Commercialisation des OGM : les consommateurs interpelés

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Par Vanessa Cournoyer-Cyr


Mots-clés : organismes génétiquement modifiés (OGM), AmiEs de la Terre de l’Estrie, Forum sur les dérives agroalimentaires des OGM

 

Photo de Vanessa Cournoyer-Cyr – Tous droits résérvés

Il ne sera pas possible de stopper la commercialisation des OGM en agriculture si les consommateurs ne changent pas leurs demandes d’un produit parfait.

D’autant plus, selon Michel Bégin, virologue spécialisé en génétique virale, que la commercialisation des OGM est prématurée. «Le rapport risques/bénéfices est défavorable. Les promoteurs sont les seuls à en tirer des bénéfices», a-t-il affirmé dans le cadre d’un Forum sur les dérives agroalimentaires des OGM, organisé par lesAmiEs de la Terre de l’Estrie.

Selon l’expert, les OGM sont loin d’avoir les qualités vantées par leurs promoteurs. «En plus de contribuer à la perte de propriété des semences, les OGM entraînent une contamination des sols, ce qui menace l’agriculture biologique à long terme. Les OGM favorisent ainsi le développement d’une relation de dépendance face aux compagnies productrices de semences transgéniques», a-t-il renchéri.

 

Un dilemme pour les agriculteurs

Le milieu agroalimentaire a subi une véritable métamorphose depuis 1996 avec l’apparition des organismes génétiquement modifiés (OGM). Entre 1996 et 2012, la superficie des terres utilisées pour les semences transgéniques a été multipliée par 10. Les producteurs agricoles présents lors de l’activité se sont dit préoccupé de la présence accrue des OGM sur leur façon de cultiver la terre.

«Le souci premier d’un agriculteur, c’est de nourrir sa famille et la population», a rappelé Réal Gauthier, producteur laitier. «Aujourd’hui, on doit faire la demande pour avoir des semences non-traitées. On travaille à l’envers!», s’est indigné François Bourassa, président de l’Union des producteurs agricoles de l’Estrie.

 

Le consommateur incohérent

Les exigences des consommateurs pour des aliments parfaits ont été invoquées pour expliquer la présence croissante des OGM au Québec. François Bourrassa n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a parlé du rôle qu’ils jouent. «Les consommateurs manquent de cohérence quand il est question d’alimentation. D’un côté, ils s’inquiètent des répercussions des OGM. D’un autre, ils exigent la perfection.»

Réal Gauthier abondait dans le même sens. «Les producteurs agricoles font face à un dilemme. Ils ont l’obligation de produire des produits parfaits pour assurer la mise en marché de leurs produits.», a-t-il ajouté. Selon eux, il est impératif que les consommateurs se conscientisent pour exercer une pression sur les marchés d’alimentation.

André Nault, président des AmiEs de la Terre de l’Estrie croit, quant à lui, que la solution passe par des initiatives d’achat local, comme le Marché de solidarité régionale de Sherbrooke mis sur pied en 2005. «L’achat local permet aux consommateurs de bien connaître les producteurs et de les questionner sur leurs pratiques.», a-t-il clamé.

 

Exiger l’étiquetage

Au terme d’échanges et de discussions approfondis, les 150 intervenants ont esquissé des pistes de solution aux problèmes des OGM. Plusieurs ont insisté sur l’urgence d’adopter une politique d’étiquetage obligatoire au Québec. «La gestion des OGM est impossible au niveau gouvernemental, car il n’y a aucune traçabilité», a déploré Michel Bégin.

Rappelons que les OGM ne sont pas clairement identifiés au Québec étant donné l’absence d’une politique d’étiquetage obligatoire.

D’autres ont rappelé l’importance de recourir au principe de précaution pour gérer les OGM qui percent le marché. «Contrairement à l’Europe, l’Amérique du Nord a recours au principe d’équivalence substantielle pour évaluer le risque que présentent les OGM. Les OGM sont alors considérés comme une variété différente plutôt que comme une nouvelle filière alimentaire.», a dénoncé Laurier Busque, des AmiEs de la Terre de l’Estrie.

Le principe de précaution permettrait de ralentir la commercialisation des OGM jusqu’à ce que des études indépendantes concluent à l’absence de risques. 

 

Source: GaïaPresse

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