En matière de protection du milieu marin le Canada se positionne loin derrière les chefs de file

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Photo de Malene Thyssen – Wikipedia comons

 

Le Canada a fait de modestes progrès au cours des derniers 18 mois en matière de protection de nos eaux côtières, et les divers gouvernements, aux niveaux fédéral et autres, ont agi trop lentement pour relever le défi, lancé par la Société pour la nature et les parcs du Canada, de compléter le processus de protection pour 12 aires marines pour le mois de décembre 2012.

« Selon nos observations, les gouvernements ont accompli des progrès marquants sur quatre sites, des progrès modestes sur quatre autres sites, mais n’ont fait aucune avancée sur les quatre derniers sites, ce qui n’est pas si mal quand même. Cependant, d’autres pays, l’Australie particulièrement, ont pris les devants, loin devant nous, pour protéger leurs océans. Nous avons le défi de combler l’écart qui ne cesse de s’agrandir, » affirme Sabine Jessen, directrice du programme national des océans à la SNAP.

Le Canada a pris, il y a 20 ans, l’engagement international d’établir un réseau d’aires marines protégées en réponse aux menaces grandissantes que constituent la surpêche, le développement industriel, la pollution et les changements climatiques sur la vie dans les océans.

« Le Canada a fait de réels progrès dans l’élaboration d’une politique pour l’établissement d’un réseau d’aires marines protégées depuis 2011, mais l’incapacité de franchir rapidement les étapes en vue de protéger ces 12 sites, ou d’agir plus vite dans la mise en place de réseaux d’aires protégées est sérieusement inquiétant, » ajoute Mme Jessen.

« Sur les 12 sites que nous avons identifiés il y a 18 mois, de longues études ont été menées et le temps était opportun d’instaurer des mesures de protection et de marquer ainsi des points. Maintenant, avec les coupures appliquées aux budgets de Pêches et Océans Canada, Environnement Canada et Parcs Canada, nous doutons sérieusement de la capacité du gouvernement d’aller de l’avant dans la création et la gestion efficace d’aires marines protégées, » rajoute Mme Jessen.

« C’est comme si on nous coupait l’herbe sous le pied. La protection d’aires marines est un moyen assuré de maintenir de saines populations de poissons et d’autres espèces marines pour le futur. Financièrement, à long terme, négliger d’investir dans la protection de milieux marins n’apportera aucun profit, » dit Mme Jessen.

Les sites des 12 aires marines, décrits ci-dessous, pour lesquels la SNAP a recommandé des mesures de protection sont dispersés d’un bout à l’autre du pays :

  • Dans l’océan Pacifique, les récifs d’éponges siliceuses du détroit d’Hécate, les îles Scott, le secteur sud du détroit de Georgia et Big Eddy constituent d’importants habitats pour la faune marine incluant les macareux huppés ainsi que les épaulards et les sébastes, deux espèces en voie de disparition. 
  • Dans l’océan Atlantique, la SNAP a recommandé la protection des eaux au large des fjords de la côte sud et dans le chenal Laurentien à Terre-Neuve, du Banc de Sainte-Anne au large de la Nouvelle-Écosse, des parties de la baie de Fundy en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, du Banc des Américains en Gaspésie et des Îles de la Madeleine dans le golfe du Saint-Laurent. Ces aires marines offrent un habitat à une variété d’espèces en voie de disparition dont la tortue luth, la baleine noire de l’Atlantique Nord, le rorqual bleu et le béluga. Elles servent aussi de pouponnières à des espèces de poissons comme le hareng, le maquereau, la limande à queue jaune et la morue. 
  • Dans le nord, la SNAP réclame la protection des eaux du détroit de Lancaster dans l’océan Arctique pour l’habitat essentiel qu’il fournit aux narvals et aux baleines boréales et des eaux d’une aire biologiquement riche dans la Baie-James au large du Québec, appelée Tawich.

Dans son rapport, la SNAP crédite les gouvernements pour les progrès significatifs qu’ils ont accomplis dans la protection du Banc de Sainte-Anne au large de la Nouvelle-Écosse, des récifs d’éponges siliceuses du détroit d’Hécate, du secteur sud du détroit de Georgia et des îles Scott dans les eaux au large de la Colombie-Britannique. Elle décrie cependant l’absence totale de progrès réalisé pour protéger Big Eddy  en Colombie-Britannique, la baie de Fundy ou les eaux au large des fjords de la côte sud de Terre-Neuve.

La SNAP se soucie qu’aucun des 12 sites n’ait bénéficié de la protection légale finale. Aussi, les mesures de conservation proposées pour les 9 sites qui ont progreessé doivent être renforcées pour garantir leur santé à long terme.

La SNAP recommande que le Canada investisse 35 M$ par année pour achever la mise en place de mesures de protection pour ces 12 aires marines, et pour créer un réseau complet d’aires marines protégées selon la politique du cadre national d’établissement et de gestion des ZPM (zone de protection marine) adoptée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à la fin de 2011.

« Selon des études effectuées dans d’autres pays, les gains économiques obtenus en protégeant les sites de nos océans qui soutiennent la vie marine et créent des conditions favorisant la pêche durable et d’autres activités économiques locales, comme l’écotourisme, sont significatifs. On ne peut tout simplement pas se permettre, à l’échelle mondiale, de continuer de prendre du retard dans la protection des milieux marins, pour nous, pour nos enfants et pour ceux à venir, » termine Mme Jessen.

 

Source: SNAP

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