Des dizaines de villes de la Nouvelle-Angleterre rejettent l’expansion de l’exploitation des sables bitumineux

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Photo de Daniel Tzvi – Wikipedia commons

28 nouvelles villes de la Nouvelle-Angleterre ont joint leurs voix cette semaine au concert des protestations s'élevant au niveau national et international et s’opposant à l’expansion de l’exploitation des sables bitumineux en adoptant des résolutions se rapportant à « Non aux sables bitumineux » au cours des deux derniers jours. Cette récente série de résolutions locales porte le nombre total d’oppositions aux sables bitumineux à 33 dans la région, et à 49 si on inclut les résolutions du Québec. Les résolutions américaines font mention d’inquiétudes des États relativement aux risques environnementaux et à la santé publique que posent les sables bitumineux ou s'opposent explicitement à leur acheminement par l’oléoduc Portland-Montréal d’ExxonMobil.

Les sables bitumineux constituent une forme particulièrement sale de pétrole qui fait appel à un procédé de transformation exigeant une utilisation intensive de carbone pour en faire un pétrole utilisable. Le Département d'État a récemment rapporté que les sables bitumineux de l’oléoduc Keystone XL dégageront jusqu’à 19 % de plus de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel. Les déversements de ces sables présentent un risque particulièrement élevé car ils sont difficiles à éliminer puisque les caractéristiques propres à ce pétrole font en sorte qu’il coule à pic dans l’eau.

« Hier, les résidents de petites et grandes villes du Vermont ont envoyé un clair message à l’effet qu’ils sont unis dans leur opposition à l’oléoduc de sables bitumineux, a déclaré Max Tracy, conseiller de la ville de Burlington, district 2. Je crois que les gens de tout l’État comprennent bien que les risques associés à cet oléoduc sont beaucoup trop grands et que nous devons diminuer de beaucoup notre dépendance sut les combustibles fossiles et non accroître cette dépendance ».

« Le passage de cette résolution au niveau local envoie un message à Montpelier : l’opposition aux sables bitumineux est à la grandeur du Vermont, a fait savoir Phil Pouech, membre du Select Board de Hinesburg du Vermont. Il envoie de plus un message au gouvernement canadien à l'effet que Hinesburg s’inquiète de l’impact des sables bitumineux sur les changements climatiques ».

Au lendemain du rassemblement Forward on Climate qui avait lieu dans le District de Columbia et qui regroupait 40 000 participants, ces 49 résolutions municipales démontrent bien l’opposition croissante au développement et au transport du pétrole toxique des sables bitumineux au moyen du Keystone XL ou autres oléoducs semblables proposés.

Dans le cadre du scénario envisagé actuellement par, celle-là même qui est à l’origine d’un désastreux déversement de sables bitumineux à Kalamazoo en 2010, de concert avec les compagnies impliquées dans l’oléoduc Portland-Montréal d’Exxon Mobil, on verrait le débit d’un oléoduc existant inversé dans le but d’acheminer les sables bitumineux vers la région.

« La ville de Portland étudie sérieusement une résolution d’opposition aux sables bitumineux, a déclaré le Conseiller Dave Marshall, président du Comité du transport, de la durabilité et de l’énergie. Les oléoducs qui transportent les sables bitumineux présentent un risque plus grand, ce rend effrayante la perspective de l’utilisation d’un ancien oléoduc pour le transport de sables bitumineux à travers le Maine. L’inquiétude est d’autant plus grande que l’oléoduc traverse  les bassins versants de Sebago Lake, qui constitue peut-être l’approvisionnement en eau la plus pure au monde. De plus, l’oléoduc se termine à South Portland à la confluence du delta de la Fore River avec Casco Bay, un habitat marin riche, au cœur même de notre industrie du tourisme. Portland a tout à perdre et rien à gagner du transport des sables bitumineux à travers notre région et l’État du Maine ».

La semaine dernière seulement, dix-huit membres de la Chambre et du Sénat, dont Chellie Pingree, faisaient parvenir à John Kerry, secrétaire d’État, une lettre demandant qu’un permis soit exigé et qu’il y ait une étude de l’impact environnemental de toute tentative d’inversion du débit de l’oléoduc Portland-Montréal d’Exxon Mobil pour le transport des sables bitumineux du Canada vers le Maine .

« J’ai été réjouie de voir d’aussi nombreux résidents de Waterford venir aux présentations communautaires au cours des derniers mois afin d’en connaître davantage sur les sables bitumineux et sur leur incidence sur la ville, a dit Paula Easton, résidente de Waterford. Il y a beaucoup de désinformation qui circule. La compagnie, propriétaire de l’oléoduc, et ses alliés de l’industrie pétrolière sont venus en nombre dans notre ville pour s’opposer à la résolution ». Waterford dans le Maine a adopté une résolution suite à un vote lors d’une réunion de la ville le 2 mars dernier.

Depuis l’adoption de la résolution de Burlington au Vermont, la première résolution de « Non aux sables bitumineux » de la Nouvelle-Angleterre en décembre dernier, les pétrolières et les compagnies d’oléoduc canadiennes, et même le ministre de l’Environnement de l’Alberta, ont porté un vif intérêt à la région et au mouvement « Non aux sables bitumineux ». Malgré une claire opposition, la région demeure un élément vital des plans d’expansion de l’industrie des sables bitumineux.

Certaines des résolutions de « Non aux sables bitumineux », ratifiées par de nombreuses municipalités, suggèrent également que les villes voudront éviter tous les sables bitumineux acheminés par l’oléoduc Keystone XL. Le Maine, le Vermont et le New Hampshire dépendent en grande partie d’un environnement propre à des fins de loisirs, de tourisme et pour leur économie en général. La région a aussi été à l’avant-garde de nombreux mouvements politiques qui ont par la suite pris de l’essor dans d’autres parties du pays.

Au Québec, depuis 2009, des autorités locales ont passé des résolutions enjoignant le gouvernement provincial d’entreprendre des études détaillées et complètes sur les impacts humains et environnementaux avant de permettre le transport de sables bitumineux par l’oléoduc Portland-Montréal. À ce jour, 12 villes et les autorités de 4 Municipalités régional de comté ont adopté de telles résolutions.

 

Source: Équiterre

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