Chute-Saint-Philippe : une coupe à blanc évitée de justesse

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Par Denyse Perreault 


Mots-clés : Chute-Saint-Philippe, ministère des Ressources naturelles, aire protégée.

 

Carte transmise à la municipalité par la Louisiana-Pacific, le 11 février dernier, retouchée par André Chevalier

Des citoyens ont déposé une pétition de 350 noms aux élus municipaux de Chute-Saint-Philippe, située dans les Hautes-Laurentides, lors de l’assemblée du 12 mars 2013 pour demander la création d’une aire protégée sur leur territoire, dont la gestion intégrale serait assurée par cette municipalité.

Ils réclament sa protection contre la coupe à blanc autorisée par le ministère des Ressources naturelles à la compagnie Louisiana Pacific qui en a obtenu les droits d’exploitation.

 

Une réalité explosive

Prenez un village des Hautes-Laurentides de 950 habitants, possédant un collier de montagnes serti de quelques beaux lacs. Ajoutez deux belvédères synonymes  de panoramas et une zone de Sentiers Nature où il se pratique ski de fond, raquette et randonnée pédestre. Le tout aménagé au fil des ans par des bénévoles et offrant de magnifiques points de vue. Intégrez la proximité d’un ravage de cerfs de Virginie qui favorise l’hivernage du pygargue à tête blanche.

Puis, mentionnez les mots « coupe à blanc. » Vous obtiendrez une levée de boucliers de la part de résidants permanents, de villégiateurs et d’usagers d’une superficie de terres publiques de moins de 20 km2, qui couvre une  infime fraction des 10 000 km2 de forêts exploitables des Hautes-Laurentides.

 

Une autorisation du MRN

La vigilance d’André Chevalier, vice-président de l’Association des citoyens de cette municipalité, a contribué à retarder la coupe

Photo de Jean-Marc Chevalier – Tous droits résérvés

à blanc qui devait avoir lieu du 18 février au 8 mars dernier. La compagnie Louisiana Pacific en avait eu l’autorisation par le ministère des Ressources naturelles (MRN). Elle contreviendrait selon lui à quatre points de la Loi sur la forêt, dont ceux concernant les risques d’érosion et de transport de sédiments vers un lac.

Daniel Leblanc, l’ingénieur forestier du MRN qui l’a recommandée, explique que le projet est actuellement à cheval entre deux régimes forestiers. « Le MRN songe à prendre la planification des travaux en charge en lieu et place des industriels, mais on ne sait pas encore comment cela va se traduire dans les faits, résume-t-il. Reste que, selon nos critères, le ravage de cerfs se trouve un peu à l’écart du territoire concerné et qu’on a tenu compte de sa proximité pour minimiser l’impact de l’intervention sur le cheptel. De plus, le bois sera perdu si on ne prélève pas à temps la matière ligneuse de cette forêt de peupliers matures. Protégés ou pas, ces arbres pionniers vont se casser et tomber tôt ou tard, en laissant un paysage dégarni. »

 

André Chevalier fait remarquer, large documentation à l’appui, que les peupliers ont colonisé le secteur après un incendie survenu il y a une soixantaine d’années. « Sur ce flanc de montagne qui surplombe le lac Mantha, la couche d’humus est trop mince pour favoriser la croissance d’arbres de deuxième génération comme l’érable, explique-t-il. La décomposition des peupliers permettrait de l’épaissir. Mais, si on prélève tout le bois, le ruissellement des eaux entraînera plutôt l’humus vers le lac. »

 

Créer une aire protégée

Le maire Normand Saint-Amour et le conseil municipal favorisent aussi la création d’une aire protégée pour le secteur appelé Sentiers Nature. « Reste à savoir de quel type, souligne le maire. Nous allons nous renseigner et rencontrer le MRN, la Louisiana Pacific et nos citoyens pour évaluer toutes les options. Si coupe il doit y avoir, il importe que cela se fasse de la manière la plus harmonieuse possible. »

Le dossier est donc à suivre : les citoyens de Chute-Saint-Philippe n’ont pas envie de se faire passer un sapin. Ni un peuplier. Fût-il mature et prêt à tomber.

 

Source: GaïaPresse

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