Les écosystèmes marins au Québec et au Canada sont toujours insuffisamment protégés

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Photo de Malene Thyssen – Wikipedia commons

Un nouveau rapport de la SNAP (Société pour la nature et les parcs du Canada) conclut que les progrès gouvernementaux en faveur de la conservation des écosystèmes marins au cours des 18 derniers mois sont très limités. En juin 2011 la SNAP avait invité le gouvernement du Canada à travailler avec les gouvernements autochtones et provinciaux pour protéger, d’ici la fin de 2012, douze sites marins exceptionnels. Ce défi, outre de protéger un patrimoine maritime inestimable et menacé, devait permettre de mesurer la capacité des gouvernements à créer le véritable réseau d’aires marines protégées (AMP) qu’ils se sont engagés à mettre en œuvre.

 

Des progrès tangibles sur un tiers des douze sites concernés par l’analyse de la SNAP mais des progrès globalement décevants et quasi nuls dans le golfe du Saint-Laurent 

Sur les douze sites de la campagne D’un océan à l’autre, les principales avancées concernent trois sites situés dans les eaux de la Colombie Britannique (Détroit d’Hécate, les îles Scott et le secteur sud du détroit de Georgia) et un site situé au large de la Nouvelle-Écosse (Banc de Sainte-Anne). Ces progrès ne doivent pas occulter qu’aucun de ces douze sites n’a été protégé au cours des derniers 18 mois ni que quatre sites, dont le projet Cri de Tawich au Québec, n’ont absolument pas progressé. « Les progrès en matière de conservation marine au Québec sont d’autant plus décevants que sur la même période, l’Australie a protégé près de 40 % de son territoire marin » rappelle Jérôme Spaggiari, coordonnateur en conservation à la SNAP Québec.

Ce rapport concerne deux autres sites situés au Québec à savoir le plateau des îles de la Madeleine et les eaux baignant l’extrémité est de la péninsule gaspésienne, ou banc des Américains selon Pêches et Océans Canada. Si le projet des îles se poursuit, dans le cadre d’une collaboration intéressante entre Ottawa et Québec, il convient de rappeler qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une étude évaluant la possibilité de créer une AMP. Le projet gaspésien n’a, quant à lui, donné aucun signe de vie depuis son lancement officiel début 2012. « Depuis 15 ans, le golfe du Saint-Laurent, un écosystème unique au monde et fortement menacé – notamment par les projets d’exploitation pétrolière – n’a connu aucune création d’aires marines protégées » regrette Jérôme Spaggiari.

 

Pour garder des océans en bonne santé, les gouvernements devront adopter une approche en réseau et investir davantage de moyens dans la conservation marine

Sans évolution importante des politiques publiques relatives à la conservation marine, il sera probablement impossible pour le Canada et le Québec d’honorer leurs engagements de protéger 10% de leurs territoires marins respectivement d’ici 2020 et 2015. La SNAP recommande que le futur réseau d’AMP soit conçu globalement – à partir des meilleures données scientifiques et en étroite concertation avec les communautés concernées – puis désigné d’un seul coup. La SNAP estime qu’un investissement annuel de 35 millions de dollars sera nécessaire afin de remédier aux impacts négatifs des récentes coupures budgétaires au sein de Pêches et Océans Canada, Environnement Canada et Parcs Canada. Cet investissement permettrait aussi de compléter la mise en œuvre d’un réseau efficace et représentatif de la biodiversité marine. « Investir dans la mise en œuvre d’un véritable réseau d’aires marines protégées est aussi économiquement rentable dans la mesure où cela contribue au développement durable des régions concernées », conclut Jérôme Spaggiari. 

 

Cliquez ici pour lire le rapport final de la campagne D'un océan à l'autre.

 

Source: SNAP Québec

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