Investissement de la CDPQ dans l’éolien : un nouveau modèle de développement pour le Québec?

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Par Marie-Eve Cloutier


Mots-clés : Caisse de dépôt et placement du Québec, investissement parcs éoliens, énergies vertes, modèle de développement économique, AQLPA, Invenergy Wind LLC.

 

Photo de Hans Hillewaert – Wikipedia comons

L’annonce des 500 millions de dollars US investis par la Caisse de dépôt et placement (CDPQ) dans le secteur de l’éolien est une « très bonne nouvelle » selon André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQPLA). Peu importe que l’on soit en surplus énergétique, il est justement temps d’en profiter, affirme l’écologiste.  

La CDPQ a annoncé plus tôt cette semaine qu’elle injectait cette somme dans un portefeuille de parcs éoliens en exploitation d’environ 1 500 mégawatts (MW) situés aux États-Unis et au Canada, dont Invenergy Wind LLC est propriétaire et gestionnaire. 

Macky Tall, vice-président principal, Infrastructures, à la Caisse, a indiqué par voie de communiqué que « grâce à cet investissement, la Caisse devient un partenaire d’Invenergy, l’un des acteurs les plus importants du secteur de l’énergie éolienne en Amérique du Nord ».

 

Remplacer les énergies moins vertes

« L’AQLPA le dit depuis longtemps : il faut développer le secteur de l’éolien au Québec », a insisté André Bélisle lors d’une entrevue téléphonique avec GaïaPresse.

« S’il y a bien un endroit dans le monde où l’on peut développer ce secteur, c’est ici. Pour ceux qui disent que nous sommes en surplus d’énergie et bien il faut justement en profiter pour remplacer les énergies moins vertes par des énergies plus vertes. Il ne faut pas, au contraire, attendre d’être en déficit », a-t-il ajouté.

Des opposants soutiennent que l’éolien n’a pas d’avenir face au gaz de schiste, principalement aux États-Unis.  André Bélisle leur répond que le gaz de schiste revient actuellement moins cher du kilowatt-heure que l’éolien, parce qu’il ne tient pas compte des impacts environnementaux du développement de cet hydrocarbure.

 

Pratiquement aucun risque

Normand Mousseau, professeur au département de physique à l’Université de Montréal et auteur du livre La révolution des gaz de schiste, tient à rappeler que l’argent investi servira au financement de projets déjà mis en place.

« Les contrats sont déjà signés, donc la Caisse ne prend pas de risque. Il s'agit d'une bonne stratégie de diversification de leurs investissements », a-t-il fait valoir.

« Cela représente beaucoup d'argent, mais on ne construit pas de nouvelles éoliennes. Cela ne veut donc rien dire pour le développement de l'éolien au Québec », analyse Normand Mousseau.

 

Cohérence politique

Contrairement à ce que pense Normand Mousseau, Jean-Louis Chaumel, expert en énergies renouvelables, croit plutôt que l’investissement annoncé de 500 millions de dollars US fera en sorte que le secteur de l’éolien « ne mourra pas au Québec ».

« Ce geste de la CDPQ est cohérent avec ce qui a été annoncé lors du virage politique observé il y a quelques mois. L’éolien pourra profiter d’une nouvelle base et pourra se faire d’une nouvelle façon », selon le chercheur au laboratoire de recherche en énergie éolienne de l’UQAR.

Pour ce qui est du fait qu’une partie des parcs éoliens soit située aux États-Unis, Jean-Louis Chaumel n’y voit pas une fuite de capitaux : « Il ne faut pas juger trop vite. Les pions ne font que s’aligner.  Le virage en matière de gestion et de développement de nos projets énergétiques ne fait que s’amorcer. »

 

Source: GaïaPresse

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