environnement, du Climat et de l’Énergie du Bade-Wurtemberg,  « peu surpris mais cependant alarmé », déclare ainsi dans un communiqué : « Notre crainte que Fessenheim […] ne remplisse pas les exigences de sécurité s’est confirmée ». Dans la plupart des domaines importants pour la sûreté, Fessenheim serait «  en-dessous de l’état de sûreté des installations allemandes – et même, en partie, de celles que nous avons fermées pour des raisons de sûreté après la catastrophe de Fukushima ». Franz Untersteller de poursuivre : « au vu de ces résultats, Fessenheim doit être fermée au plus vite. 2016, comme le prévoit le gouvernement français, c’est trop tard. » [2]

 

La France doit arrêter de mettre l’Europe en danger

Voilà qui en dit long sur le sérieux des normes de sûreté françaises et sur le manque de sérieux de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, qui a autorisé la poursuite de l’exploitation en dépit de problèmes non remédiables.

Fessenheim étant une centrale franco-allemande, de par sa situation géographique et la participation d’une société allemande à 17,5 % de son capital, il serait impératif de lui appliquer les normes de sûreté en vigueur outre-Rhin.

Dans tous les cas, au lieu de prétendre donner des leçons de sûreté à l’Europe, la France se devrait de fermer immédiatement Fessenheim. Verrue implantée en bordure du Grand Canal d’Alsace, aux portes de l’Allemagne, cette centrale est à l’aplomb de la plus grande nappe phréatique d’Europe. Le gouvernement français ne peut pas se permettre d’être responsable d’un éventuel accident qui affecterait toute une grande région européenne.

Nous vous invitons à lire sur notre site notre résumé de l’étude et des principaux défauts mis en évidence par l’étude de l’Öko-Institut : http://groupes.sortirdunucleaire.org/Novembre-2012-Resume-du-rapport-d

Pour revenir sur les conclusions de cette étude et rappeler la nécessité d’une fermeture immédiate de la centrale de Fessenheim, une conférence de presse aura lieu jeudi 22 novembre à Paris, à la Mairie du 2ème arrondissement, à partir de 10 h 30, en présence de personnalités françaises et allemandes.

 

Notes :

[1] La centrale de Beznau, en Suisse, a subi la même procédure.

[2] Extrait d'un communiqué officiel du Ministère de l'Environnement, du Climat et de l'Énergie du Bade-Wurtemberg (traduction par nos soins): http://www.um.baden-wuerttemberg.de/servlet/is/98922/

 

Source: Réseau "Sortir du nucléaire"

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