OGM et pesticides : la polémique entourant Séralini

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Par Marie-Eve Cloutier


Photo de ~ Pil ~ – Flickr

Mots-clés : Gilles-Éric Séralini, pesticides, OGM, agriculture, Monsanto, Round Up

 

L’équipe de recherche de Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen et président du conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique), a créé une onde de choc l’automne dernier lors de la publication d’une étude qui démontrerait les effets toxiques d’un OGM alimentaire majeur et le pesticide le plus utilisé dans le monde, soit le Round Up de la société Monsanto. Le chercheur français était de passage à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM cette semaine pour parler de la polémique que son étude a suscitée sur le sujet en plus de faire la promotion de son livre Tous cobayes !

 

La plus longue étude toxicologique

« Le Round Up est le pesticide le plus répandu dans le monde », a rappelé Gilles-Éric Séralini d’entrée de jeu. « Les évaluations toxicologiques de ces produits se font sur une période de trois mois seulement et les pesticides sont souvent évalués uniquement sur le principe actif et non sur les formules commerciales. Parfois, les adjuvants inertes peuvent être plus toxiques que le principe actif lui-même », a-t-il fait valoir.

De plus, il est impossible d’avoir accès aux résultats des tests effectués par les agences responsables d’évaluer la toxicité des pesticides sous prétexte qu’il s’agit d’information confidentielle d’entreprise. « Ce n’est pas normal de ne pas avoir accès à ces données. Comment peut-on prendre les scientifiques des agences au sérieux dans de telles conditions ? », a défendu le professeur Séralini.

L’équipe de recherche a donc mené la plus longue étude jamais faite dans ce domaine (24 mois versus 3 mois par l’industrie) et a également été la première à tester le pesticide dans sa formulation commerciale sur un plus grand effectif de rats (200 rongeurs versus une dizaine), en plus de tester le maïs OGM utilisé avec le Round Up.

 

Conclusion controversée

Au bout des deux ans qu’aura duré l’étude, de 2008 à 2011, l’équipe de Séralini est arrivée à la conclusion que le Round Up est dangereux pour la santé, et ce même à de très faibles doses. Après publication dans la revue Food and Chemical Toxicology, un journal scientifique à comité de lecture, l’étude a été rapidement qualifiée de « faible » en mettant en doute la puissance statistique de l’étude.

« [L]’étude a fait l’objet d’attaques violentes, émanant essentiellement, comme par hasard, de ceux qui sont à l’origine de l’autorisation de ce maïs […], et ce avant même qu’ils aient pu la lire en détail et s’en imprégner », peut-on lire dans une lettre écrite par Christian Vélot, généticien moléculaire à l’Université Paris-Sud 11 et membre du Conseil scientifique du CRIIGEN.

Pour Dominique Belpomme, professeur de cancérologie honoraire de l’Université Paris-Descartes, si la valeur scientifique de l’étude de Séralini doit être remise en question, c’est plutôt au sein de la communauté de chercheurs spécialisés que ce débat devrait avoir lieu et non sur la place publique, comme ce fut le cas jusqu’à présent. 

 

Source: GaïaPresse

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