Manic 5: de la rocaille à la forêt

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Barrage Daniel-Johnson Image de -AX- (Flickr)

En 1973, Hydro-Québec faisait appel au professeur J. André Fortin, du Département des sciences du bois et de la forêt, pour trouver une façon efficace et peu coûteuse de restaurer le territoire situé au pied du barrage Daniel-Johnson. Cinq ans après l'inauguration de l'ouvrage, les alentours avaient encore des allures lunaires. Le site à reverdir n'avait rien d'un terreau fertile : il était exclusivement constitué de roches provenant des détritus du concasseur utilisé pour la fabrication du béton.

Plus tôt la même année, lors d'une visite du site de Bersimis sur la Côte-Nord, le professeur Fortin avait observé la présence de l’aulne crispé dans les sites qui avaient été perturbés lors des travaux de construction effectués dans les années 1950. Cette observation l'avait conduit à recommander la plantation de cet arbuste qui, en raison de ses nodules fixateurs d'azote, est une espèce pionnière dans la succession végétale. Hydro-Québec avait alors produit et planté plusieurs milliers d’aulnes sur le site de Manic 5. Les jeunes plants avaient été placés entre les pierres, sans ajout de fertilisant. 

Lors d'une visite effectuée l'été dernier, le professeur Fortin a pu apprécier le résultat de ses recommandations. Une forêt mature de peupliers, âgée de 25 à 30 ans, a succédé aux aulnes dont on observe encore les vestiges sous le couvert forestier. Des bouleaux à papier et de jeunes épinettes et sapins ont également pris racine sur le site.

«La leçon à tirer de cette expérience écologique grandeur nature, c’est que toute cette végétation s'est développée sans aucun apport de fertilisant, commente J. André Fortin. Les champignons ectomycorhiziens, omniprésents sur les arbres et arbustes de la forêt boréale, produisent des acides organiques ayant la capacité de dissoudre les pierres pour en extraire l’ensemble des minéraux essentiels à la croissance des arbres.»

 

Source: ULaval 

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